26
Aug

Un retard de 15 ans à rattraper

Partager :
Auteur:  

Qui plus est, « plus de 80 % de l’équipement nécessaire pour le projet du Fonds du développement nordique (ex-Plan Nord) sera acheté à l’étranger puisqu’on ne pourra pas répondre à nos besoins intérieurs », si on en croit Frédéric Chevalier, directeur général du Réseau de la transformation métallique du Québec (RTMQ).

Ces données font bondir Serge Bouchard, directeur général du Regroupement des équipementiers en automatisation industrielle (REAI), une association créée en 2004 et comptant plus de 100 membres.

Selon lui, « on ne fait pas face à une conspiration pour détruire l’économie locale ; c’est plutôt que les dirigeants d’entreprises ne connaissent pas ce marché. Il faut donc donner un sérieux coup de main ».

Le groupe demande ni plus ni moins de faire de l’automatisation une priorité économique nationale. La croissance et la pérennité des PME dépendent en grande partie de l’automatisation-robotisation manufacturière.

L’automobile en pole position

Par ailleurs, ces équipements technologiques perfectionnés sont surtout présents dans les secteurs à volumes de masse. Ainsi, la densité moyenne de robots par 10 000 travailleurs est de 10 à 15 fois plus élevée pour l’automobile (assemblage, peinture, soudage, etc.) que pour les autres secteurs d’activité.

Le domaine agroalimentaire (yo-gourts, bières, bouteilles d’eau, gâteaux Vachon, etc.), le secteur primaire (mines, aluminium, forêt, etc.), tout comme ceux des cosmétiques et de la pharmaceutique possèdent un bon potentiel. De plus, ces machines font également leur apparition dans des secteurs qui ont de plus petits volumes, comme l’aéronautique et la transformation métallique.

Dans l’avenir, les activités qui vont justifier cette révolution pourraient bien être les opérations nécessitant beaucoup de main-d’œuvre ou encore celles qui limitent les cadences. Les opérations effectuées ou contrôlées par des humains et qui exigent une constance difficile à maintenir de même que les ouvrages répétitifs causant des problèmes d’ergonomie ou dangereux pour le travailleur sont principalement visés.

Toutefois, c’est probablement dans le contrôle des procédés que l’on trouve le plus de potentiel. « Cette tâche est automatisable notamment par la vision artificielle (numé-rique), précise Louis Dicaire, directeur des ventes du groupe AGT. La vérification de l’équipement en amont permet d’éviter des problèmes de qualité. À titre d’exemple, un système de vision qui vérifie et corrige en continu certaines mesures est plus rentable qu’un système de qualité en fin de ligne. »

Des machines intelligentes

Les automates ont évolué à la vitesse de l’éclair. Ce qui prenait 100 heures par pièce de façon manuelle, entre autres la découpe et le meulage de pièces de grande dimension, ne prend aujourd’hui que 40 minutes. Un système d’ébavurage automatisé peut, par exemple, dans certains cas, se substituer à un opérateur placé dans une situation potentiellement dangereuse pour sa santé et sa sécurité.

De plus, certains systèmes automatisés permettent d’optimiser l’utilisation des matières premières et de réduire les déchets. C’est le cas du robot-peintre qui réduit considérablement les quantités de peinture employée et, en conséquence, les volumes de polluants (dont les composés organiques volatiles (COV) émis dans l’atmosphère.

Le robot-soudeur, quant à lui, diminue la consommation d’énergie : il ne se trompe pas ; tout est précis et il soude avec la bonne quantité de métal à la bonne place. Contrairement à l’être humain, le robot ne se fatigue jamais; il peut travailler 24 heures par jour. Enfin, les machines se reconnaissent entre elles et se communiquent l’information adéquate.

Le robot : ami ou ennemi ?

Mais la grande question demeure : la robotisation fait perdre des emplois, vrai ou faux ? Pour plusieurs, en effet, la mise en place de technologies d’automatisation réduit le nombre de travailleurs dans les usines, ce qui augmenterait le taux de chômage. Pour d’autres, l’introduction de l’automatisation permet aux entreprises d’accroître leur productivité, ce qui, à terme, favorise la croissance économique et génère ainsi de nouveaux emplois. Qu’en est-il réellement ?

Selon un rapport du REAI remis à la ministre déléguée à la Politique industrielle et à la Banque de développement du Québec, Élaine Zakaïb, « l’accroissement du nombre de robots engendre un impact positif sur le taux de chômage, même en Chine, et ce, malgré le faible coût de la main-d’œuvre ». De plus, le type d’emplois, pour sa part, tend à changer. « Les technologies de fabrication de pointe suppriment des emplois peu qualifiés et créent plutôt des postes mieux rémunérés, comme technologues et ingénieurs. »

Toujours selon l’étude, « les robots créent plus d’emplois qu’ils n’en suppriment; l’automatisation favorise les emplois dans le secteur manufacturier. En effet, les investissements dans les technologies de fabrication améliorent la compétitivité des entreprises manufacturières. Ces dernières, plus compétitives, accroissent leurs parts de marché, entrent dans une boucle de croissance et procèdent à des embauches pour supporter cette même croissance. »

La fin du travail manuel?

Le cerveau humain aura toujours sa place dans les opérations de fabrication, particulièrement pour les applications nécessitant de la subjectivité et de la flexibilité. « Un jour, toute production sera hautement automatisée, surtout dans les domaines où prédominent le volume et la prévisibilité, mais ne sera jamais entièrement mécanisée », conclut Éric Beauregard, président de AV&R, deve-nue, depuis la fusion avec le groupe IMAC, la plus grande société d’ingénierie québécoise spécialisée en automatisation.

Le point de vue humain est essentiel, car un employé peut évaluer une situation de façon subjective et prendre une décision. Pour éliminer l’exécution manuelle, il faudrait avoir recours à l’intelligence artificielle, une technologie qui n’est pas encore au point, selon l’avis des experts.

SAVIEZ-VOUS QUE?

  • Certains départements d’usine utilisant des robots peuvent fonctionner quasi sans lumière et à basse température et ainsi économiser de l’énergie.C’est du moins ce que pratiquent les dirigeants d’une usine du nord de Montréal, qui réalisent que la présence humaine n’est pas nécessaire en tout temps durant la production.

Lire notre plus récent magazine
Nos annonceurs