Le marché domestique a ses limitations pour toutes les entreprises de biens et service et c’est pour cette raison qu’un nombre grandissant de pourvoyeurs de produits et services québécois se tournent vers les marchés hors Québec.
Pour l’homme politique, Pierre Fitzgibbon, l’aventure de l’exportation n’est pas une simple affaire et il est important pour les entrepreneurs de se sentir bien encadrés. C’est ainsi que le gouvernement du Québec a un rôle à jouer auprès des entreprises québécoises.
« On est relativement bon au Québec alors que nos exportateurs livrent 60 % de leurs marchandises et services à l’international et 40 % dans le reste du Canada. Les États-Unis sont la cible préférée de 70 % de nos exportations internationales. Le Québec exporte pour plus de 80 milliards annuellement et cela représente 46 % de notre produit intérieur brut, une ponction que nous aimerions hausser à 50 % au cours des prochaines années. Il est évident que l’exportation est un vecteur de création de richesse. Des programmes comme le PARE aident certainement à l’exportation », de dire M. Fitzgibbon, lui-même un homme d’affaires qui a travaillé au sein de nombreuses grandes entreprises avant de faire le saut en politique.
Le Plan d’action pour la relance des exportations (PARE) veut augmenter les exportations québécoises en bonifiant le financement, en améliorant l’accompagnement et en consolidant le travail de l’appareil gouvernemental et des partenaires du milieu afin d’aider les exportateurs à mieux saisir les occasions d’affaires sur les marchés extérieurs. Le PARE est un programme d’Investissement Québec International auquel participent le ministère de l’Économie et de l’Innovation; le ministère des Relations internationales et de la Francophonie; le secrétariat du Québec aux Relations canadiennes et d’autres ministères.
Les exportations génèrent des emplois
Selon Pierre Fitzgibbon, devenir une compagnie à l’international requiert de la planification et de l’accompagnement : « Il est important de focaliser sur les gros joueurs, car la loi de Pareto s’applique et 20 % de nos entreprises exportatrices réalisent 80 % de nos exportations. Avec 35 bureaux et représentations du Québec à l’extérieur de notre territoire, les entreprises québécoises ont un net avantage. Nous avons une force de frappe importante. Il est tout aussi important d’aider nos entreprises à devenir plus performantes avant de se lancer dans l’exportation en les encourageant à faire appel à la robotisation et à l’automatisation. Il faut s’assurer que la chaîne d’approvisionnement ne créera pas de problème pour créer des conditions favorables à l’exportation. »
Lorsque M. Fitzgibbon ou tout autre observateur de la scène économique du Québec parle de l’importance de l’exportation pour de nombreuses entreprises, elle l’est tout autant pour l’économie québécoise dans son ensemble. Les exportations sont responsables de plus du quart des emplois au Québec selon une publication de septembre 2020 de l’Institut de la statistique du Québec, Impact économique des exportations québécoises, basée sur des données de 2016. 521 770 emplois ou 15,07 % de tous les emplois au Québec découlent des exportations vers l’étranger. Une autre tranche de 506 919 emplois ou 12,30 % de tous les emplois au Québec relèvent des exportations vers les autres provinces.
« La situation se complique parfois lorsque les pays où vous aimeriez exporter tentent de diminuer leurs importations. Il est important pour les entreprises de déterminer les risques qu’elles sont prêtes à prendre et de mettre de l’avant une stratégie « Right to Win » afin de se donner autant d’avantages corporatifs que possible. Les mêmes façons de faire s’appliquent aussi au commerce avec les autres provinces canadiennes. Nous faisons très bien sur le marché interprovincial et même mieux aujourd’hui qu’avant la pandémie », ajoute le ministre. Le make-up des exportations diffère l’international par rapport à l’interprovincial. Ainsi, dans le reste du Canada le Québec exporte à peu près autant de produits que de services tandis qu’à l’international, le Québec exporte 80 % de biens contre 20 % de services. À l’international, le Québec enregistre un déficit commercial tandis qu’il réalise un surplus dans ses échanges commerciaux avec les autres provinces.
Selon M. Fitzgibbon, les grandes ententes comme l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), l’Accord économique commercial global (AECG) entre l’Union européenne et le Canada et autres accords du genre, est une toile de fond importante. Mais à la base, les entreprises québécoises doivent acquérir des connaissances importantes des marchés ciblés et réaliser le travail de base comme l’évaluation du positionnement et des coûts en plus d’analyser le contexte social qui peut compliquer le développement international. Les entreprises doivent également être prêtes à investir dans le projet en plus de recruter le bon distributeur.
« Les chiffres bruts sont une chose alors que les retombées économiques c’est une autre chose. Il est important que des entreprises comme Airbus qui exporte des aéronefs fabriqués ici intègrent le plus de produits québécois dans sa chaîne d’approvisionnement. Une intégration verticale du genre est tout aussi valable que l’exportation pour de nombreuses entreprises québécoises. Pour tirer son épingle du jeu sur les marchés internationaux, le Québec doit d’abord s’assurer d’avoir un positionnement solide, une bonne fondation afin de créer un réel vecteur de création de richesse », de conclure M. Fitzgibbon.