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Apr

Rouyn-Noranda et l’Abitibi-Témiscamingue. Les activités industrielles se diversifient

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Riche en gisements de cuivre, de zinc et de nickel, l’Abitibi est une région reconnue mondialement pour ses métaux précieux comme l’or. Plusieurs industries sont directement liées à l’exploration, la construction et l’exploitation des mines en tant que fournisseurs de main-d’œuvre et équipementiers.

En janvier dernier, le créneau d’excellence Groupe MISA a annoncé le démarrage du projet « Têtes de foret ». De quoi s’agit-il ? Un projet qui vise la mise au point d’une nouvelle génération de têtes de forage destinées à l’exploration minière. L’objectif est d’obtenir des produits de qualité supérieure en efficacité et durabilité, tout en diminuant les coûts de fabrication.

Dans le secteur de la foresterie, le bois de sciage et les pâtes et papiers occupent une place majeure dans le développement économique. Malmenées depuis quelques années, les activités semblent maintenant reprendre lentement mais sûrement, selon Jean-Claude Loranger, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Rouyn-Noranda (CCIRN).

« Dans le secteur de la foresterie, nous assistons à une consolidation des activités. Malgré ce regain, depuis la fin 2015 et le début de l’année, l’économie dans son ensemble est en baisse importante. »

Selon Emploi-Québec, le nombre d’emplois en Abitibi-Témiscamigue a diminué de 3 800 au cours du deuxième trimestre de 2015, par rapport à celui de 2014.

Défis à relever

Les prochaines années sont déterminantes. Non seulement l’accélération vers la diversification des activités est un enjeu de taille, mais le transfert des entreprises vers des intérêts régionaux l’est tout autant.

« Il faut s’assurer que nos entreprises demeurent chez nous. Le danger est de vendre au plus offrant. C’est un véritable enjeu qui nous guette. Nous sommes une population plus petite avec une masse critique moins importante au niveau des entrepreneurs. De plus, les entreprises doivent continuer d’innover et de renouveler leurs équipements pour demeurer concurrentielles. Nous avons l’obligation d’être les premiers à poser le geste, à livrer des produits de haute qualité et à développer une relation rapprochée avec le client en raison des distances qui nous séparent », précise Jean-Claude Loranger.

À la SADC et au CLD, le discours se résume en quelques mots : diversifier l’économie, minimiser les impacts des cycles des différentes industries et moins dépendre du secteur minier.

De son côté, le maire de Rouyn-Noranda, Mario Provencher, souligne que les ambitions de la Ville sont grandes.

« C’est un gros défi. Notre rôle est de continuer à intéresser les nouvelles entreprises à conserver leur siège social ici, protéger les emplois ici, car les spécialistes sont ici. Nous soutenons les maisons d’enseignement, les centres de recherche et nous travaillons étroitement avec la Chambre de commerce sur cette question », précise Mario Provencher.

Le maire de Rouyn-Noranda estime que la mondialisation incite les grandes entreprises à créer des partenariats venant de l’extérieur, ce qui n’est pas toujours une mauvaise nouvelle. Ce fut le cas en 2011. Forage Major du Nouveau-Brunswick a acheté le Groupe Bradley de Rouyn-Noranda. Les deux entreprises étant spécialisées dans les services de forage, la transaction a permis au nouveau groupe de prendre de l’expansion.

Forage Major a fait de Rouyn-Noranda son centre d’exploitation régional pour l’ensemble du Québec et de l’Est du Canada. Malgré la baisse des prix des métaux, l’entreprise compte localement une centaine d’employés œuvrant autant à Rouyn-Noranda que dans la région Nord-du-Québec et en Ontario. Forage Major est maintenant la deuxième entreprise mondiale de forage aux diamants et est présente dans 23 pays.

À son avis, la région demeure menacée à long terme. Pour illustrer sa vision, le maire qui en est à son deuxième mandat souligne que l’aide financière, comme les crédits d’impôt, est moins présente qu’elle ne l’était dans les années 80.

Diversifier les activités

Voilà pourquoi les milieux d’affaires tendent à diversifier leurs activités, afin de réduire l’impact des cycles économiques du secteur des mines.

« Ce virage est nécessaire. Nous sortons de l’industrie primaire pour nous diriger vers l’industrie secondaire manufacturière. Grâce à la nouvelle génération, la tendance au conservatisme change et les gens comprennent qu’il peut être très utile de continuer à développer la robotique dans les mines ; c’est non seulement une question de productivité mais également de sécurité des employés. Souvent, les solutions sont le résultat de recherches de gens d’ici. Ainsi, cela crée de nouveaux emplois et une nouvelle richesse d’équipementiers », explique André Rouleau, directeur général, CLD Rouyn-Noranda.

Jean-Claude Loranger abonde dans le même sens. À son avis, plusieurs entreprises qui œuvraient dans le secteur minier ont décelé des besoins particuliers chez des clients et ont décidé d’orienter leurs activités vers d’autres secteurs.

C’est le cas de Manseau & Perron reconnu comme chef de file en chauffage, ventilation, climatisation et réfrigération pour l’Abitibi-Témiscamingue. Un autre exemple ? Papier Abitibi, qui est étroitement lié au secteur minier, se consacre également dans la fabrication de papier hygiénique. L’usine emploie 25 travailleurs et ce nombre devrait augmenter à 80 d’ici trois ans.

« Il s’agit d’une tendance lourde chez les entreprises. Autrefois confinés à la région, les produits sont maintenant exportés à l’extérieur. Nous ne faisons pas de produits de masse, mais plutôt des produits sur mesure. »

À la Société d’aide au développement des collectivités de Rouyn-Noranda (SADC), le directeur général Jocelyn Lévesque, indique que la diversification passe inévitablement par les mines et la foresterie. Pourquoi ? En raison de l’expertise unique développée dans la région au fil des ans.

« Dans le secteur minier par exemple, nous avons beaucoup d’ingénieurs qui sont présents partout dans le monde, dans le secteur de l’éducation et au Centre technologique des résidus industriels (CETRI) avec une vingtaine de chercheurs. »

Les dernières statistiques gouvernementales du Québec indiquent que les ventes de biens fabriqués en Abitibi-Témiscamingue destinées aux pays étrangers entre 2008 et 2011 étaient de 1 G$.

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