Par exemple, pour simplement ramasser une feuille de papier au sol, il a été démontré que la dépense énergétique liée à la flexion des genoux étant très grande comparativement à la légèreté de la charge ; il devient plus judicieux d’effectuer une flexion au niveau du tronc afin d’éviter la fatigue musculaire inutile. Comme quoi, en matière de manutention, il vaut mieux éviter de se limiter à l’application de techniques préfinies mais plutôt développer sa capacité d’adaptation pour faire face à la variabilité des situations de manutention possibles.
Il est néanmoins justifié de s’attarder aux méthodes sécuritaires de manutention afin de prévenir des lésions professionnelles. Au Québec, au cours des cinq dernières années, plus de 69 000 cas de lésions au dos liées à la manutention ont été répertoriés[1]. Ainsi, pour choisir la bonne méthode de manutention et puisqu’aucune technique prédéfinie n’est à elle seule la bonne solution, voici des pistes d’actions à prioriser lors de soulèvement de charge.
D’entrée de jeux, tout repose sur l’analyse de la situation. L’objectif principal est de déplacer les charges en minimisant les coûts. En termes de coûts, nous sous-entendons les coûts de fatigue musculaire et les coûts d’impact au niveau lombaire. Il faut comprendre que la manutention manuelle exige une mobilisation complète au niveau du corps, en plus de prendre en compte la masse de la charge et le temps de soulèvement. La recommandation principale est d’analyser la tâche à effectuer, ainsi le nombre de répétitions, le poids, le type de prise, la tenue des lieux.
Ensuite, ce que nous recommandons est d’essayer de respecter l’alignement articulaire normal du corps. La colonne vertébrale possède des courbes naturelles, nous voulons préserver ces courbes afin de conserver un alignement articulaire. Lors d’un bon alignement articulaire, le corps est le mieux adapté pour supporter des pressions. Dans ce même principe, il vaut mieux déplacer l’orientation des pieds que d’effectuer une torsion pour le déplacement et lors du dépôt de la pièce. On privilégie d’ajuster sa position par rapport à sa tâche, pour être face à celle-ci.
Un autre principe qu’il ne faut pas sous-estimer est le rapprochement au centre de gravité. Plus la charge est éloignée du corps, plus sa masse augmente et influe par le fait même la force que l’individu doit déployer pour soutenir celle-ci. Par ce principe, il est recommandé de toujours conserver les charges près de vous.
Une méthode qui convient pour des charges plus légères, c’est la technique du balancier. Celle-ci doit être réalisée de façon suivante ; prendre un appui, puis élever une jambe pour soulever la charge. Cette technique permet de conserver un bon alignement articulaire et aussi de diminuer la fatigue qui s’accumulera au cours d’une journée dûe à une flexion répétée au niveau des jambes.
Pour soutenir les travailleurs aux prises avec des tâches de manutention manuelle, des équipements ou aides techniques peuvent être utilisés. Des chariots, des chariots élévateurs ou encore des collègues de travail peuvent être requis pour minimiser la durée de mise en charge. Cela réduit considérablement l’effort déployé et ainsi diminue les risques de lésions. Bien sûr, un mode de vie actif et des abdominaux plus endurants peuvent aussi diminuer les risques d’inconfort lombaire.
Finalement, le choix d’une formation en manutention et des interventions pratiques est à privilégier pour les travailleurs exécutant de la manutention, cela permet d’être proactif, de viser la prévention pour un milieu de travail sain et sécuritaire et de diminuer les lésions professionnelles.
Maggie Lambert, B.Sc. Kinésiologue, consultante Synetik mlambert@synetik-di.com