C’est avec entrain que le premier ministre du Québec, M. François Legault, et le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques et ministre responsable de la région de Laval, M. Benoit Charrette, ont fait connaître à la population le très attendu Plan pour une économie verte 2030 (PEV 2030), ainsi que la première étape de mise en œuvre 2021-2026 qui est dotée d’une enveloppe de 6,7 milliards de dollars.
Le PEV 2030, qui a pour but de consolider des politiques-cadres d’électrification et de lutter contre les changements climatiques, démontre la volonté du gouvernement de faire du Québec un leader de l’économie verte en s’appuyant sur sa grande force qu’est l’électricité propre : « Le Plan pour une économie verte 2030 représente un geste fort de notre gouvernement pour répondre aux nombreux défis collectifs que nous pose l’urgence climatique. Il s’agit d’un plan solide et ambitieux pour transformer notre société de façon durable et remplacer le plus possible les énergies fossiles par notre électricité propre. », entame M. Charrette.
L’annonce du PEV 2030 est une étape importante, comme le soutien Mme Sophie Brochu, présidente-directrice générale d’Hydro-Québec, qui entend être au cœur de la mise en œuvre du Plan qui créera de la richesse pour le Québec et facilitera la transition vers une économie à faible empreinte carbone : « Le Plan pour une économie verte va nous permettre d’aller encore plus loin. Hydro-Québec entend jouer un rôle de catalyseur dans ce grand projet collectif ».
Ainsi, avec le PEV 2030, le gouvernement jette les bases d’une relance économique verte et réitère l’engagement du Québec de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 37,5 % d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990. Il trace ainsi la trajectoire qui mènera le Québec vers la carboneutralité en 2050. Le Plan contribuera également à notre résilience collective en outillant notre société pour qu’elle puisse faire face aux conséquences déjà importantes des changements climatiques.
« Parmi tous les États américains et toutes les provinces canadiennes, le Québec est l’endroit qui émet le moins de gaz à effet de serre par habitant. Il s’agit d’une réalité dont nous pouvons être fiers. Mais plutôt que de nous en satisfaire, j’invite les Québécois à miser sur cette fierté pour aller plus loin, pour relever le défi des changements climatiques et pour transformer notre économie en profondeur, » demande M. Legault.
« Le Plan pour une économie verte était très attendu. Nous savons tous que nous devons réussir une transition énergétique majeure dans des délais très courts. Les entreprises du Grand Montréal ont d’ailleurs signifié à de nombreuses reprises qu’elles étaient prêtes à faire leur part pour contribuer à la baisse de nos émissions de GES. Nous avons aussi la chance de pouvoir compter sur des centaines d’entreprises innovantes susceptibles d’offrir des solutions pour accompagner ces changements. On peut s’engager avec confiance à accélérer cette transition », a déclaré M. Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
Mise en œuvre 2021-2026
Tenant compte du contexte économique actuel, le gouvernement présente un premier plan de mise en œuvre pour la période 2021-2026 qui, en plus de permettre de réduire les émissions de GES, stimulera la relance économique et la création d’emplois. D’ici 2030, le gouvernement estime que cet ambitieux projet d’électrification et de lutte contre les changements climatiques devrait ajouter 2,2 milliards de dollars au PIB du Québec en termes réels et créer plus de 15 500 nouveaux emplois. Les investissements additionnels qui soutiendront le développement des filières vertes, comme celles des batteries et de l’hydrogène vert, viendront bonifier ces retombées.
Ce plan de mise en œuvre 2021-2026 sera réévalué annuellement, ce qui permettra de bénéficier d’une approche à la fois prévisible, flexible et pragmatique. Grâce notamment à la gouvernance mise en place à la suite de l’adoption du projet de loi no 44, le gouvernement prendra en compte les résultats obtenus, l’évolution du climat, les connaissances scientifiques, le contexte économique, le niveau d’adhésion de la population et les innovations technologiques dans chacune de ses mises à jour.
Le gouvernement du Québec consacrera ainsi plus de 384 millions de dollars à l’adaptation aux impacts des changements climatiques au cours des cinq prochaines années. Les changements climatiques ont déjà des conséquences importantes sur les activités économiques, le bien-être, la santé et la sécurité d’un grand nombre de citoyens et de communautés de même que sur les infrastructures et les écosystèmes. En mettant l’accent sur la prévention et en prenant en compte le climat futur dans toutes ses décisions, le gouvernement agit de façon responsable afin de minimiser les coûts liés aux impacts des changements climatiques.
