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Un changement de paradigme s’impose : l’économie circulaire

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La population de la planète s’accroît à un rythme effarant depuis plusieurs décennies, ce qui génère une pression sans précédent sur les matières premières, les ressources. Sans adopter de nouvelles façons de faire plus responsables, il pourrait en résulter une pénurie de ressources. « Il s’agit d’une crise sociale autant qu’économique. Actuellement, 90% de nos ressources sont utilisées une seule fois à l’échelle globale alors que seulement 10% sont dans un modèle circulaire de réutilisation », explique Daniel Normandin. « C’est un nouveau système de confection de produits pour la consommation qui prône l’augmentation de la productivité des ressources. Il faut arriver à faire mieux que ce que l’on fait présentement. Pensons simplement à l’énergie, surtout fossile, utilisée actuellement pour extraire nos ressources. Nous sommes dans un cercle vicieux et il y a urgence d’agir, de faire autrement. »

Regroupant le plus grand nombre de scientifiques au Canada en EDDEC, l’Institut EDDEC est un carrefour des initiatives en environnement, développement durable et économie circulaire à l’École des hautes études commerciales et sur le campus de l’Université de Montréal. L’Institut offre une approche systémique et multidisciplinaire des grands enjeux de la planète. L’Institut couvre tout le spectre des disciplines scientifiques, des sciences humaines et sociales aux sciences économiques et aux sciences naturelles en passant par l’ingénierie.

Depuis août 2015, l’Institut et une quinzaine de partenaires, dont Recyc-Québec, ont mis sur pied le Pôle de concertation québécois sur l’économie circulaire. À la base, l’économie circulaire repose sur 12 stratégies, dont l’éco-conception, qui veut utiliser moins de ressources pour atteindre les objectifs. « L’accueil dans l’industrie est plutôt favorable. C’est le premier modèle économique orienté développement durable qui plait tant aux gouvernements de tous les paliers qu’aux entrepreneurs, surtout aux PME mais des grandes sociétés y adhèrent également. Le monde semble d’accord qu’il faut graviter vers l’économie circulaire », continue Daniel Normandin.

Le 5 décembre dernier au Palais des congrès de Montréal, plus de 400 entreprises et intervenants des milieux industriels, gouvernementaux et sociocommunautaires ont accepté l’invitation de Recyc-Québec à participer aux premières Assises québécoises de l’économie circulaire. Des entrepreneurs ont parlé des efforts déployés pour adopter le modèle circulaire et les bénéfices qu’ils en retirent, des organismes gouvernementaux ont expliqué comment l’économie circulaire peut être implantée sur un territoire donné, etc. En Amérique du Nord, le Québec est sans contredit le chef de file de l’économie circulaire alors que le reste du Canada a emboîté le pas l’automne dernier en lançant diverses initiatives. Les États-Unis trainent de la patte dans ce dossier.

Mais l’Europe et l’Asie possèdent une longueur d’avance alors que la notion fait son chemin depuis une vingtaine d’années. Par exemple, des lois facilitant l’implantation de l’économie circulaire ont été adoptées au Japon en 2000 et en Chine en 2002, alors que l’Union européenne a investi plus d’un milliard d’euros en économie circulaire au cours des dernières années. Les efforts du gouvernement fédéral ont mené à la création de la Circular Economy Leadership Coalition dont l’objectif est d’accélérer l’adoption de solutions de développement durable zéro déchet pour faire du Canada un leader mondial de l’économie circulaire. C’est à Toronto en 2020 que se tiendra le congrès mondial de l’économie circulaire.

La notion d’économie circulaire doit se réaliser avec une contribution de tous les acteurs de la chaîne de valeur et repose sur quatre piliers :

  1. Repenser pour réduire la consommation de ressources et préserver les écosystèmes.
  2. Utiliser les produits plus fréquemment.
  3. Prolonger la durée de vie des produits et des composants.
  4. Donner une nouvelle vie aux ressources.

Alors qu’au Québec, ce sont surtout les PME qui emboîtent le pas, dans le reste du Canada, de gros joueurs comme Unilever, Loblaw, Lowes, Canadian Tire, IKEA sont des locomotives se tournant vers l’économie circulaire. Certaines municipalités conçoivent de nouveaux parcs en y incluant des infrastructures facilitant l’éclosion de l’économie circulaire dans les opérations des entreprises qui s’y établissent. Tous ces intervenants reconnaissent les forces de l’économie circulaire, parmi lesquelles se trouvent :

  • La création de richesses grâce à la valeur ajoutée attribuée aux matières, en les gardant chez nous, en favorisant les emplois et l’économie locale.
  • L’implantation d’un levier de croissance économique où foisonnent de nouveaux modèles d’affaires et l’éclosion de technologies et produits moins gourmands de nos ressources et à faible empreinte environnementale.
  • Une source d’innovations pour repenser les façons de faire et de consommer.
  • Une solution durable de réduction des gaz à effet de serre (GES) et les impacts environnementaux du transport et de la production.

Lors des Assises de décembre dernier, plusieurs participants se montraient inquiets par rapport au manque de ressources formées pour implanter l’économie circulaire. C’est une situation à laquelle tentent de remédier des institutions académiques comme l’Université de Montréal, qui offre des programmes de second cycle dans des sphères connexes. L’Institut EDDEC organise au cours de l’été des petites sessions intensives de formation en économie circulaire. Le Québec est en train de se doter des outils nécessaires pour demeurer un chef de file de la transition de l’économie linéaire vers l’économie circulaire en Amérique du Nord. Et le premier pas dans cette direction est de faire tomber les paradigmes.

« Pour transformer le modèle linéaire vers l’économie circulaire, il faut mobiliser toute la chaîne des valeurs dans son ensemble. Il doit y avoir une collaboration sans précédent de tous les partenaires, car la chaîne des valeurs deviendra avec le temps une boucle des valeurs. Des urbanistes seront mis à profit afin de développer des villes prospectives et la collectivité adoptera une nouvelle façon de faire créatrice de richesses, faisant ainsi un pas de plus pour sauver la planète et ses ressources », de conclure Daniel Normandin.

Par Guy Hébert

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