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Un vignoble et une production annuelle de 125 000 bouteilles avec des racines bien québécoises: le Cep d’Argent à Magog

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Ce sont des Québécois et des Français qui ont rêvé de fabriquer du vin dans un endroit où les voisins n’avaient peut-être jamais vu de vignes. 20 ans plus tard, ces grappes font partie du décor et le vignoble magogois figure parmi les pionniers de cette industrie québécoise en compagnie des deux plus vieux au Québec: Les Côtes d’Ardoise et L’Orpailleur, tous deux de Dunham.

L’idée origine d’un voyage en France au début des années 80, réalisé par la nièce de celui qui devait devenir l’un des fondateurs de l’entreprise, Denis Drouin. Elle y fait les vendanges à Étoges, situé dans la région de Champagne, dans le village natal et le vignoble familial des Scieur, dont deux des frères deviendront aussi des actionnaires. Cette famille est d’ailleurs « vigneron » de père en fils depuis six générations!

Près du lac Magog

Au fil des ans, l’idée fait son chemin et un vignoble voit le jour. Ou presque, puisqu’il manque des fonds pour démarrer le projet. Mais en 1986, un premier groupe d’investisseurs s’entend pour réunir les fonds nécessaires afin de démarrer les activités. Finalement, au terme d’un an de recherche et de consultations auprès d’agronomes et de météorologues, la propriété est achetée à proximité du lac Magog.

L’endroit est propice à la croissance de la vigne, en raison de la proximité du lac et de son microclimat. Cette géographie a écarté tout gel printanier en 21 ans, ce qui n’est pas à dédaigner pour des vignerons. De plus, la chaleur de l’eau estivale permet d’atténuer l’effet du froid à l’automne, ce qui prolonge la période hors gel, donc en pleine période de récolte ou de vendanges.

Débuts difficiles

En 1991, Jean-Paul Scieur rejoint les associés et demeure aujourd’hui en selle avec son frère François et Denis Drouin. Il se souvient avoir travaillé fort à travers l’administration gouvernementale avant que le domaine vinicole obtienne ses lettres de noblesse.

« On a pioché fort, car les règlements n’existaient pas pour nous. Aujourd’hui, ça bouge plus en notre faveur et l’on a même atteint un stade d’expérimentation avancé sur le terrain. Il en est de même pour notre notoriété, puisque l’entreprise a récolté plus de 70 médailles internationales au fil des années pour la qualité de nos produits », indique M. Scieur.

La première déréglementation importante a eu lieu en juillet 1996 quand les élus de la province ont permis la vente des vins québécois dans les restaurants.

« Notre chiffre d’affaires n’a pas vraiment augmenté, mais ce fut une très grande victoire puisqu’on ne pouvait vendre que sur notre propriété », se rappelle Jean-Paul Scieur.

Une seconde étape importante pour cette industrie a été franchie en 1998 avec l’autorisation de vendre ce type de produits, à longueur d’année, dans les marchés publics, comme celui de Jean-Talon, des Saveurs et Maisonneuve, à Montréal.

Sur les tablettes de la SAQ

La plus récente victoire, mais non la moindre, a été remportée en 2002 lorsque les bouteilles des vignerons québécois sont apparues sur les tablettes de la Société des alcools du Québec (SAQ). M. Scieur espère maintenant que les politiciens obligeront, par l’intermédiaire d’une loi s’il le faut, les employés de la SAQ à mousser davantage les produits vinicoles québécois. « On invite aussi les consommateurs québécois à acheter au moins une bouteille par année. Les sept millions de bouteilles de plus ainsi vendues multiplieraient par dix le chiffre d’affaires des 45 vignerons québécois », lance-t-il.

M. Scieur assure que son entreprise demeure en croissance malgré les pépins administratifs des deux dernières décennies. Sa production annuelle de bouteilles est passée de 800 à 125 000 en 20 ans, tandis que le nombre de vignes grimpait de 10 000 à 60 000 durant la même période. Le chiffre d’affaires du vignoble atteint aujourd’hui les deux millions de dollars avec l’aide équivalant à 12 emplois à temps complet.

L’entreprise se met aussi au goût du jour avec la plantation, en 2006, de vignes pour fabriquer du vin de glace. Cette récolte est prévue pour l’automne 2007 et sa mise en bouteille aura lieu un an plus tard.

Le Cep d’Argent se dit prêt à poursuivre sur cette lancée. « Donnez-nous une meilleure place sur les tablettes de la SAQ et nous serons prêts à ouvrir la machine. On ne demande pas la lune car on veut juste augmenter légèrement notre pourcentage de vente qui ne s’élève aujourd’hui qu’à 0,02% parmi tous les vins de la SAQ! », de dire M. Scieur.

Découvrir le vin québécois

Un autre grand défi des vignerons québécois est de briser la barrière du goût et la perception du public, selon lesquelles les vins québécois ne sont pas aussi bons que les produits français. À ce sujet, M. Scieur rappelle que la présentation annuelle de la Fête des vendanges Magog-Orford a permis à plusieurs dizaines de milliers de consommateurs de constater l’amélioration des produits québécois.

M. Scieur insiste aussi sur l’importance de chaque vigneron à poursuivre ses efforts de qualité.

« Certains produits sont très bons, alors venez goûter », lance-t-il. Il cite d’ailleurs en exemple son Mistral, qui a remporté de nombreuses médailles sur la scène internationale.

Ce vin apéritif qui s’apparente étonnamment au Pineau des Charentes est un mélange de brandy, d’alcool de grain, de pruneaux et d’abricots!Un autre produit original est L’Archer, un vin digestif composé du vin rouge de la maison, de brandy, d’alcool de grain et de sirop d’érable!

Neuf autres produits complètent la cuvée du Cep d’Argent, dont le type de cépage a la particularité d’avoir été utilisé dans la région de Champagne au début du 20e siècle, pour restaurer des millions d’hectares détruits par un microbe. Le Seyval blanc est d’ailleurs primordial à la survie de l’entreprise magogoise parce qu’il résiste au froid caractéristique du climat québécois.

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