Jusqu’à tout récemment, le leaky feeder constituait le principal système de communication souterraine. Un câble radiant était alors déployé dans les différents tunnels de la mine, émettant et recevant les ondes radio, agissant en quelque sorte comme une antenne.
Le câble, non totalement étanche, permet alors de laisser sortir ou entrer le signal radio. À cause de ces pertes toutefois, on devait installer des amplificateurs à intervalles réguliers, soit environ tous les 350 à 500 mètres. Les ouvriers pouvaient alors capter le signal radio via des récepteurs portables.
Le système a cependant une lacune importante : parce qu’il utilise les fréquences VHF ou UHF, dont les ondes ne peuvent traverser le roc, le leaky feeder n’était optimal que lorsque les ouvriers désirant communiquer entre eux avaient un contact visuel en ligne droite.
Des organismes comme le Laboratoire de recherche TéléBec en communications souterraines, affilié à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), travaillent toutefois à développer des solutions novatrices pour assurer une transmission optimale de l’information.
Ingénieur au Laboratoire depuis 2003, Mohamed Aïlas, travaille activement au développement de ces nouvelles technologies.
« Au cours des dix dernières années, les communications se sont développées en quatre phases distinctes. Lorsque le laboratoire a été créé en 1999, la recherche et le développement se concentraient principalement sur l’amélioration de la transmission de la voix à l’aide de bandes étroites de communication.
Puis, les travaux se sont tournés vers l’instrumentation afin de permettre la transmission de données. Il y a environ quatre ou cinq ans, la vidéo a fait l’objet d’une avancée importante. Les travailleurs miniers pouvaient alors transmettre des images à la surface et ainsi permettre une prise de décision très rapide. Présentement, le laboratoire planche sur un système vidéo sans fil. Nous n’en sommes encore qu’au stade du prototype mais les essais semblent concluants. »
En préconisant l’utilisation de bandes IP plus larges, ce système pourra permettre la transmission de données et de fichiers plus lourds.
De plus, il pourra faciliter les échanges entre les différents systèmes, qu’il s’agisse des systèmes de régulation et de contrôle, de ventilation, ou encore des différents automates qui opèrent en milieu souterrain confiné.
«L’objectif est donc de transformer des systèmes hétérogènes et indépendants les uns des autres en un tout homogène, inter relié et interactif. En prônant l’utilisation de l’Internet, le système permettra donc de recueillir une information précise et adéquate, à la même vitesse que si nous étions à la surface.
Voilà donc une avancée importante qui entraînera inévitablement une hausse de productivité puisqu’elle permettra une réaction quasi immédiate en temps réel», poursuit Mohamed Aïlas. L’utilisation des technologies 60 GHz et ultérieurement de bandes passantes UWB (Ultra Wide Band), basées sur la communication par impulsion, pourrait révolutionner le travail minier et ce, dans un avenir beaucoup plus rapproché qu’on le croit.
Souvent identifié comme l’un des métiers les plus risqués, le travail minier souterrain bénéficie aujourd’hui de technologies qui confèrent au métier une sécurité accrue.
André Zagay, président de Zetec Technologies, une entreprise spécialisée en sécurité électronique, nous parle de l’apport des nouvelles technologies en matière de sécurité souterraine.
« Zetec a notamment développé des systèmes de détection de proximité des employés applicables sur les foreuses entre autres. À l’instar des caméras de recul dont sont équipés certains véhicules automobiles, les foreuses disposent d’un appareil qui capte la présence trop rapprochée d’un travailleur et transmet alors à l’équipement une commande d’arrêt automatique.
D’autres systèmes, développés par Zetec, utilisent la vidéo analytique pour des fins de prévention d’accidents en sous-sol minier. Nous permettons donc aux entreprises minières de répondre plus adéquatement aux hautes normes de sécurité dictées par les gouvernements ontarien et québécois. »
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