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Selon le ministère du Développement économique, Innovation, Exportation (MDEIE), le Québec a perdu 1 100 emplois dans le secteur de la recherche pharmaceutique depuis 2008. Une saignée qui serait toutefois sur le point de prendre fin grâce à la mise en place d’un nouveau modèle d’affaires.

« Le pire est derrière nous. L’industrie va se remettre en marche et plusieurs annonces sont à prévoir au cours de 2012, mais nous ne pouvons rien dévoiler pour l’instant. Nous sentons une tendance aux alliances entre les différentes entreprises de biotechnologie et les chercheurs. Il se bâtit des consortiums, la recherche sort des murs privés des entreprises », mentionne Michèle Houpert, directrice de la direction de la santé et des biotechnologies au MDEIE. Un partenariat qui s’accentuerait aussi de plus en plus entre le public et le privé.

L’industrie n’avait pas le choix de procéder à ces changements en raison du haut risque relié à la recherche et des coûts faramineux qu’il faut investir pour développer un nouveau médicament. «La recherche pour des médicaments de masse est plus rare. Les blockbusters sont terminés. On se dirige de plus en plus vers une médecine dite plus spécialisée, qui touche moins de gens à la fois.

Les compagnies doivent aussi composer avec de plus en plus de règlements lors des études cliniques de phase II. Le gouvernement refuse aussi régulièrement l’inscription de produits remboursés, ce qui fait mal car il est le plus gros acheteur de médicaments. Cela crée une pression énorme sur les coûts de la recherche», ajoute Houpert.

La planète en compétition

Si le Québec a connu des difficultés, il n’est pas le seul selon Michèle Houpert. « Toute la planète a vécu ce choc, ce n’est pas exclusif à ici. » Mais la compétition internationale demeure féroce, un défi auquel doivent faire face les chercheurs de cette industrie. « Nous sommes bien positionnés. Nous occupons tous les maillons de la chaîne de la conception d’un médicament à sa sortie sur les tablettes.

Il ne faut toutefois pas se mettre la tête dans le sable, même s’il s’agit d’une industrie difficile à délocaliser, en raison des exigences de qualité de certains mandats de fabrication exigeant un faible niveau technologique, ainsi que des contrats de recherche pouvant être envoyés en sous-traitance dans des pays émergents. C’est ce qui fait le plus mal. »

Par chance, l’industrie des sciences de la vie est de plus en plus sophistiquée, ce qui lui permet de sortir son épingle du jeu. « Depuis 10 ans, il y a une tendance à l’automatisation. C’est un apport pour les chercheurs et cela accélère la recherche. On teste par exemple des échantillons sanguins plus rapidement et en plus grande quantité. Ce qui améliore la qualité des produits », mentionne Samir Mounir, directeur de BIOPOLE et Cité de la Biotech à Laval.

Le soutien gouvernemental

Pour tenir tête au monde, la technologie n’est pas tout. Samir Mounir est catégorique : il faut davantage de soutien de la part du gouvernement. « Il y a de moins en moins d’investissement gouvernemental. »

Preuve à l’appui, depuis 2006, les dépenses en R&D ont chuté à un niveau inférieur à celui de 2011. Un avis partagé par un groupe d’experts dans leur rapport Innovation Canada : Le pouvoir d’agir, qui recommande entre autres au gouvernemental fédéral de « simplifier le programme de la recherche scientifique et du développement expérimental en basant son crédit d’impôt pour les PME sur les coûts liés à la main-d’œuvre.

Réaffecter une partie du crédit d’impôt à une série plus complète d’initiatives de soutien direct aux PME pour les aider à devenir des entreprises concurrentielles de plus grande taille. Aussi, aider les entreprises innovantes à forte croissance à accéder au capital de risque dont elles ont besoin en établissant de nouveaux fonds, là où il y a des lacunes. »

Pour Russel William, président de Rx&D, une association de compagnies de recherche pharmaceutique de pointe, un investissement gouvernemental accru est rentable pour la société. « L’utilisation de médicaments nous permet de mieux gérer les maladies. Elle réduit le taux d’hospitalisation et donne la possibilité aux patients de sortir plus vite de l’hôpital. Nos médicaments représentent 5 % des coûts du système, il ne faut pas faire un débat trop restreint sur cette question. »

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