Le gouvernement fera sa part en réduisant son empreinte carbone, notamment dans l’acquisition de produits et de services québécois et dans la gestion durable de son parc immobilier et de sa flotte de véhicules. Ses objectifs en cette matière sont les suivants :
Électrification
Selon M. Legault, « le cœur de notre projet, c’est l’électrification de notre économie. Cet atout inestimable qu’est l’hydroélectricité, conjugué avec l’énergie éolienne et d’autres formes d’énergie propre, nous permettra de réduire de façon importante nos émissions de gaz à effet de serre tout en créant plus de richesse. Avec notre électricité propre, nous pouvons devenir la batterie verte du nord-est de l’Amérique et relever notre gros défi climatique. »
Le projet d’électrification touchera majoritairement le secteur des transports, mais aussi le chauffage des bâtiments et des activités culturelles. Québec compte investir 3,6 milliards de dollars, provenant du plan de mise en œuvre, dans les cinq prochaines années au niveau des transports, responsable de plus de 43 % des émissions de GES dans la province. À cette somme, s’ajoutent des investissements sans précédent de 15.8 milliards de dollars en transport collectif dans le cadre du Plan québécois des infrastructures 2020-2030. En résumé, trains légers, autobus urbains et scolaires, taxis, voitures et camions seront tous progressivement électrifiés, équipés le plus possible grâce au savoir-faire d’ici et fabriqués à partir de nos ressources. Plus de 1,5 million de véhicules électriques pourraient circuler sur nos routes dès 2030.
Voici quelques-unes des mesures qui stimuleront l’électrification des transports, des bâtiments et des industries et la réduction des GES :
Accueillies positivement en général, les mesures sur l’électrification des transports soulèvent plusieurs questions. Malgré l’urgence de la situation, seront-elles suffisantes, comme le mentionne Mme Suzanne Roy, présidente de l’UMQ, présidente du Comité sur les changements climatiques de l’Union et mairesse de Sainte-Julie : « Pour la crise climatique, il n’y aura pas de vaccin! Il faut agir dès maintenant pour nous préparer aux crises de demain et le PEV constitue une avancée intéressante et nécessaire face à ce chantier collectif qui nous attend. Cependant, la lutte aux changements climatiques nécessite des efforts colossaux. L’électrification ne doit pas exclure d’autres options pour atteindre les objectifs mis de l’avant par le PEV. Le caractère évolutif de cette feuille de route doit être notamment l’occasion de régler l’enjeu du financement du transport collectif et de mettre en place des mesures pour favoriser un transfert modal du routier vers le maritime et le ferroviaire. Il faut le rappeler, le transport des personnes et des marchandises génère à lui seul plus de 40 % des émissions de GES. »
De plus, toujours au niveau du transport d’après la FCCQ, le Québec devra être en mesure d’avoir l’offre nécessaire à la demande de bornes de recharge à haute vitesse et ne devra pas faire cavalier seul dans l’interdiction de la vente des véhicules à essence afin que cette mesure amène les résultats escomptés sur le plan environnemental, sans pénaliser le plan économique : « Il sera nécessaire de convaincre les États voisins d’emboîter le pas et de s’assurer que la technologie soit suffisamment avancée pour répondre à l’ensemble des besoins en transport. Sans oublier les grands constructeurs, qui devront également avoir effectué une transition suffisamment importante dans leur fabrication. Si le Québec fait cavalier seul, on ne sera pas avancé sur le plan environnemental et nous pourrions être fortement désavantagés sur le plan économique. Nous devons réduire substantiellement les émissions de GES, sans nuire à des centaines d’entreprises œuvrant dans le secteur automobile au Québec », a ajouté M. Charles Milliard, président-directeur général de la FCCQ.
Les sources d’énergie renouvelables
Québec aspire également au développement d’un écosystème industriel dynamique autour des véhicules électriques, des infrastructures de recherche et des batteries. Le plan de mise en œuvre 2021-2026 réserve donc 401 millions de dollars à l’émergence de nouvelles entreprises dans les domaines stratégiques et innovants. Ce qui permettra, en plus de l’électricité, de diversifier les sources d’énergies renouvelables de la province. Un investissement de 213 M$ est aussi réservé à l’appui de la filière émergente du gaz naturel renouvelable et 15 M$ à l’appui de la recherche et de l’innovation de la filière de l’hydrogène vert. D’ailleurs, la toute première stratégie québécoise de l’hydrogène vert et des bioénergies sera présentée au cours de l’année 2021 et visera à positionner le Québec comme leader pour l’avenir. L’ambition du gouvernement est que le Québec soit reconnu dans le monde pour son hydrogène vert, comme il l’est déjà pour son électricité propre.
