Conflit commercial Canada-USA – Pas d’alternative facile pour le bois du Québec

Nous avons joint M. Gustavsson, directeur, bois résineux et bois à valeur ajoutée, au Bureau de promotion des produits du bois du Québec (QWEB), juste avant son départ pour la Chine. Durant une semaine au début de mai, il participait à une mission commerciale dans quatre grandes villes (Quingdao, Shanghai, Beijing et Tianjin). Le QWEB a déjà un bureau de ventes à Shanghai et le travail préparatoire a commencé il y a déjà un an, précise-t-il.

Il reconnait que pour l’instant, les scieries de la Colombie-Britannique profitent davantage de la demande croissante du marché chinois. « Cette province est certainement plus proche et d’une certaine façon, c’est plus facile. Mais il reste que la Chine est désormais le plus gros importateur de bois d’œuvre, après nos voisins américains. Pour n’importe quel producteur, même pour ceux du Québec, c’est un marché qui a du potentiel», note M. Gustavsson.

Le QWEB fait à la fois la promotion des produits plus classiques utilisés dans la construction, mais aussi des systèmes de construction basés sur le bois d’ingénierie. « Depuis les quatre ou cinq dernières années, nous avons été beaucoup plus actifs du côté des systèmes de construction, avec un certain succès en Chine. Là, la situation avec les États-Unis nous incite à faire aussi la promotion du bois d’œuvre comme tel», ajoute Sven Gustavsson.

Le bois débité en planches ne sert pas nécessairement pour la construction domiciliaire, poursuit-il. Il est alors requis pour de nombreuses utilisations industrielles en Chine : emballage, coffrage de béton, la structure des meubles et des lits, etc. Dans le cadre de la mission réalisée en mai, ce sont ces trois segments de marché qui étaient visés.

Des leçons des conflits précédents

Selon Sven Gustavsson, les producteurs peuvent faire davantage pour promouvoir l’utilisation du bois au Canada.

 

Existe-t-il d’autres marchés d’exportation où les producteurs québécois et canadiens ont déjà été présents et qui sont encore accessibles ? Au Japon, le bois canadien était devenu populaire dans la foulée du tremblement de terre survenu en janvier 1995 à Kobe. Les producteurs canadiens avaient pu montrer que la maison à ossature de bois résistait bien aux séismes. Mais le Québec n’a jamais livré de très grands volumes là-bas, indique M. Gustavsson.

Grâce aux provinces de l’Ouest, le Canada a livré de très grands volumes de bois après le séisme de Kobé (voir encadré). Le Japon est toujours le troisième plus important client pour les producteurs de bois d’œuvre.

Le Canada a déjà livré des volumes plus substantiels en Europe, notamment au Royaume-Uni, et au Moyen-Orient, précise-t-il. En Europe, le contexte a beaucoup changé et ce continent est devenu un exportateur net  de bois d’œuvre. Le meilleur exemple est la Grande-Bretagne qui, historiquement, importait tout le bois requis pour la construction.

« Ils ont maintenant une industrie locale assez importante, surtout installée en Écosse. Au
Québec, on transforme bon an, mal an, environ 10 millions de mètres cubes de bois résineux. La Grande-Bretagne produit désormais près de 4 millions m3, soit 40
 % de notre production au Québec », dit-il.

Il existe deux classes de qualité pour le bois de construction en Europe, le C16 et le C24. Tous les besoins de l’archipel en C16 pour l’utilisation dans la structure des bâtiments sont désormais fournis par les producteurs locaux, essentiellement en Écosse. Ce marché a longtemps été desservi par le Canada. Des exemples similaires existent pour d’autres pays européens où le bois canadien trouvait preneur.

Au Moyen-Orient, le bois franc trouvait preneur comme produit de luxe. Dans cette région, les procédés de construction privilégient l’usage du béton, et le bois d’œuvre sert surtout pour le coffrage. De petits volumes de bois résineux servent aussi pour la fabrication de portes et fenêtres.

Selon Sven Gustavsson, les marchés outre-mer pourraient représenter au maximum 5 % des exportations de la province. Il y a encore de la place pour l’amélioration, compte tenu des très faibles volumes actuellement expédiés par bateau. « Mais il ne faut rien négliger et nous devons faire tous les efforts, sur tous les fronts. Les marchés outre-mer, c’est une partie de la solution, mais ce n’est pas LA solution», dit-il.

« Il faut continuer à développer des produits à valeur ajoutée qui pourraient être exemptés de ces taxes. On peut aussi mettre l’accent sur le marché canadien et augmenter l’utilisation du bois chez nous. Et on doit saisir les opportunités qui existent ailleurs dans le monde», insiste Sven Gustavsson.

Un des marchés accessibles et dont on parle peu est le Mexique, de même que ses pays voisins de l’Amérique centrale. On observe une tendance à la hausse des exportations du bois québécois et canadien. « Il ne faut pas oublier ce potentiel. On a de bonnes relations d’affaires avec des importateurs mexicains. Je pense qu’il y a un intérêt au Mexique d’importer davantage du Canada, et de faire plus d’affaires avec nous. Et nous allons y poursuivre nos efforts », souligne-t-il.

Au lieu d’utiliser le transport maritime, les producteurs canadiens peuvent utiliser le réseau ferroviaire nord-américain. Le transporteur Canadien National a des partenaires aux États-Unis qui peuvent traverser la frontière vers le Mexique. La logistique du réseau de transport réduit les délais inhérents à la livraison par bateau.

Il faut cependant faire des efforts supplémentaires pour vendre ailleurs qu’aux États-Unis, reconnaît Sven Gustavsson. « Si vous voulez exporter en mettant le bois dans un conteneur, la grosseur des paquets de bois doit être ajustée, comparativement à ce qu’on fait en temps normal en livrant par camion. Le système d’emballage des paquets doit être adapté. Les paquets doivent être plus étroits et plus hauts afin d’optimiser l’utilisation du volume offert par le conteneur, comparativement à une boîte de camion», explique-t-il.

Par Alain Castonguay

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