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Feb

Transport avancé : bien plus que la voiture électrique

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Il faut dire que les Laurentides ont tout pour jouer dans la cour des grands dans ce domaine. D’abord, la région est forte d’une tradition d’une quarantaine d’années en ce qui concerne la fabrication de pièces et l’assemblage de véhicules de transport. Elle compte aussi sur son territoire une quarantaine d’entreprises, qui embauchent quelque 3 600 personnes, et parmi elles se retrouvent de très grands joueurs tels : Paccar, Nova Bus et Doppelmayr. À cela s’ajoutent quatre centres d’expertises, soit le Centre d’expérimentation des véhicules électriques du Québec (CEVEQ) et les trois centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT).

Il y a la voiture et il y a les autres

Quand on parle de transport avancé, on pense tout de suite à la voiture électrique, mais en réalité ce domaine est beaucoup plus large. Chez nous, il s’inscrit dans quatre sous-secteurs économiques soit : les filières automobiles, les véhicules commerciaux, les véhicules spéciaux et récréatifs et le transport ferroviaire.

« La petite voiture électrique développée chez nous est un rêve, car dans ce domaine c’est l’Asie qui domine encore. Toutefois, il y a un paquet d’autres secteurs où nous avons plus de chance. Ce ne sont peut-être pas des avancées glamour, mais cela nous permet de marquer des points et de créer des emplois », mentionne Hugo Marsolais, directeur des opérations à l’Institut du transport avancé du Québec (ITAQ), qui travaille en moyenne sur une trentaine de projets commandés par les industriels.

D’ailleurs, en ce moment les chercheurs s’affairent surtout sur le développement de la motorisation électrique, les solutions de stockage d’énergie lithium-ion performantes, sur le biocarburant et sur l’efficacité énergique qui peut se traduire par des véhicules plus légers.

Tout cela mène à des projets bien concrets dont certains ont même déjà vu le jour comme le mentionne M. Marsolais. « Certains industriels travaillent sur des motos sport et des autobus électriques, d’autres sur des motoneiges hybrides. Dernièrement, nous avons réalisé un prototype de véhicule électrique destiné aux activités minières. Baptisé Le Minautor, il permet de diminuer les coûts d’exploitation des entreprises minières en éliminant les gaz nocifs. En effet, les véhicules miniers sont équipés de moteurs diesel dont les gaz qui s’en échappent doivent être évacués mécaniquement à la surface. Les coûts de ventilation, de chauffage et de climatisation de l’air neuf représentent jusqu’à 40 % de coûts d’exploitation de ces entreprises. »

Les projets ont beau être nombreux, ils ne seraient sans doute que du vent s’il n’y avait pas des industriels pour s’engager dans cette voie. « Pour rester compétitifs, les entrepreneurs n’ont pas d’autres choix que de faire mieux, mais il faut du courage pour se lancer dans de tels projets, car rien ne garantit que ça va déboucher sur quelque chose », mentionne M. Marsolais. Malgré les risques, plusieurs se lancent quand même.

D’abord pour des raisons de compétitivité, de rentabilité, mais aussi pour des considérations environnementales comme le mentionne Pierre Lavallée, directeur du créneau ACCORD transport avancé. « Le transport avancé travaille, oui pour des bénéfices économiques, mais aussi pour l’environnement et une meilleure efficacité énergétique. »

Tous ensembles vers un même objectif

Pendant que les chercheurs développent, les entrepreneurs sont loin de rester les bras croisés. Dans le cadre du projet ACCORD, sept d’entre eux s’assoient autour d’une table avec des intervenants économiques, et ce, au moins tous les deux mois, pour discuter de ce secteur.

« Nous venons d’industries vraiment différentes, mais le regard que portent les autres sur le transport avancé nous donne une autre expertise. Cela nous sert vraiment dans notre réflexion. Nous savons qui fait quoi et où aller pour obtenir certaines ressources », mentionne René Allen, vice-président gestion et stratégie de produits chez Nova Bus.

En effet, l’avantage du créneau pour ces gens d’affaires c’est qu’il leur permet d’une part de discuter, d’échanger des informations, de réfléchir et de regarder ce qui se fait au niveau mondial, mais aussi cela leur donne la possibilité d’entreprendre des projets communs. « Il y a une synergie d’entreprise qui se crée et il y a des choses que l’on fait ensemble, ce qui permet de partager les ressources et d’avancer plus vite », mentionne M. Allen.

Toutefois, loin de se refermer sur lui-même, ce créneau ACCORD a aussi entrepris des liens avec les trois autres régions qui possèdent, elles aussi, ce créneau d’excellence. « C’est une démarche qui doit être inclusive, ce n’est pas uniquement l’apanage des Laurentides. C’est un appel à la mobilisation. C’est le Québec qu’il faut positionner », conclut M. Lavallée. Ce à quoi ajoute M. Allen que pour y arriver, une volonté forte du gouvernement aussi est nécessaire. « On a besoin que Québec s’implique et supporte les entreprises, c’est la base pour débuter. »

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