Ce sont près de 928 exposants et marques provenant de 50 pays qui ont présentés leurs différents produits aux 17 300 visiteurs professionnels venus d’une soixantaine de pays. « Le salon a connu une croissance de 17 % de son nombre de visiteurs par rapport à 2014 », mentionne Xavier Poncin, directeur exécutif du SIAL Canada.
Au total, près de 10 % des produits présentés par les exposants du SIAL étaient des nouveautés. « La tendance est aux produits plus santé, qui sont plus pratique ou qui font appel à un mélange des saveurs », constate Xavier Poncin. Les dix finalistes du grand concours SIAL Innovation confirme cette mouvance.
« La poutine inversée des Rôtisseries St-Hubert est un bel exemple du côté pratique que les entreprises veulent mettre sur le marché. Il s’agit en fait de bouchées de fromage et de sauce brune enrobées d’une panure à la pomme de terre que l’on réchauffe pour en faire des canapés », souligne M. Poncin.
Plus santé, l’huile de caméline Et Voilà de l’entreprise d’Olimega, s’est aussi retrouvée parmi finalistes. « C’est une entreprise familiale de Saint-Édouard, en Montérégie, qui se spécialise dans l’huile de caméline, une plante ancestrale cultivée au Québec, riche en oméga. Le jury du SIAL a aimé l’aspect santé de cet aliment qui se prête à toutes les utilisations ». Autre produit santé, le tartare aux deux saumons du fumoir de Saint-Augustin-de-Desmaures, dans la région de Québec, s’est également démarqué.
Pour sa part, l’entreprise Bleumer, de Beauport, a osé. Elle a proposé un gâteau au fromage salé rehaussé de saumon fumé que l’on sert en entrée ou en amuse-bouche. C’est toutefois un produit très gourmand, des chocolats fourrés de sorbets et de glaces, qui a été sacré grand gagnant. Ce produit de l’entreprise Essence Dessert de Montréal est fait uniquement d’ingrédients naturels.
Ce n’est pas un secret pour personne, mais les nouveaux accords internationaux avec l’Europe permettront bientôt à ces pays d’importer au Canada un plus grand nombre de fromages. Pour se préparer à ce changement, le SIAL fait une place particulière à plusieurs fromagers du Québec, de l’Ontario et de l’extérieur du pays.
« Nous sommes très heureux de cette participation, car les entrepreneurs ont pris conscience que le seul moyen de baisser leur prix et de se différencier est de vendre plus. Pour ce faire, elles ont présenté des dizaines de fromages et ont mis les armes du marketing à leur service », dit Xavier Poncin.
Le visage du Québec et du Canada change. Selon les prévisions, en 2031, une personne sur trois sera issue des minorités visibles et 50 % sera d’origine étrangère en 2050. Des données qui font dire à Xavier Poncin que les marchés ethniques ne doivent pas être ignorés. « Le Halal est un marché d’avenir estimé à un milliard de dollars. »
André Plante, directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec, est d’avis que le marché local peut offrir des opportunités. Pour le prouver, le Groupe AGÉCO a été mandaté par la Table filière des productions maraîchères, afin de mieux connaître le marché des légumes ethniques et exotiques au Québec.
Les Québécois consacrent 5,6 % de leurs dépenses alimentaires en légumes frais. Ce chiffre est loin des 18 % voire du 30 % ou du 39 % des gens appartenant à des communautés ethniques comme les Afro-Caribéens, les sud asiatiques ou les Chinois.
« L’immigration est sans contredit un facteur majeur qui vient inscrire de nouvelles tendances alimentaires. Aussi, il ne faut pas oublier les consommateurs d’origine québécoise qui, en raison de la mondialisation et de contextes socio-économiques favorables, sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à la cuisine ethnique. Il semble donc y avoir là une opportunité potentielle pour les entreprises », commente Isabelle Charron, présidente du Groupe Agéco.
Dans cette optique, le SIAL avait requis les services de B.K Sethi, un consultant qui a plus de 35 ans d’expérience dans le marché ethnique, afin de donner une conférence sur ces nouvelles opportunités.
Incontournable de l’industrie agroalimentaire puisqu’il en est le plus grand consommateur, l’emballage n’a rien d’anodin. Au contraire, il révolutionne. Plus technologique, pratique, ses limites sont loin d’avoir été fixées. Le SIAL a été un bon endroit pour présenter quelques nouveautés.
Les jus de fruits Chios Gardens ont séduit le jury, car les cartons montraient clairement le nombre de fruits qui ont été pressés dans chaque contenant d’un litre. La marque Arturo Sanchez, qui propose un coffret d’initiation à la dégustation de jambon ibérique, s’est aussi démarquer grâce à son emballage pratique. « C’est en fait une collation qui peut être transportée facilement », dit Xavier Poncin.
Si ces emballages ont été conçus pour en mettre plein la vue, d’autres innovations sont si discrètes que les consommateurs n’y voient que du feu. Question d’avoir une longueur d’avance sur leurs concurrents, les entreprises qui le mettent sur le marché ne sont toutefois pas toujours promptes à se dévoiler dans des salons comme le SIAL, mais elles suivent quand même les mêmes tendances.
Selon l’Institut de technologie des emballages et du génie alimentaire à Montréal (ITEGA), des millions sont investis tous les ans en recherche et développement (3 millions de dollars uniquement au Québec) et une moyenne de 80 entreprises cognent à la porte en quête de solutions à leur problème d’emballage.
Quelques exemples d’innovation : des emballages recourant à la nanotechnologie, les multicouches, ceux avec un système de fermeture intégré. D’autres qui réagissent au taux d’éclairement en changeant de couleur pour filtrer la lumière. Il y a aussi, les étiquettes à identification radio RFID dont le but est de répondre aux exigences de la traçabilité. Ils sont disponibles sous forme de puce tag et prochainement d’encre réactive. Les entreprises peuvent aussi opter pour les films micro perforés ou encore choisir la mise en place de conditions de conservation sous atmosphère modifiée (MAP).
« On peut insérer un gaz inerte (co2, azote, oxygène) au moment de la mise en sac d’une laitue par exemple. De cette manière, on ralentit le processus de vieillissement », explique Louis Papineau, conseiller en emballage et développement des affaires à l’ITEGA.
Du côté de la conservation, de nouveaux emballages technologiques ont permis de prolonger la durée de vie des aliments. « Nous avons eu récemment le cas d’une entreprise qui n’avait pas le choix d’emballer ses légumes, parce que le détaillant ne voulait plus de vrac. C’était une question de survie. Après plusieurs tests, nous avons trouvé un procédé qui permet d’augmenter de 14 jours la conservation de son produit », mentionne Louis Papineau.
L’avenir, les entreprises y travaillent déjà et plusieurs seront au prochain salon SIAL Canada et SET Canada qui se tiendra du 2 au 4 mai 2017 à Toronto. Celles qui souhaitent plus de discrétion ne continuent pas moins de travailler comme l’ITÉGA, dont un projet de puce fraîcheur est en marche. « C’est un emballage intelligent qui grâce à une puce permet de suivre l’évolution de la fraîcheur d’un produit. Ainsi, on sait combien de temps le produit va rester consommable », conclut Louis Papineau.