Robotisation et automatisation, un passage obligé pour les entreprises?

Si le secteur manufacturier désire continuer à démarquer en créant des emplois à haute valeur ajoutée, nos entreprises devront passer par la robotisation, croit le président-directeur général du Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ), Denis Hardy.

En entrevue à MCI Magazine, M. Hardy soutient qu’il s’agit néanmoins d’un phénomène relativement nouveau, mais que le Québec possède tout le potentiel pour réussir et pour y trouver sa place. Au-delà des facteurs économiques conjoncturels, il assiste actuellement à l’arrivée sur le marché d’une nouvelle génération d’entrepreneurs formés différemment et qui montrent une sensibilité plus développée pour les nouvelles technologies.

« Avec le vieillissement de la population et avec la compétition provenant de plus en plus de l’étranger, la robotisation et l’automatisation industrielle constituent la solution pour les entreprises pour faire face au déclin remarqué du secteur manufacturier, particulièrement dans un contexte de main-d’œuvre spécialisée limitée, mentionne Denis Hardy. C’est donc un nouveau phénomène qui ne se voyait pas sur le marché il y a une dizaine d’années. »

Réduire les coûts

Selon lui, tous les secteurs d’activités sont ouverts à l’automatisation, notamment dans le secteur agroalimentaire, car l’industrie se préoccupe de la question de la main-d’œuvre et de la concurrence. Devant cet état de fait, elle se rend compte qu’elle doit inévitablement améliorer sa compétitivité et doit adhérer à la robotisation industrielle pour y arriver.

« C’est également un atout pour les emplois davantage répétitifs, car il existe beaucoup de problèmes liés à la santé et la sécurité, surtout dans le secteur agroalimentaire, puisque les conditions de travail ne sont pas toujours faciles, ajoute Denis Hardy. Cette technologie permet également de réduire les coûts, en termes de CSST, par exemple, de recruter et de retenir la main-d’œuvre. Les entreprises qui se concurrencent les unes envers les autres, à l’échelle mondiale ou chez nous, doivent être en mesure d’agir pour se démarquer. »

Cette pensée vient rejoindre la pensée celle de Sylvain Rodier, qui est vice-président chez AV&R, une société d’ingénierie spécialisée en automatisation, qui concentre ses activités dans les secteurs de l’aérospatial, de l’industrie manufacturière ainsi que des équipements de moulage sous-pression. Selon lui, le Québec aurait tout intérêt à développer davantage la culture d’automatisation.

« Il existe des entreprises qui ont atteint une maturité au chapitre de l’automatisation et de la robotisation industrielle, fait remarquer M. Rodier. Toutefois, là où il existe beaucoup de travail à faire, c’est surtout dans les entreprises où la robotisation n’est pas ou très peu présente. Contrairement à la croyance populaire, elle n’entraîne pas trop de coûts. En fait, je vois plutôt cela comme un investissement qu’un coût parce que l’entreprise finira, au final, par en tirer des économies à plus ou moins moyen terme. »

Le REAI

Depuis plus de 15 ans, AV&R s’est spécialisée dans la conception et la mise en œuvre de différents projets au sein de plusieurs entreprises œuvrant dans divers secteurs industriels et manufacturiers.

Cela fait donc dire à Sylvain Rodier que les gouvernements ont un rôle à jouer dans le processus, mais ils ne sont pas les seuls. Selon lui, les entreprises peuvent s’entraider en utilisant les cas à succès déjà existant pour mousser la robotisation.

Crédit photo : AV&R. Sylvain Rodier, Vice-président chez AV&R
Crédit photo : AV&R.
Sylvain Rodier, Vice-président chez AV&R

C’est sur cette ligne de pensée qu’a été mis en place le Regroupement des équipementiers en automatisation industrielle (REAI). Concrètement, il s’agit d’une alliance de fabricants québécois d’équipements industriels offrant des solutions d’automatisation et permettant, aussi, d’accroître la productivité.

« Le REAI veille entre autres au rayonnement de ses membres, dont AV&R, auprès des entreprises manufacturières en faisant efficacement la promotion de l’automatisation de la production et en les représentant auprès des différents gouvernements et des décideurs économiques, » indique M. Rodier.

Denis Hardy explique pour sa part qu’il n’est pas rare que les entreprises veuillent aller à l’étranger pour acquérir des équipements, alors que le Québec possède pourtant un bassin d’entreprises capables d’en développer. Le CRIQ est d’ailleurs à pied d’œuvre en ce sens avec le REAI.

« Nous travaillons de pair pour trouver des solutions pratico-pratiques, car nous croyons que la robotisation générera des économies et un rendement sur l’investissement intéressant dans le temps, précise cependant M. Hardy. Le problème des PME, c’est très souvent une question de marge brute d’autofinancement (cash flow). Il faut être capable de démontrer à ces entreprises qu’il existe un avantage concurrentiel monétaire et financier à investir. »

Une plus grande ouverture

Tout comme Sylvain Rodier, Denis Hardy croit que les gouvernements ne sont les seuls à devoir agir. Les institutions financières peuvent aussi être utiles, parce qu’elles ont, entre autres, des programmes flexibles permettant l’achat ou l’acquisition d’équipements spécialisés et assurant la croissance d’une entreprise afin qu’elle maintienne sa position concurrentielle sur le marché.

« Nous sentons une ouverture de plus en plus grande, ajoute le pdg du Centre de recherche industrielle du Québec. Nous avons déjà fait quelques tests, par le passé, et dans certaines entreprises qui avaient des difficultés financières, nous nous sommes aperçus qu’il y avait souvent une mauvaise planification de la production ou de mauvais équipements, en plus d’un problème de cash flow. Cela me fait dire que le financier et le technique devraient être plus proches de l’un et l’autre. Du coup, cela nous permettrait de mieux voir si les chaînes de production ont été maximisées afin de générer des économies. »

Seul l’avenir répondra sur l’impact de la robotisation et l’automatisation industrielle dans les entreprises. Il existe néanmoins plusieurs études qui abordent cette question, dont une, publiée par des chercheurs d’Oxford, en 2014.

Intitulée The future of employment : how susceptible are jobs to computerisation, l’étude avance entre autres que 47 % des emplois aux États-Unis pourraient être remplacés par un ordinateur ou un robot d’ici une ou deux décennies.

À suivre …

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