L’industrie électrique et électronique représente un poids important dans l’économie québécoise avec plus de 8 milliards de dollars de livraison manufacturière et 40 500 travailleurs répartis dans 680 entreprises au Québec. La capitale nationale est la troisième région en importance dans le domaine électronique avec 16,6 % des entreprises qui sont pour la plupart des petites entreprises de moins de 50 employés. C’est ce qu’annonce le comité sectoriel de la main d’œuvre de l’industrie électronique et électrique (Élexpertise) dans son dernier rapport datant de juillet 2009.
Dans le secteur de l’assemblage des composants électroniques, la Chine a pris le relais et les quelques rares entreprises qui persistent et signent dans ce domaine s’en sortent uniquement parce qu’elles sont dans une niche particulière. La fabrication de produits à forte valeur ajoutée, caractéristique de l’économie québécoise, est d’ailleurs ce qui permet à cette industrie de survivre.
« Ces dernières années, beaucoup d’entreprises ont mis des efforts en recherche et développement avant de passer à la production manufacturière de pièces très spécifiques dans le domaine militaire, médical et électronique par exemple », indique Jean-François Poirier, chargé de projet à Élexpertise.
Du côté de la main-d’œuvre, les défis demeurent colossaux. «Dans le contexte économique actuel avec les mises à pied et les fermetures, c’est un peu plus facile pour les entreprises qui ne demandent pas de compétences très élevées. Mais dès qu’on parle de main-d’œuvre spécialisée, il devient très difficile de recruter dans la région de Québec. Comme par exemple les techniciens en électronique, instrumentation ou mécanique de conception, les ingénieurs en mécanique. Les entreprises ayant de bons éléments doivent redoubler d’efforts pour maintenir leur personnel en place, surtout avec les nombreux départs à la retraite », reconnaît M. Poirier.
Si la crise économique a provoqué un ralentissement, les entreprises du secteur ont été relativement épargnées parce qu’elles sont justement dans des marchés de niche, soutient Jean-François Poirier qui pense que l’industrie va se stabiliser dans les prochaines années.
Mais pour maintenir ou augmenter leur chiffre d’affaires, les entreprises devront innover pour percer de nouveaux marchés, acquérir d’autres entreprises et accroître leur capacité de production.
Située à Saint-Nicolas, la compagnie SEM électronique œuvre dans l’assemblage de produits électroniques. Un secteur excessivement concurrentiel dominé par l’Asie où les marges nettes sont presque ridicules.
« On doit continuellement se battre pour conserver notre marché, avoue René Boutin, directeur des relations commerciales. C’est notre modèle d’affaires qui fait notre force. Elle n’est pas basée sur la commande pour un client mais sur une relation à long terme qui le fidélise et l’implique dans notre réalité d’entreprise. Sans cette stratégie, on ne résisterait pas ». SEM Électronique a également investi dans l’automatisation de certaines tâches, ce qui lui permet d’être plus compétitif et flexible sur ce marché.
Le marché à Montréal, plus proche du modèle américain axé sur la performance pure, est différent du marché de Québec où les compétiteurs ont tout de même un certain respect les uns envers les autres, constate René Boutin. «Sans doute parce qu’on se côtoie dans les évènements et que les ressources humaines se transfèrent d’une entreprise à une autre », dit-il.
La crise économique a eu un impact limité sur les résultats de l’entreprise selon M. Boutin. «Certes, nous avons pris du retard sur la prise de commandes, mais elles n’ont pas été annulées. On s’attendait à une baisse majeure qui a été bien contrôlée», affirme t-il. Nous avons été soutenus par notre maison-mère, et on s’en est sorti parce qu’on fait un suivi avec nos clients. On en a profité pour garder notre personnel et le former. »
Ce contexte économique a aussi permis à l’entreprise de mieux se redéfinir, d’améliorer sa visibilité, de capitaliser sur des erreurs que d’autres concurrents ont commis pendant la crise et même d’améliorer sa marge en matière d’exportation avec les États-Unis. Ce qui lui permettra l’année prochaine de s’ouvrir à d’autres marchés.