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Feb

Vers une usine….de haute performance

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La grande entreprise canadienne a en effet mis en marche en Amérique du Nord, son programme «manufacturier de classe mondiale» qui doit conduire les 26 cellules de travail de l’usine de La Pocatière à la certification quatre étoiles en 2008.

«Nous avons été la première usine en Amérique du Nord à obtenir deux étoiles pour toutes ses cellules en 2005. L’usine sera qualifiée trois étoiles dans un pourcentage de 40% à la fin de décembre 2005. Les objectifs poursuivis sont de transformer d’abord les façons de faire du personnel, ensuite les équipements pour aller chercher une plus haute productivité», précise Michel Tremblay, directeur général de l’usine de La Pocatière.

Les chiffres sur l’importance de l’usine de La Pocatière parlent par eux-mêmes: achat annuel en moyenne de 250 millions de dollars en matériel de ses 50 fournisseurs québécois. Les achats de biens et services à des fournisseurs régionaux (rayon d’environ 100 km de La Pocatière) représentaient, pour l’année 2005, un peu plus de 28 millions de dollars.

Depuis 1974, 32 contrats ont été réalisés à l’usine de La Pocatière, soit 5 300 voitures de train et de métro. 90% de la production de wagons de métro et de trains fabriqués dans cette usine est exportée.

Retombées économiques

Et les prochaines années sont prometteuses pour l’usine de La Pocatière avec le contrat de fabrication de 406 voitures pour le métro de Chicago et celui de 1,2 milliard de dollars (en cours de négociation de gré à gré) pour la construction des wagons du métro de Montréal.

Le métro de Montréal sera réalisé avec des caisses en acier inoxydable et des soudures au laser invisibles – au lieu du point par point – ce qui entraîne une réduction de poids des véhicules de 10 à 15%. Ce contrat générerait, selon le modèle intersectoriel de l’Institut de la statistique du Québec, à lui seul 4 600 emplois directs et indirects par année sur huit ans (usine et fournisseurs…) à l’usine, chez les fournisseurs et leurs fournisseurs ainsi que les emplois induits dans le milieu commercial.

Rappelons que Bombardier possède, dans le monde, 41 sites où travaillent 28 000 personnes dans 21 pays dont quatre usines en Amérique du Nord à La Pocatière, Thunder Bay, Plattsburg et Sahagún au Mexique.

Manufacturier de classe mondiale

L’usine d’un demi-million de pieds carrés de La Pocatière est tellement propre que vous pourriez y circuler en souliers blancs vernis sans crainte de les salir…Un symbole qui vaut mille mots, mais la «révolution de l’intérieur» à l’usine pocatoise va au-delà des symboles et touche toute la gestion de l’usine.

«Nous sommes passés d’une organisation par fonction (ingénierie, production….) pour créer trois unités d’affaires avec leur objectif de performance (approvisionnement, assemblage caisse et sous-ensembles majeurs). Nous avons enlevé un niveau dans la hiérarchie de notre organisation. La responsabilisation a été ramenée dans les cellules et les unités d’affaires plus bas, même si le directeur général demeure responsable de tout ce qui se passe dans l’usine. Tout le monde devient responsable de quelque chose à des niveaux différents avec des indicateurs de performance à atteindre», dit Michel Tremblay.

L’implantation de ce programme se poursuit à bon train. «Quand les contrats de Toronto et Chicago seront en oeuvre, nous serons trois étoiles et quatre étoiles pour le contrat de Montréal. Jusqu’à présent, nous n’avons pas investi d’argent sur le plancher de l’usine car tout s’est fait par de la formation et, comme dit l’expression populaire, avec de l’huile de dessous de bras. On a développé en parallèle une «vision machine» qui sera la soudure laser sur notre acier inoxydable et la conception et la fabrication modulaire».

Déjà de bons résultats

Les progrès sont rapides, chiffrables autant en santé et sécurité qu’en culture et en qualité. «À chaque année, en santé et sécurité, les événements (visites à l’infirmerie, incidents….) ont été réduits de 50% en moyenne. Il faut de plus mentionner que si chez Bombardier Transport on occupait le 30e rang dans ce domaine, nous sommes maintenant dans le top 5! En ce qui concerne la culture de la qualité, nous avons baissé de 50% en un an les événements clients (décrire) et de 65% les événements Bombardier (inspection des caisses par des employés maison).

Des rencontres se tiennent à tous les mois sur les problématiques de qualité, de la formation de base, du coaching sur le plancher en sécurité et en qualité à raison de deux par semaine et des inspections planifiées…

Bombardier et le milieu pocatois

«L’implication des milieux socio-politique et institutionnel de La Pocatière dans le développement de Bombardier à La Pocatière a été si forte que les cadres supérieurs de l’entreprise l’ont considéré comme déterminante dans le succès du premier contrat de la ville de Montréal et dans celui du métro de New-York. Certains administrateurs iront jusqu’à mentionner que Valcourt a créé l’entreprise Bombardier et La Pocatière l’a mise au monde», selon une étude effectuée en 2002 par les professeurs André Bilette (Université Laval) et Denis Robichaud de la Télé-Université.

