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Sans pour autant être prophète de malheur, il est clair, comme le dit si bien notre rédacteur en chef dans son éditorial, que l’arrivée de Donald Trump à Washington, avec sa vision protectionniste, soulève un certain niveau d’inquiétude quant à nos exportations vers les États-Unis. La renégociation prochaine de l’ALENA et les menaces du nouveau président à l’endroit des grandes entreprises américaines qui délocalisent les emplois à l’étranger pourraient nous affecter, surtout lorsqu’on pense que 70 % des exportations québécoises prennent la route vers notre voisin du sud.

Plusieurs analystes, notamment de Manufacturiers et exportateurs du Québec, appellent le Canada à poursuivre les échanges commerciaux et à maintenir le cadre actuel qui régit nos transactions avec les États-Unis. Mais même si toute analyse est à l’heure actuelle purement spéculative, tant que la nouvelle administration américaine n’a pas fait connaître ses attentes pour la renégociation de l’ALENA, cette incertitude constitue un signal fort quant à l’importance d’élargir nos horizons.

Pour des raisons géographiques et historiques, le Québec et le Canada ont concentré leurs efforts d’exportation vers les États-Unis. Mais la signature récente de l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne (AECG) vient ouvrir de nouvelles occasions d’affaires vers l’Europe. Plus que jamais, les manufacturiers québécois se doivent de regarder vers d’autres marchés, et celui de l’Europe en est un qui est appelé à se développer rapidement.

Les entreprises industrielles européennes ont compris que malgré la taille de leur marché continental, elles se doivent de penser mondialement. On l’a vu ici au Québec, notamment avec Soprema, l’entreprise française spécialisée dans les produits d’étanchéité et d’isolation, qui a choisi Drummondville au Québec comme pivot central de ses activités en Amérique du Nord. On l’a vu aussi plus récemment avec ABB, l’entreprise suisse de haute technologie, qui a annoncé en janvier l’ouverture prochaine de son centre de recherche et développement nord-américain à Montréal.

Cette ouverture des entreprises européennes qui voient dans le Québec un partenaire important pour leurs exportations en Amérique du Nord doit aussi mener à l’inverse, soit des entreprises québécoises qui regardent vers l’Europe pour y exporter leurs produits.

Autre marché non négligeable : celui de l’Amérique latine. L’affront du nouveau président américain à l’endroit des Mexicains, tant durant sa campagne que dans l’annonce de la construction du mur à la frontière, risque de provoquer un fort degré de ressentiment dans l’ensemble de la communauté latino-américaine, un marché de près de 700 millions de consommateurs.

Bref, peu importe l’issue des prochaines négociations de l’ALENA, les entreprises québécoises doivent voir, dans le contexte actuel, un appel clair et net à élargir leurs horizons, et à tabler sur d’autres marchés pour réduire leur dépendance au marché américain. Les opportunités sont là. Et le timing est meilleur que jamais.

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