Ce n’est pas une surprise pour personne, les secteurs de l’événementiel, des arts et spectacles et des activités d’affaires et touristiques furent les premiers touchés lors de l’annonce d’arrêt obligatoire, le 20 mars dernier, des événements regroupant plus de 250 personnes afin d’empêcher la propagation du coronavirus. Aujourd’hui, qu’en est-il de la situation pour ces promoteurs, diffuseurs et organisateurs d’expositions à la suite de l’annulation de plus de 225 salons ? Comment survivent-ils ? Il semble que le manque de directives gouvernementales pour leur secteur se faire ressentir.
Mobilisation du milieu des expositions
L’Association des professionnels en exposition du Québec (APEQ) a publié dernièrement un communiqué expliquant des directives sur la réouverture de l’industrie canadienne des expositions en matière de santé et sécurité, avec la supervision de l’organisme de Prévention et contrôle des infections Canada (PCI). S’engageant à travailler en collaboration avec la santé publique, le gouvernement et tous les intervenants, l’APEQ incite ses membres à respecter la distanciation et le contrôle de la foule, à améliorer les mesures de santé et d’hygiène et invite les organisateurs à faire connaître leurs mesures via tous leurs médias de communication.
Bien que ce plan de réouverture sécuritaire des expositions soit déjà mis en place, les promoteurs publics et privés attendent toujours des consignes claires et précises de la part du gouvernement afin de mettre leurs événements en place.
« Notre industrie a besoin d’une date de réouverture », entame d’entrée lors d’une conférence de presse M. Dominique Gagnon, président de l’APEQ. Il faut penser que les organisateurs d’exposition ont besoin de plusieurs mois de délai pour planifier, préparer, commercialiser et présenter leurs événements. Un préavis du gouvernement est donc espéré le plus tôt possible afin d’officiellement redémarrer leur processus dès le 1er septembre.
Une nouvelle catégorisation pour la relance
Afin d’accélérer la décision, l’APEQ estime qu’une meilleure classification des événements qu’il représente s’impose. Catégorisées dans les entreprises du domaine touristique, les organisateurs de salons et d’expositions doivent maintenant se battre afin de démontrer qu’elles sont plutôt des entreprises d’affaires. « On demande au gouvernement et à la santé publique de faire une différence claire entre les expositions et les rassemblements » demande M. Gagnon. « En se basant sur la capacité de notre industrie à mitiger les facteurs de risque social des expositions, par la mise en place de mesures concrètes ».
Selon les promoteurs d’expositions et l’APEQ, en décrétant l’annulation jusqu’au 31 août prochain de tous les rassemblements intérieurs ou extérieurs, le gouvernement provincial place l’ensemble du secteur des expositions dans une situation précaire et alarmante.
« Cette annonce a d’un seul coup effacé plus d’un an de travail de la part des promoteurs, car la préparation d’un salon demande du temps, beaucoup de temps de la part de nos promoteurs, et il devient alors impossible de rattraper cette année de travail. Ça représente d’immenses pertes en loyers, salaires, remboursements aux exposants, assurances, qui sont directement reliées à la situation de la COVID-19. Elles sont définitives et risquent de s’accroître encore plus en fonction du rythme de la reprise à l’automne. Pour le moment, nous estimons que le secteur de l’exposition fera face à plusieurs centaines de millions de dollars de pertes pendant cette crise, et des milliers d’emplois sont en jeu », plaide M. Yves Watier, promoteur de différents salons au Québec.
Un cri du cœur : maintenant ou trop tard
Les organisateurs et promoteurs d’expositions sont maintenant prêts. Ils sont à la ligne de départ et attendent le GO, confirme M. Watier : « Nous sommes prêts pour la relance dès septembre 2020. Une relance sécuritaire pour nos visiteurs, nos employés et nos partenaires. Nous proposons des mesures appropriées qui seront mises en place dès notre ouverture, certaines de ces mesures sont déjà approuvées par la santé publique ».
« Notre industrie a besoin d’une date de réouverture pour assurer l’avenir des salons et de l’exposition au Québec. L’Annulation des expositions gérèrent un manque à gagner pour tous les acteurs de l’industrie », renchérit M Gagnon. Ces événements touchent plusieurs milliers de familles et plus de 33 000 PME québécoises et ont des retombées économiques directes de 100 millions (260 millions en retombées économiques indirectes) au Québec, selon une étude d’impact de Meetings Mean Business Canada en 2008. Des chiffres qui prouvent qu’un apport important à la relance de l’économie est en attente et qu’une prise de position est imminente.
Rappelons que les salons sont tolérés au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et en Alberta. Au Québec, il est possible de faire des salons sous la barre de 50 personnes et un plan de Santé et Sécurité a été émis pour les regroupements spécifiques aux expositions de plus de 250 personnes sur grande surface avec une seule entrée et sortie, un déplacement de circulation dirigée, et des directives de port de masque avec matériel d’hygiène à grande disponibilité. Ces consignes de santé et de sécurité sont beaucoup plus strictes que celles des centres d’achat, ouverts présentement.