Aujourd’hui, c’est l’expertise technologique développée à La Pocatière qui permet à cette usine de poursuivre sur cette lancée. La technologie de soudage au laser, grâce à l’expertise du Centre spécialisé de technologie physique du Québec (CSTPQ) à La Pocatière rendra l’usine encore plus compétitive au niveau international.

Bombardier a même un espace de travail dans la nouvelle cellule de soudure au laser du CSTPQ – un investissement de près de deux millions de dollars – pour ajuster les paramètres de production.

«Les structures qui résulteront des soudures au laser seront esthétiques, très résistantes, sans trace de l’autre côté de la surface soudée, ce qui demande beaucoup de recherche de paramètres et d’optimisation. Il y a aussi un gain de productivité parce qu’il n’y a pas à positionner d’électrodes. La baisse de poids se concrétise dans le changement des designs qui exige moins de matériel et qui allège le poids des wagons. C’est de la robotique mais qui donne une impulsion laser au lieu d’une impulsion électrique», décrit Lorraine Blais, ingénieure et responsable de projets au Centre spécialisé de technologie physique du Québec. Environ quarante personnes y travaillent.

Grand intérêt pour la soudure au laser

«Le lancement de notre cellule laser a suscité une grande demande du monde industriel pour ce programme. Nous travaillons aussi pour une multitude d’applications industrielles. Nous sommes en fonction depuis le mois d’août. La demande est très forte. Une cinquantaine d’entreprises ont manifesté leur intérêt depuis quatre mois. Nous avons des réservations jusqu’en avril même si on peut répondre à des demandes ponctuelles. Notre taux d’occupation est excellent et des projets de développement majeurs dont nous ne pouvons parler pour des raisons de confidentialité», précise Lorraine Blais.

La soudure au laser répond à deux types de besoin: la productivité parce qu’il est possible de souder 10 mètres par minute au lieu de 40 centimètres par minute comparativement à de l’équipement conventionnel. La précision du procédé qui empêche le produit de se déformer sous la chaleur, élimine le polissage et le redressage des pièces. La soudure au laser concentre la chaleur, ce qui a pour effet de ne pas sentir cette chaleur en se mettant la main sur la plaque.

Quatre petites entreprises sont incubées au CSTPQ. «Ce n’est pas dans notre mission directe, mais nous sommes là pour faire du transfert technologique et pour aider des entreprises à démarrer. Les gens qui viennent nous voir gardent la pleine propriété intellectuelle de leurs projets».

Technologies Axion

Une autre entreprise de La Pocatière a profité pour son démarrage de la présence de Bombardier. En 1980, Technologies Axion (anciennement Pocatec) décide de se spécialiser dans la conception de systèmes de communication destinés au transport en commun et décroche un important contrat de Bombardier en fabriquant pour celui-ci des systèmes de haute technologie de communication.

«Notre histoire d’affaires avec Bombardier remonte aux années 1980. Nous avons eu l’avantage d’être situé près d’une entreprise qui est devenue par la suite un grand leader mondial au fil des années en Amérique du Nord et en Europe dans le transport en commun, puis en aéronautique. On pourrait dire qu’il s’agit d’une symbiose des besoins», rappelle Carl Cassista, président directeur général de Technologies Axion de La Pocatière, spécialisée dans la fabrication de systèmes de communication pour le transport en commun.

La moitié des contrats de Technologies Axion se réalise, bon an, mal an, avec Bombardier dans le monde.

Le contrat du système de communication du métro de Londres obtenu par Bombardier récemment mettra l’entreprise de La Pocatière «sur la carte» cette fois en Europe comme l’avait fait le contrat pour le système de communication audio du métro de New-York dans les années 1990 que Bombardier a réalisé à son usine de La Pocatière.

«La négociation a été faite avec l’usine de Derby et le siège social de Bombardier en Europe qui est à Berlin. Notre expertise nord-américaine a ajouté une note positive à ces négociations», ponctue le chef d’entreprise.

Bombardier Transport a obtenu sur 15 ans du consortium Métronet des contrats de 7,9 milliards de dollars canadiens de fournitures de matériel roulant et de signalisation, ainsi que de services d’entretien et de gestion de projet en vue de la modernisation du métro de Londres.

«Nous n’avons jamais réussi à obtenir un contrat avec Bombardier parce qu’on était un fournisseur près d’eux à La Pocatière, peut-être au tout début, quand il n’y avait pas beaucoup de sous-traitants dans notre genre. Aujourd’hui, en 2006, les solutions proposées doivent être les meilleures sur le marché qui est mondial. Nous sommes dans un marché extrêmement compétitif. Par exemple, en Europe, il y a un nouveau standard IRIS qui entrera en vigueur autour de 2017…Ce sera un «plus» pour notre gestion interne. Il faut rester en avant avec la compétition d’Europe et probablement les entreprises chinoises…».

