La réponse est ambigüe. Certes, politiquement, Hydro-Québec devra assurer un maximum de retombées ici, tant économiquement qu’au niveau de la création ou du maintien d’emplois.
Par contre, d’un côté purement stratégique, la Société d’État est tenue, comme toute entreprise qui se respecte, à dégager le maximum de profits qui, comme on le sait, retournent au gouvernement, donc, d’une certaine façon, à la population du Québec. Comment donc les PME québécoises, actives en deuxième ou troisième transformations des métaux, peuvent-elles obtenir leur part du gâteau ?
Selon Richard Blanchet, président-directeur général de Sous-Traitance Industrielle Québec (STIQ), organisme voué à la promotion de maillage entre donneurs d’ordres et fournisseurs, à la formation et à l’amélioration de la compétitivité des chaînes d’approvisionnement québécoises, les règles d’attribution de gros contrats ne sont pas uniques et diffèrent d’un secteur à l’autre.
« Tout varie en fonction du type de clients et du type de contrats. Les donneurs d’ordres publics disposent de certaines règles pouvant favoriser les fournisseurs locaux. Mais de façon générale, les PME québécoises, face à un donneur d’ordre québécois, jouissent de la proximité et, dans certains cas, d’expériences d’affaires antérieures réussies. Nos PME sont reconnues mondialement pour être des plus innovantes et imaginatives.
Certaines accomplissent de grandes choses avec des moyens limités. Par contre, on ne peut nier le savoir-faire étranger dans certains domaines. Nos PME, qui livrent un produit de qualité, dans les temps prescrits, se positionnent toutefois avantageusement. Certaines s’en tirent bien parce qu’elles ont bien cerné les besoins du donneur d’ordres. Elles sont en mesure d’offrir des solutions plus complètes. » Les PME québécoises doivent par conséquent miser sur leur proximité, ce qui réduit les coûts de transport, leur savoir-faire et leur sens de l’innovation.
Richard Blanchet cite en exemple le cas du Ministère de la défense. « Si un contrat est octroyé à une entreprise étrangère, elle devra prouver qu’une partie importante de celui-ci découlera en retombées économiques pour l’industrie canadienne. Elle devra identifier des fournisseurs ou sous-traitants canadiens. Elle est tenue d’acheter canadien, mais pas n’importe quoi à n’importe quel prix. »
De son côté, le directeur général du Réseau de la Transformation Métallique du Québec (RTMQ), Frédéric Chevalier, ne minimise pas l’importance de l’enjeu des PME.
« Au privé, il est clair que les donneurs d’ordres favoriseront le plus bas soumissionnaire, comme c’est souvent le cas au public. Mais selon la nouvelle logique d’affaire, on devrait plutôt miser sur le coût total de propriété, qui inclut et le coût d’acquisition et l’ensemble des coûts sur toute la vie du produit. Il faut que les projets élaborés par les donneurs d’ordres soient gérables par nos PME.
À l’instar de Rio Tinto Alcan, qui a volontairement réduit la taille des ensembles à produire, afin que les PME d’ici puissent soumissionner, les grands donneurs d’ordres devraient subdiviser les « packages » afin de favoriser l’accès aux grands projets. Encore faut-il que les PME s’y intéressent, ce qui n’est pas toujours le cas malheureusement. »
Plusieurs États américains ont récemment adopté une autre loi protectionniste, mise en place par le gouvernement central : la Buy American Law. Toutefois, la potentielle application de cette loi pour un projet de réfection d’un terminal maritime à Prince-Rupert, en Colombie-Britannique, qui servirait à la Alaska Marine Highway System pour acheminer sa production sur le continent, crée un véritable bras de fer entre le Canada et les États-Unis.
« Il s’agit là d’un affront pur et simple de la souveraineté canadienne. Le Ministre fédéral du commerce international, Edward Fast, fait tout en son pouvoir pour empêcher l’application de cette loi en sol canadien. C’est un message fort. On ne cherche pas à établir une loi Buy Canadian, mais à maintenir une réelle réciprocité dans les relations, un respect entre les deux pays », souligne Hellen Christodoulou, directrice régionale Québec de l’Institut canadien de la construction en acier (ICCA).
On le constate donc, dans une économie de libre marché, rien n’est acquis pour nos PME actives en transformation des métaux, qui doivent constamment innover et mettre leur expertise à profit pour obtenir leur juste part dans l’attribution des gros contrats.
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