On en parle depuis des mois. Avec l’économie qui a repris un bel essor, le taux de chômage a atteint un creux inégalé au Québec depuis 1976, à 5,8 % en juillet dernier, pour remonter légèrement en août à 6,1 %. Dans la région de Québec, le chiffre est encore plus spectaculaire, avec un taux de chômage de 4 % en juillet. Derrière ces chiffres qui, en un sens, sont positifs, il y a une réalité qui l’est beaucoup moins. Les entreprises sont à court de main-d’œuvre.
La restauration est la première frappée. On a tous entendu parler de ces restaurants qui doivent réduire leurs heures d’ouverture, faute de personnel. Moins alarmante mais tout aussi problématique, la difficulté de recruter du personnel dans le milieu industriel est de plus en plus prononcée. Et c’est vrai dans pratiquement tous les segments de l’industrie, de la production à la fourniture de biens et services, en passant par la logistique et le transport.
Partout où je vais, dans toutes les conférences, séminaires, salons industriels, les mêmes discussions de corridor : on manque de main-d’œuvre. Et à très court terme, la situation risque de s’aggraver. Le Comité sectoriel de la main-d’œuvre dans la fabrication métallique industriel, ou PERFORM, dévoilait récemment les résultats de l’enquête sur le recrutement et les besoins de formations menée au printemps dernier auprès de 1128 entreprises. Le sondage établit qu’au cours des 12 prochains mois, les entreprises prévoient embaucher environ 1800 soudeurs et assembleurs-soudeurs, plus de 800 machinistes, 300 peintres et une centaine d’opérateurs de presse-plieuse. Tout ça, alors qu’on peine à combler les postes actuellement vacants.
Mais des pistes de solutions se pointent. Parmi celles-ci, la robotisation. Avec un coût d’achat et d’intégration à la baisse, la robotisation de certaines opérations industrielles semble prendre de l’ampleur. Et bien loin de provoquer des pertes d’emplois, les nouvelles technologies de production viennent plutôt améliorer les performances et la productivité des entreprises, ce qui se traduit en retour par la création de nouveaux emplois, avec des profils de tâches différents.
Autre solution adoptée par de plus en plus d’entreprises : le recrutement à l’étranger. J’entends parler de missions à l’étranger, notamment dans les pays francophones et en Amérique latine, d’entreprises à la recherche de candidats qualifiés qui souhaitent immigrer au Québec. Si certaines expériences ont déçu, les histoires d’intégrations réussies et de travailleurs vaillants et productifs sont bien plus nombreuses. Et alors qu’on déplore souvent que les immigrants se regroupent principalement à Montréal, les histoires de succès en région commencent à s’additionner.
La récente prise de conscience du gouvernement quant à la nécessité de redonner ses lettres de noblesse aux métiers et formations techniques, et les nouvelles approches de travail-études combinés inspirées de l’expérience allemande vont fort probablement porter fruit. Mais d’ici là, avec les taux de chômage qu’on connaît, les entreprises doivent combler leurs besoins en main-d’œuvre, et n’ont pas le choix. Elles doivent se montrer plus créatives que jamais.