Cap sur l’Europe

«Il y a deux ou trois ans, nous avons revu notre plan de développement stratégique pour diversifier notre marché qui était nord-américain. Nous avons acquis en novembre 2005 une firme au Danemark. La production faite par 60 employés européens a été rapatriée au Canada, mais nous avons gardé une équipe de vente, de soutien à la clientèle et une quinzaine de ressources en recherche et développement».

En plus de son pied-à-terre européen, Technologies Axion a un centre de recherche et développement à Saint-Nicolas, près de Québec et a fait l’acquisition de Électronique S.E.M. de Québec, une firme spécialisée dans la sous-traitance d’assemblage électronique.

D’autres fournisseurs de tout le Québec, comme Liebherr Transportation System à Laval et Multina à Drummondville contribuent à ce que Bombardier demeure une grande entreprise performante autant en Amérique du Nord qu’en Europe.

«Notre présence dans l’aéronautique nous a permis de développer des systèmes qui n’ont pas besoin d’utiliser des liquides réfrigérants par certaines propriétés thermodynamiques. Nous avons ce système sur des véhicules de transport en commun en Allemagne et des trains en Angleterre. Ces systèmes coûtent plus chers à l’acquisition mais sur le cycle de vie du produit, on n’a pas pollué, on n’a pas utilisé de réfrigérants, moins d’entretien…», donne comme exemple Stéphane Rioux de Liebherr Transportation System à Laval, fournisseur pour plusieurs contrats internationaux de système de chauffage, ventilation et climatisation, de systèmes de suspension secondaires et de systèmes de vérins qui gardent les trains haute vitesse sur un même axe.

Le groupe de Laval (5.5 milliards d’euros) concentre ses activités sur le marché européen sous cinq conglomérats (grues à tours, portuaires, mobiles, excavatrices, aéronautique…). Liebherr a obtenu un premier contrat nord-américain pour Bombardier à l’usine de Thunder Bay en Ontario pour des voitures destinées à la Corée du Sud. «Pour nous, l’Amérique du Nord, est un marché en devenir».

Les sièges de Multina

«Nous venons de signer officiellement le contrat d’habillage intérieur pour le contrat de Chicago après des appels d’offres.

On travaille avec Bombardier pour le développement des systèmes des contrats de Toronto et de Montréal. Nous avons l’avantage d’avoir une usine à Plattsburg et au Mexique», dit Jacques Nadeau, de Multina, fournisseur des systèmes de sièges et d’aménagement intérieur (planchers en composite, modules toilettes…) des voitures. Bombardier est notre plus important client qui représente 50% de notre chiffre d’affaires».

«Nous avons été en affaires avec Bombardier depuis 1972, en fabriquant des sièges pour les motoneiges. Avec le transport en commun, nous avons débuté en 1996…». «Nous avons une usine au Mexique et à Plattsburg et quatre usines au Québec. Notre relation a évolué au fil des années, c’est une histoire à succès avec Bombardier. Nous avons grandi avec Bombardier. Nous avons investi pour suivre l’expansion de Bombardier dans le transport en commun. Nous sommes orientés sur l’écoute de nos clients, de confiance et de loyauté et de défis pour être très concurrentiels».

Historique

L’usine de La Pocatière tire ses origines de l’entreprise Moto-Ski, fondée en 1962 par Charles-Eugène Bouchard, lequel au début fabriquait des coupe-légumes automatiques pour les cuisines des restaurants et des institutions. En 1968, la famille Bouchard vendait l’entreprise à Griffin Recreation Entreprise de Miami en Floride, laquelle vend à son tour à Bombardier en 1971.

Le marché de la motoneige s’effondre en 1973 avec la crise du pétrole. Bombardier achète la licence de la Compagnie internationale de matériel de transport de France qui amène Bombardier à reconfigurer son usine pour le contrat des wagons du métro de Montréal qui lance la compagnie canadienne vers le marché mondial des voitures de métro, des trains de banlieue…

Le contrat du métro de New York d’un milliard de dollars en 1983 consacre la vocation internationale de l’usine de La Pocatière. C’est aussi à La Pocatière qu’ont été construites les caisses en acier inoxydables des trains-navettes pour le transport d’automobiles et d’autobus du tunnel franco-britannique sous la Manche.

L’usine de La Pocatière a fabriqué le printemps dernier la 1 000e caisse pour le contrat de 1 172 voitures de train conclu avec les deux régies de transport de la ville de New York. L´usine de La Pocatière fabrique des caisses en acier inoxydable pour ces trains, puis les expédie à l´usine de Bombardier à Plattsburgh, dans l’État de New York, pour l’assemblage final. C’était la deuxième fois que l’usine de La Pocatière atteignait le seuil des 1 000 voitures: la première fois remonte à 2003, dans le cadre d´un contrat de 1 030 voitures de métro pour la New York City Transit.

Bombardier Usine de La Pocatière 130 Route 230 Ouest La Pocatière, Qc G01 1Z0 http://www.bombardier.com 418 856-8553 et 418 856-8527

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