L’ensemble des acteurs des différentes filières de production d’énergies renouvelables réunis au sein de l’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable (AQPER) accueillent avec satisfaction le Plan pour une économie verte et sont mobilisés afin de s’assurer que la réalisation de ce plan ait des impacts durables sur le développement économique du Québec et de ses communautés régionales.
« Le plan dévoilé aujourd’hui est le point de départ d’une mobilisation qui nécessitera la participation de tous les acteurs des différentes filières d’énergie renouvelable. En clarifiant et en bonifiant le contexte d’affaires de l’économie verte au Québec, le gouvernement favorise l’investissement et le développement de projets créateurs d’emplois non délocalisables et bien rémunérés dans les régions du Québec tout en s’assurant du respect de ses cibles climatiques. Nous atteignons un point de convergence entre les intérêts commerciaux et les ambitions climatiques énoncés à l’accord de Paris. Dans le contexte actuel, cela devrait permettre au Québec de se démarquer et, à terme, d’attirer l’investissement international. L’industrie est maintenant prête à se mobiliser, » selon Gabriel Durany, président-directeur général de l’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable (AQPER).
Ces changements risquent également d’avoir un gros impact pour les manufacturiers québécois. D’ailleurs, l’association des Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) est d’avis que cette transition énergétique aura un coût important pour les entreprises. En effet, mettre en place de nouveaux processus technologiques et apporter des modifications dans les procédés actuels engendreront des coûts additionnels pour les entreprises manufacturières. De plus, avoir plus d’éthanol dans l’essence, plus de biodiesel et plus de gaz naturel renouvelable dans le réseau ne se fait pas à coût nul pour les entreprises, bien au contraire. Les entreprises manufacturières québécoises devront se procurer leurs carburants à des prix plus élevés qu’actuellement. « En prenant le virage d’une économie verte, la première chose dont il faut s’assurer c’est que nos entreprises demeurent compétitives sur la scène mondiale et qu’elles ne soient pas désavantagées face à leurs concurrents ailleurs dans le monde », affirme Mme Véronique Proulx, présidente-directrice générale de MEQ, qui espère pour les manufacturiers un fort soutien aux entreprises dans l’intégration de nouvelles technologies et une prévision des hausses des coûts à ce propos.
Consommation responsable
Par ailleurs, le gouvernement continuera de miser sur l’efficacité énergétique et sur la consommation responsable. Plus de 307 millions de dollars seront investis au cours des cinq prochaines années dans les mesures suivantes :
« L’élargissement des critères d’accès aux programmes gouvernementaux ÉcoPerformance, Biomasse forestière résiduelle et Technoclimat devrait permettre d’améliorer l’empreinte écoénergétique des bâtiments. Les mesures devront contribuer substantiellement aux meilleures pratiques de productivité énergétique et d’économie circulaire, notamment pour le secteur industriel québécois », a indiqué M. Milliard.
Une mise en œuvre qui a été fort bien accueillie par le Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ), dont les dernières mesures permettront d’accroître la contribution du secteur forestier québécois dans plusieurs secteurs d’activités, dont la construction verte, l’utilisation de la biomasse forestière résiduelle comme source d’approvisionnement en chauffage et le développement de produits innovants pouvant remplacer les plastiques à usage unique ou ceux faits à partir de combustible fossile.
La cible climatique de 2030
Pour atteindre sa cible climatique, le Québec doit ramener ses émissions de GES à 54 millions de tonnes d’équivalent CO2 d’ici 2030, comparativement aux 79 millions de tonnes émises en 2017 et aux 86 millions de tonnes émises en 1990.
Le PEV 2030 s’appuiera sur des politiques et des plans d’action complémentaires tels que le Plan directeur en transition, innovation et efficacité énergétiques, la Politique énergétique, la Politique de mobilité durable, la Stratégie québécoise de développement de la filière batterie, le Plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques, la Vision internationale du Québec et la Stratégie gouvernementale de développement durable. Ces politiques et plans d’action contribueront à l’atteinte la cible de réduction des émissions de GES.
Du côté financier, s’ajouteront au PEV 2030 des investissements en infrastructures de plusieurs milliards de dollars prévus dans le cadre du Plan québécois des infrastructures, les efforts engagés par le gouvernement pour réduire ses propres émissions de gaz à effet de serre ainsi que des actions placées sous la responsabilité directe d’Hydro-Québec, d’Investissement Québec et d’autres organismes gouvernementaux.
