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Un avenir plutôt réservé aux créateurs et aux produits sur mesure

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C’est du moins ce qu’indique Diane Tremblay, directrice générale du Centre des métiers du cuir de Montréal. «Chaque année, nous accueillons une douzaine d’étudiants pour leur enseigner les techniques en confection d’accessoires personnels dans le cuir. Le cours porte sur une foule de produits, allant de la ceinture au sac à main et au porte-document, excluant les chapeaux, les vêtements et les chaussures. La formation porte sur la création, la production et la mise en marché».

Selon Mme Tremblay, l’avenir de l’industrie est plutôt sombre et croit que les étudiants doivent penser à devenir autonomes ou à mettre sur pied leur micro-entreprise. «Ils peuvent toujours songer à joindre l’industrie à la condition d’avoir les capacités de réaliser sur demande des prototypes».

Baisse d’emplois

Depuis la fin de l’Accord sur les textiles et les vêtements (ATV) en janvier 2005, le nombre d’emplois n’a jamais cessé de diminuer dans l’industrie du textile et du cuir. Selon Statistique Canada, la période 2007-2009 devrait enregistrer une baisse de son rythme annuel d’emplois de 2%.

Jusqu’à la fin des années 80, Montréal était le principal employeur manufacturier dans le textile et le cuir. Toutefois, le portrait a bien changé depuis que la Chine et d’autres pays émergents disposent de la technologie pour fabriquer les mêmes produits à des coûts nettement moins élevés. Plusieurs manufacturiers ont déménagé leurs activités au Mexique, en Inde, au Brésil et en Chine ou tout simplement cessé d’opérer.

«Nous sommes en train de perdre un savoir-faire et nous demandons au(x) gouvernement(s) de se pencher immédiatement sur ce problème pour protéger son industrie en établissant, par exemple, une formule de quotas. Ce qui est le cas pour les Forces Armées canadiennes qui doivent acheter les chaussures de leurs soldats au pays. Une loi canadienne les y oblige».

Coûts de production

Tout réside dans les coûts de production et de main-d’œuvre. Dans son plus récent rapport sur l’état de l’industrie, Statistique Canada rapporte que «les entreprises les plus vulnérables seront celles spécialisées dans la confection à forfait, qui ne réalisent pas d’activités de conception et de design, qui demeureront captives du marché local et qui ne réussiront pas à abaisser leurs coûts de production».

L’étude poursuit en disant que l’industrie du cuir est sujette à se limiter à des productions spécialisées et à des activités de design et de conception.

Au Centre des métiers du cuir de Montréal, on partage le même point de vue. «Au chapitre de la création et de la conception, les Québécois ont beaucoup de talent. Mais le problème demeure entier puisque la production se déroule là où les investisseurs obtiennent un meilleur rendement sur le capital investi. Faire de la création pour de la production de masse exige de la recherche et du développement, ce qu’on ne peut pas obtenir sans les capitaux nécessaires», poursuit Diane Tremblay.

«Chez nous, au terme de leur diplôme collégial, les étudiants se dirigent à leur propre compte, d’autres décrochent un emploi au Cirque du Soleil ou encore travaillent à temps partiel dans la création à petite échelle».

Chaussure

La chaussure, qui occupe une place importante dans l’industrie du cuir, est durement éprouvée par la concurrence étrangère. Là encore, Statistique Canada attribue le mal non seulement aux pays émergents, mais aussi à la valeur du dollar canadien qui ne cesse d’augmenter par rapport à la devise américaine. Selon Diane Tremblay, les consommateurs peuvent déjà remarquer les conséquences négatives.

«Avez-vous noté qu’il n’existe plus de chaussures avec un demi-point? Nous sommes un pays nordique et que va-t-il se passer lorsque la Chine aura le contrôle absolu sur la fabrication des chaussures et des bottes? Les prix vont grimper et c’est pourtant un besoin essentiel chez nous».

Ayant pignon sur rue depuis 1989, le Centre des métiers du cuir de Montréal est la dernière institution au Québec qui offre une formation complète sur la fabrication de la chaussure. Elle est disponible aux entreprises qui en font la demande. «C’est offert de façon ponctuelle aux employés des entreprises qui travaillent dans ce secteur». D’ici là, Mme Tremblay souhaite vivement que les élus politiques adoptent des mesures pour protéger ce qui reste d’une industrie menacée de disparaître au chapitre de la production de masse.

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