Dans le passé, le Salon était davantage axé sur le développement de la filière dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et au Québec.
Cette année, près de 400 participants et 75 exposants des quatre coins de la planète s’étaient déplacés à Saguenay pour le 5e Salon La Vallée de l’aluminium en affaires, présenté du 6 au 8 mai dernier.
« On a fait beaucoup de promotion à l’international, car on a décidé de faire une ouverture sur le monde cette année », explique Malika Cherry, directrice du Salon et responsable des communications de la SVA.
Plus de participants et d’exposants internationaux, mais surtout plus de projets qui ont ouvert de nouvelles opportunités de partenariats.
Le projet le plus porteur a été dévoilé dans le cadre d’une conférence de Jon A. Meland, directeur du développement des affaires pour Takamul Investment Company, une société d’investissement pour les projets industriels de transformation à haute valeur ajoutée.
La société Takamul, qui est basée dans le Sultanat d’Oman, au Moyen-Orient, a signé une entente de partenariat avec la SVA afin de créer des synergies pour le développement de projets associés à l’industrie de l’aluminium.
« Nous avons une industrie de l’aluminium dynamique dans le Golfe (Persique) et ici au Québec. Nous voulons créer des liens commerciaux entre les entreprises des deux régions. À terme, nous voulons entre autres aider les entreprises d’ici à bâtir une présence locale au Moyen-Orient », soutient M. Meland.
L’industrie de l’aluminium s’est particulièrement développée au cours de la dernière décennie au Moyen-Orient et la capacité de production atteint désormais six millions de tonnes annuellement.
Mais comme l’industrie est plus mature au Québec, plusieurs opportunités existent pour les entreprises québécoises qui désirent exporter leurs produits ou vendre des services professionnels.
Selon Luc Boivin, directeur général de la SVA « le Moyen-Orient est à la recherche d’expertise. Certaines entreprises de chez nous ont bâti cette expertise depuis plus de 30 ans. C’est possible de la vendre à grands frais et eux, ils vont voir ça comme de la valeur ajoutée ».
Mais pourquoi une entente avec la SVA ? « Nous avons un lien historique. La première usine de transformation de l’aluminium à Oman est en partie la propriété de Rio Tinto Alcan.
Nous voulions formaliser ce lien et travailler sur des projets spécifiques », ajoute M. Meland. De plus, comme les deux régions sont si éloignées l’une de l’autre, elles n’entrent pas en compétition sur les marchés, ce qui favorise une saine coopération. « Le Moyen-Orient est tellement éloigné de la nôtre, que l’on n’a pas les mêmes marchés », note M. Boivin.
Plusieurs entreprises québécoises ont démontré de l’intérêt pour développer des affaires dans cette région du monde, dont l’entreprise Mecfor qui travaille déjà avec Takamul, soutient Mme Cherry.
Pendant la semaine suivant le Salon, MM. Meland et Boivin ont visité six entreprises au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
« Nous avons le mandat clair d’investir dans le secteur de l’aluminium », note M. Meland qui compte bien trouver de belles opportunités au Québec. Au cours des dernières années, Takamul a réalisé des investissements de 400 M$ au cours des cinq dernières années. M. Meland a également parlé d’un projet de construction d’une voie ferrée de 12 000 km, évaluée à plus 100 milliards $ !
Dans six mois, Luc Boivin et des entrepreneurs de la région iront à leur tour au Moyen-Orient afin de tisser des liens avec des entreprises locales.
Le gouvernement canadien croit aussi dans le partenariat. Deux jours seulement après l’annonce officielle, Ottawa faisait l’annonce d’un soutien financier de 300 000 $ à la SVA.
« Notre gouvernement du Canada appuie financièrement le projet de la Société de la Vallée de l’aluminium parce qu’il devrait non seulement aider les entreprises équipementières du secteur de l’aluminium à accroître leurs parts de marchés d’exportation et à améliorer leur compétitivité, mais aussi contribuer au renforcement de l’économie du pays », mentionne le ministre Denis Lebel, titulaire de l’Agence de développement économique du Canada.
Des rencontres avec d’autres partenaires internationaux sont en cours, affirme M. Boivin, mais il est trop tôt pour faire des annonces concrètes.
« Pour moi, c’est évident que l’avenir de l’industrie passe par l’exportation et les échanges internationaux. Il faut d’abord savoir où on veut aller et être proactif dans les négociations. Ensuite, il faut réaliser des ententes gagnant-gagnant, telles que l’annonce faite avec Takamul », dit-il.
Selon Luca Tomesani, professeur dans le domaine des technologies mécaniques et des systèmes de fabrication à l’Université de Bologne en Italie, l’aluminium doit continuer à s’améliorer pour conserver ses parts de marchés.
Le professeur, qui travaille en partenariat avec des entreprises de réputation internationale comme Ferrari, Lamborghini et Ducati, croit que l’aluminium doit maximiser ses performances de légèreté et de durabilité pour demeurer compétitif sur le marché.
Il souligne que certains alliages d’aluminium ont une trop grande variabilité et qu’il est possible de maximiser ces caractéristiques. Son équipe a d’ailleurs trouvé le secret des équations mettant en relation les propriétés mécaniques de l’aluminium et sa microstructure.
De plus, pour améliorer la vitesse de mise en marché des produits, la conception du design doit être intégrée au développement du procédé de manufacture en usine. « Ces techniques ont permis de réduire le poids d’un cadre arrière sur une moto Ducati de 38 % tout en réduisant le temps pour le mettre en marché », note M. Tomesani.
De nouveaux produits à base de magnésium viennent aussi jouer dans les platebandes de l’aluminium. Ducati a justement utilisé ce matériel pour le cadre d’une autre moto cette année!
« Les produits du futur devront être en mesure de répondre à plusieurs fonctions simultanément, ajoute le professeur. Pour y parvenir, des produits composites à base d’aluminium, de carbone et de plastiques seront créés ».
Déjà, des produits mélangeant le magnésium et des fibres de carbone ont commencé à faire leur apparition sur les F1. Et comme ce qui se passe dans l’industrie de la F1 arrive 10 ans plus tard dans les produits de consommation, l’industrie de l’aluminium doit s’y préparer, conclut-il.