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Selon l’économiste Pierre Fortin, le Québec fait mieux que l’Ontario et aussi bien que les États-Unis

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Devant une centaine de gens d’affaires réunis le 8 février à Beauceville, à l’invitation de la Chambre de commerce de l’endroit, Pierre Fortin a réduit en pièces le mythe du Québec en retard sur les autres économies voisines.

Les Québécois, pas nés pour un petit pain

« Il faut changer notre attitude face à l’économie du Québec. On fait partie des économies régionales au Canada qui sont les plus dynamiques », a témoigné Pierre Fortin, professeur émérite de sciences économiques à l’Université du Québec à Montréal.

Pierre Fortin ne tarit pas d’éloges au sujet de l’apport prépondérant des femmes sur le marché du travail québécois.

« Notre système de garderies à 5 $ a fait en sorte que nos femmes ont été en plus grand nombre au sein de la population active. Parmi les 24 pays les plus industrialisés, seules les Suissesses et les Suédoises devancent les Québécoises».

Jamais à court d’images, l’économiste en rajoute : « Le Québec est un peu comme le lapin d’Energizer en termes de taux d’emploi en Amérique du Nord. C’est à cause de nos femmes dont le taux d’activité chez les 25-44 ans, qui était de 77 % en 1998, est rendu autour de 86 %. Et, de 2002 à 2007, elles ont continué quand même à faire plus d’enfants ».

La main-d’œuvre masculine québécoise, selon Pierre Fortin, est loin d’occuper la même place au podium de la productivité.

« L’intensité au travail a diminué au Québec. Il y a plus de congés, plus de vacances. Et moins d’heures au travail par semaine. Ce sont les hommes qui travaillent moins d’heures à temps plein, annuellement, soit 7 ou 8 pour cent moins », soutient l’économiste.

Sous le thème « Comment empêcher l’économie du Québec de ralentir ? », l’économiste aux racines beauceronnes a brossé un tableau positif de la performance du Québec, tout en y apportant quelques bémols.

« D’où vient notre bonne performance économique relative depuis 2000 ? Du côté positif, notre taux d’emploi a connu une forte ascension. Et la récession de 2009 nous a frappés moins fort qu’ailleurs. Côté négatif, notre intensité en heures travaillées a baissé tandis que notre productivité horaire a crû très lentement», a-t-il résumé.

Quant au taux de croissance du produit intérieur brut réel, « le Québec a traîné la patte en 2014 et 2015, mais en 2016 il s’est repris », a ajouté Pierre Fortin.

L’erreur de calcul de Leitão

Pierre Fortin estime que les restrictions budgétaires provinciales ont, elles aussi, nettement affaibli la croissance du Québec.

« En 2014-2015, le ministre Leitão avait prédit une croissance de 2 % par année. Il s’est gouré, car nous avons plutôt connu une croissance de 1,2 à 1,3 %. Il a mal pris en compte la chute des investissements liée à la chute démographique et à la compression économique imposée par son budget».

Par ailleurs, l’amélioration des exportations découlant de la dépréciation du dollar canadien a été moins prononcée que prévue.

Dans sa boule de cristal

« En 2017, l’investissement pourrait retrouver son allant », prédit Pierre Fortin. « Et les budgets gouvernementaux seront redevenus expansionnistes. Pour ce qui est des exportations, on verra… ». Une allusion, sans doute, aux penchants protectionnistes de la présidence de Donald Trump.

« Attention cependant ! » avertit le titulaire d’un doctorat en sciences économiques de l’Université de Californie, à Berkeley. Si l’on veut que le taux d’emploi chez nous se maintienne, la scolarisation doit se poursuivre partout, du préscolaire à l’université. De même, nos jeunes, qui sont les plus forts en maths, ont encore beaucoup de progrès à faire en lecture. La hausse du taux d’activité des 55 ans et plus doit également se poursuivre. Enfin, le taux de sans-diplômes doit continuer à diminuer, poursuit le professeur Fortin.

Affronter la prochaine récession

Depuis 60 ans, le Canada essuie une récession à tous les neuf ans, en moyenne. Or, pour passer au travers de la prochaine, croit Pierre Fortin, la stimulation de l’économie par la seule baisse du taux directeur par la Banque du Canada sera impossible.

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