Réception et argumentations
Quelques heures après la présentation du PEV 2030, plusieurs organisations ont émis leurs commentaires à cette mise en action. Qualifié de « plan que nous aurions bien reçu… il y a 20 ans » par la CSN, le plan ne représente pas les consultations menées par le gouvernement auprès des groupes de travail justement formés en vue de son développement. Selon M. Jacques Létourneau, président de la CSN, l’urgence climatique impose au Québec un plan complet et intégré qui inclut des mécanismes de suivi et de reddition de comptes pour chacun des investissements : « Il est bien d’avoir des mesures incitatives. Mais l’absence de contraintes et de cibles concrètes pour plusieurs secteurs fragilise grandement notre capacité à respecter les recommandations du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, NDLR) et les nombreux engagements du Québec à cet égard. L’urgence climatique commande beaucoup plus que le saupoudrage de quelques incitatifs, sans contraintes réelles pour forcer le changement. Malgré les affirmations du premier ministre, nous considérons que la stratégie du gouvernement ne répond pas aux demandes des jeunes qui l’implorent de les écouter et de gouverner pour les générations futures. »
Une critique que renchérit la responsable de Québec solidaire en matière d’environnement, Mme Ruba Ghazal « Le plan qu’on a entre les mains aujourd’hui a tellement été dilué par le premier ministre qu’il n’est même plus en mesure de remplir l’objectif que le gouvernement s’est fixé lui-même. Il n’y a aucune contrainte pour atteindre nos cibles. Nous fonçons tout droit dans un mur. ». Elle ajoute : « Le secteur des transports est le principal émetteur de GES au Québec, mais remplacer les voitures à essence par des voitures électriques sans jamais parler de réduction, ça ne va rien régler aux problèmes de congestion auxquels on fait face à l’heure actuelle. C’est l’inverse qu’il faut faire : il faut d’abord améliorer la mobilité et offrir des alternatives à la voiture avant de prévoir l’électrification du parc automobile ».
Une opposition appuyée par le Parti Québécois « À nos yeux, le Plan pour une économie verte 2030 est loin d’être à la hauteur des attentes. Pourtant, les Québécois sont prêts à faire ce nécessaire virage; ils sont pleinement conscients des défis, mais aussi de l’urgence d’agir. Avec ce qui nous a été présenté, deux seules conclusions s’imposent : soit le ministre de l’Environnement n’y croit pas, soit il n’a pas suffisamment de poids ou d’influence au sein de son propre gouvernement. Quoi qu’il en soit, le résultat est le même : la CAQ ne se soucie pas réellement de l’environnement et, pire, elle refuse de voir tout le potentiel du Québec et de ses entrepreneurs pour lutter efficacement contre les changements climatiques », a indiqué Sylvain Gaudreault, député de Jonquière et porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’environnement, d’énergie et de lutte contre les changements climatiques.
Par ailleurs, la FTQ déplore l’absence de mesures impliquant directement les travailleurs et les travailleuses dans la reconnaissance de leur expertise visant la carboneutralité de leur milieu de travail. Le gouvernement mise plutôt sur des équipes d’accompagnement, excluant les organisations syndicales. Pourtant, la FTQ tend la main au gouvernement depuis près de deux ans à cet égard. « Nous sommes à un tournant en ce qui a trait aux changements climatiques; il faut agir rapidement. L’atteinte de l’objectif de carboneutralité en 2050 se fera difficilement sans mesures contraignantes et un plan de travail structuré à court terme. Par exemple, on ne retrouve nulle part dans ce plan d’obligations pour les employeurs de mettre en place des plans de décarbonation et une planification adéquate. Tout est sur une base volontaire et les entreprises disent déjà qu’elles ont effectué le maximum d’effort », déclare le secrétaire général de la FTQ, Denis Bolduc.
Vision unanime
Malgré les points de vue divergents, tous s’entendent sur l’urgence d’agir face à la crise climatique et l’engagement du gouvernement dans la transition climatique et la planification d’une relance économique verte. La vision du PEV 2030 de faire de la lutte contre les changements climatiques un levier majeur dans le développement économique québécois et de devenir un modèle au niveau international ne peuvent qu’être bénéfique et la population semble être en accord avec le tout. 2021 sera donc une année cruciale afin de débuter l’exécution du plan.
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