«Les détaillants commencent à délaisser l’ameublement en provenance des pays émergents comme la Chine, pour diverses raisons. C’est un phénomène bien senti qui touche l’ensemble de l’Amérique du Nord, ce qui nous a été également confirmé par nos manufacturiers, lors du dernier Salon du meuble en Caroline du Nord – l’un des plus gros avec celui de Las Vegas – qui s’est déroulé dernièrement», explique le président directeur général de l’Association des fabricants de meubles du Québec, Jean-François Michaud.
Depuis les trois dernières années, les ventes dans le secteur du meuble ont chuté de 2,2 milliards à 1,5 milliard de dollars. À présent, selon l’Association, tout porte à croire que l’industrie a atteint le fonds du baril. «Les entreprises ont fait ce qui devait être fait en peaufinant leur production et en reciblant leur clientèle».
Depuis la crise dans ce secteur, la profitabilité des détaillants a été rudement mise à l’épreuve. C’est la raison pour laquelle, précise M. Michaud, que le détaillant doit être en mesure d’offrir à ses clients des meubles qui se distinguent sur le marché.
«Aujourd’hui, le consommateur pose beaucoup plus de questions et il est plus averti. Le problème avec les meubles asiatiques, c’est que le détaillant ne sait pas ce qui va arriver au bout du compte. Souvent, il s’aperçoit que tout le monde a le même produit sur le plancher. Les détaillants ne veulent plus faire face avec des problèmes tels la qualité du produit, les délais de livraison et l’impossibilité de corriger le tir en cours de route».
L’un des dix plus gros détaillants en meubles au Québec, Germain Larivière, vient d’effectuer un changement de cap majeur pour tenter de mettre un frein non seulement à la déflation qui afflige l’industrie depuis quelques années, mais aussi pour répondre à une nouvelle tendance qui se dessine chez le consommateur québécois: des produits personnalisés de qualité et fabriqués au Québec.
Chez Germain Larivière, on estime que la demande de produits asiatiques semble s’essouffler et que le consommateur exige de plus en plus un meuble de qualité, qui répond à son choix de tissus, de couleurs et de bois.
«Nous remarquons que les gens ont davantage tendance à se procurer du mobilier fabriqué au pays, en Amérique, à cause de la qualité et des possibilités de personnaliser son achat. Le consommateur est prêt à attendre deux mois pour obtenir ce qu’il recherche. Or, pour répondre à cette nouvelle tendance, nous achetons de plus en plus chez les manufacturiers québécois. Ce virage a été pris en 2007 et nous y croyons fermement», explique le vice-président aux achats et à l’exploitation, David Larivière.
À l’Association des fabricants de meubles du Québec, on confirme que les détaillants ont la possibilité d’obtenir des produits exclusifs tout en les personnalisant. «C’est la stratégie à adopter: celle de la différenciation. Les manufacturiers doivent développer des produits à valeur ajoutée, exploiter davantage la personnalisation de masse, raffiner le service et la livraison, augmenter la rapidité d’exécution et être capable de lire le marché», indique M. Michaud.
Selon M. Larivière, plusieurs manufacturiers sont appelés à disparaître au cours des prochaines années. Il ajoute que le premier critère des Asiatiques n’est pas la qualité, mais la vente de leurs produits. «Lors d’une commande, il faut acheter en grosses quantités. Et si le produit ne se vend pas, nous demeurons pris avec des surplus d’inventaires».
De son côté, M. Michaud estime que les détaillants qui font affaire avec des fabricants québécois n’ont pas ce dilemme: celui des inventaires. «Compte tenu de la situation économique qui prévaut dans notre secteur, le problème des inventaires ne se pose plus avec des fournisseurs québécois. Les détaillants peuvent commander au fur et à mesure que la demande se présente».
Selon Statistique Canada, l’industrie canadienne du meuble est le cinquième plus grand exportateur de meubles au monde.