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Taux d’intérêt et pénurie de main-d’œuvre : près de 60% des entreprises québécoises réduisent leur plan de croissance

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Par Claude Boucher

Selon un sondage1 réalisé par le cabinet d’avocats Lavery en collaboration avec Léger, dévoilé le 12 juillet dernier, près de 60% des entreprises québécoises ont ralenti leur plan de croissance, en raison des enjeux monétaires et de la pénurie de main-d’œuvre. Le sondage révèle toutefois que 44% des organisations restent toutefois à la recherche d’occasions de croissance dans l’année qui vient.

« Ces statistiques sont intéressantes », nous dit Simon Clément, associé directeur du bureau de Québec du cabinet d’avocats Lavery. « Les chiffres qui font voir que les entreprises ralentissent la croissance. Elles ont toujours le désir de croitre, mais avec une réalité moindre. »

Si 47% des entreprises des secteurs des services professionnels, scientifiques et techniques ont constaté un ralentissement dans leurs objectifs de croissance, c’est le secteur de la construction qui semble le plus touché, avec les deux tiers (67 %) des entreprises qui ont vu leur plan de croissance ralentir.

Taux d’intérêt

Avec la Banque du Canada qui vient d’augmenter le taux directeur d’un quart de point de pourcentage, pour atteindre 5%, un niveau record depuis 2001, pas surprenant que les taux d’intérêt préoccupent les entreprises et aient un impact sur leurs projets de croissance et d’investissement. Le coût de l’argent est cité par les répondants au sondage comme l’un des principaux freins à la croissance, notamment du côté des acquisitions, nous confirme Simon Clément, qui est aussi président du club M&A (merger and acquisition, ou fusion et acquisition) de Québec.

« Les acquisitions ralentissent, et les modalités ont changé aussi. La tendance qu’on voit en ce moment, c’est qu’il y a moins de transactions, elles sont plus longues à se concrétiser, les conditions ont été modifiées, donc il y a un certain ralentissement. Ce qu’on voit plus dans le marché, c’est qu’il y a beaucoup de réorganisation, les sociétés se réorganisent. »

Pénurie de main-d’œuvre et programmes d’intéressement

Toujours selon le sondage, la rareté de main-d’œuvre constitue pour le quart des répondants le principal enjeu et le principal frein à la croissance. Et parmi les stratégies pour faire face à cet enjeu, les programmes de transfert d’actions aux employés clés de l’entreprise ont de plus en plus la cote. Ces deux dernières années, la proposition de parts dans l’entreprise aux employés clés est une initiative de plus en plus privilégiée par les organisations pour attirer, mobiliser et retenir leur personnel. Que ce soit par le biais de la rémunération partiellement versée en action ou de la vente pure et simple d’actions aux employés, cette solution est de plus en plus envisagée, notamment dans le contexte d’une pénurie de relève chez les entrepreneurs fondateurs.

« Les gens essaient de se réorganiser pour intéresser leurs employés, avec entre autres des régimes participatifs, pour les conserver, les motiver et réduire les mouvements. »

Selon Simon Clément, les programmes d’intéressement ont deux objectifs et deux effets bien distincts. D’une part en offrant la possibilité de participer financièrement dans l’entreprise, on crée un plus grand engagement des employés, qui seront donc moins enclins à quitter l’entreprise. D’autre part, il s’agit d’un mécanisme intéressant pour graduellement assurer la relève entrepreneuriale.

Des entreprises mal outillées

Que ce soit pour divers programmes de recrutement ou rétention de main-d’œuvre, pour des acquisitions ou autres transactions importantes liées au contexte économique, plusieurs répondants au sondage se sentent mal outillés face au contexte actuel. Plus de la moitié des répondants considèrent engager un professionnel juridique pour des activités telles qu’une acquisition (67 %), le repreneuriat ou donner des actions de l’entreprise à des employés clés (55 %) et les mises à pied (50 %). Et c’est d’ailleurs ce qui a mené le cabinet Lavery à effectuer ce sondage, nous dit Simon Clément.

« On voulait sonder les entreprises, savoir quel était leur plan pour le futur, est-ce qu’il y avait de la croissance en vue, quels étaient leurs enjeux. On voulait voir comment on pouvait les aider. »

L’associé directeur du bureau de Québec du cabinet Lavery souligne qu’en ce sens, le rôle de l’avocat a bien évolué au fil des ans.

« On est plus des partenaires. Auparavant, quand on parlait de croissance, on parlait de comptables. Aujourd’hui, oui, le comptable reste un joueur important, mais les avocats doivent participer d’entrée de jeu dans le processus, parce qu’on peut les conseiller, les guider, faire de la fiscalité, regarder la structure du capital-actions, les conventions entre actionnaires pour s’assurer que les relations entre actionnaires soient bien définies. Notre recommandation, c’est de dire aux entrepreneurs de parler avec leurs avocats dès le début. C’est un investissement qui vaut la peine, pour faciliter la croissance, conserver les employés et passer à travers tous les écueils du marché. »

1 Les résultats ont été obtenus à l’aide d’un sondage Web réalisé par Léger du 3 au 18 mai 2023 auprès d’un échantillon de 200 décideurs/influenceurs en entreprise au Québec œuvrant dans l’un des secteurs suivants : Administration publique / Agriculture, foresterie, pêche et chasse / Construction / Extraction minière, exploitation de carrière et extraction de pétrole et gaz / Fabrication / Finance et assurance / Gestion de sociétés et d’entreprises / Industrie de l’information et industrie culturelle / Services professionnels, scientifiques et techniques / Services immobiliers et services de location et de location à bail.

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