Chaque être humain sur la Terre laisse derrière lui une empreinte écologique, bagage aux effets lourds qui bouleverseront le paysage de demain et qui provoquent même des changements aujourd’hui.
Bien que cette empreinte ne soit pas la même pour un Canadien ou un Africain, par exemple, le mode de vie plus polluant du premier a un impact beaucoup plus profond que le deuxième, les effets du dérèglement climatique ne connaissant pas de frontières.
Pas de frontières politiques, ni temporelles d’ailleurs, car une des préoccupations majeures des environnementalistes est, rappelons-le, le bien-être des êtres humains à venir.
Le phénomène de la mondialisation a grandi avec l’éveil de notre conscience écologique. Les images télévisuelles, les grands scientifiques de tous les pays, les catastrophes naturelles battant tous les records, etc. ont structuré la volonté grandissante des citoyens du monde de ralentir l’élan du réchauffement climatique.
Partie intégrante du problème environnemental, est-ce que la mondialisation fait aussi partie de la solution ? Y a-t-il un conflit irréductible entre une économie globalisée et une régulation environnementale ?
Que serait la mondialisation, ce rapprochement entre les citoyens du monde, sans ce que nous a apporté la facilité du transport par avion ?
Malgré qu’il procure certains bénéfices, ce rapprochement physique a un coût énorme, voire alarmant, pour l’environnement. On évalue, en effet, que les voyages en avion représentent environ 17 % des dépenses énergétiques mondiales. Bien entendu, ces déplacements ne sont pas que négatifs.
Ils font sans aucun doute partie intégrante de l’avancement des connaissances, celles-là même qui apportent des solutions aux impacts de la mondialisation. Mais combien de déplacements futiles pourraient être évités ?
Qui plus est, la mondialisation peut être pointée du doigt lorsqu’il est question du réchauffement climatique, car l’accroissement de l’industrialisation un peu partout dans le monde a causé une certaine dépendance aux énergies fossiles.
Depuis que le fameux modèle américain de prospérité économique s’est fait connaître et est désespérément recherché par pratiquement toutes les autres nations du monde, le déséquilibre engendré par ces énergies fossiles est tristement à son comble.
En ce qui concerne les impacts positifs, maints défenseurs d’une économie globalisée ont argué que la mondialisation serait assurément favorable à la protection de l’environnement.
L’idée est la suivante : le développement durable, les technologies vertes, etc. vont de pair avec une nation ayant atteint un niveau de prospérité économique suffisamment confortable pour pouvoir investir dans le « virage vert ».
Un pays non industrialisé sera nécessairement moins soucieux de faire de la pression pour réglementer ses quelques industries. Or, bien que cela ne soit pas entièrement faux, cette affirmation est vite déconstruite par la réalité, écologiquement très reprochable, des pays les plus prospères.
S’il y a un point crucial au rapprochement des peuples, générant de l’espoir face à la crise environnementale, c’est bien le potentiel de coopération.
De toute évidence, il faudra tôt ou tard que les nations du monde agissent de concert, non pas seulement en signant des traités symboliques mais en faisant des actions radicalement plus perceptibles. La démocratie généralisée serait probablement un meilleur allié pour un avenir vert qu’une économie globalisée.
Sans la démocratie, l’énergie et l’argent seront toujours associés à des intérêts autres que la lutte au réchauffement climatique.
Cette idyllique coopération entre les peuples est pour l’heure peut-être plus plausible si elle ne repose pas entre les seules mains des dirigeants de la communauté internationale.
À chaque être humain son empreinte écologique. Mais à chaque citoyen son pouvoir de consommateur pouvant faire une différence. « Acheter c’est voter », pour reprendre le slogan de Laure Waridel. La mondialisation qui sauvera l’environnement sera celle démocratique plutôt que celle économique.
Emmanuelle Gauthier-Lamer Enseignante en philosophie, Collège de Valleyfield