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Résumé de la situation des matériaux de construction

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Depuis le début de la période pandémique, le secteur de la construction et les manufacturiers et fournisseurs de matériaux ont connu des hausses de demandes remarquables; de sorte qu’un an plus tard, plusieurs commerces et associations crient à la pénurie des matériaux de construction, en plus d’un gonflement des prix.

C’est au début de cette semaine que l’Association de la construction du Québec (ACQ), l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT), le Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ) et la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec (CEGQ) dévoilaient les résultats d’une enquête web effectuée auprès des propriétaires sur la rénovation résidentielle par la firme Léger en décembre 2020. Mille répondants nous confirmaient une hausse des dépenses en rénovations des propriétaires-occupant en 2020 et au cours des prochains mois, avec un pourcentage de 65 % pour un montant dépensé en moyenne de 8 700 $.

Avec toute cette peinture, ces aménagements et ces rénovations, peut-on s’attendre à un répit de ruptures de stock et de délais approvisionnement? Il semble bien que non, puisque l’étude confirme que plus de deux propriétaires sur trois ont l’intention de poursuivre leurs projets de rénovation jusqu’en septembre 2021. « Loin de s’estomper, la demande pour des matériaux de construction ainsi que pour les services d’entrepreneurs en construction risque d’être encore plus vigoureuse au cours des prochains mois, alors que les carnets de commandes des entrepreneurs sont déjà bien remplis », confirme M. François Bernier, vice-président principal Affaires publiques à l’APCHQ.

« Une différence de taille, toutefois, entre ce printemps et celui de 2020, c’est la préparation des quincailleries et centres de rénovation qui savent que les consommateurs et leurs entrepreneurs voudront faire des travaux », ajoute M. Richard Darveau, président et chef de la direction de l’AQMAT.

Une pénurie étendue et bien ancrée

En complément, un deuxième sondage Léger a été effectué en janvier, par téléphone, auprès de quelque 750 entrepreneurs et dirigeants d’entreprises en construction et en rénovation. Celui-ci visait à mesurer l’ampleur des problèmes d’approvisionnement et de hausses des coûts des matériaux de construction.

Les résultats témoignent que, depuis mars 2020, un peu plus de quatre entrepreneurs sur cinq ont fait face à des problèmes d’approvisionnement tels que des délais de livraison, des délais de transport sur les chantiers, des ruptures de stock chez le fournisseur ou un faible niveau d’inventaire local.

Les matériaux les plus touchés par les problèmes d’approvisionnement sont les portes et fenêtres (46 %), le bois d’œuvre (38 %), le contreplaqué et OSB (35 %), les fermes de toit (33 %), les poutrelles (28 %), les produits d’ingénierie en bois (24 %) et les articles de plomberie (22 %). Mais la liste est loin de s’arrêter là. L’aluminium (18 %), le béton (16 %), l’acier (14 %), les panneaux de gypse (11 %) et le bardeau d’asphalte (10 %) sont aussi parmi les matériaux dont l’approvisionnement est le plus susceptible d’être problématique pour les entrepreneurs en construction.

De solides hausses de prix

Cette situation de rareté des matériaux se traduit par des hausses de prix parfois considérables. Les entrepreneurs ont été appelés à se prononcer sur l’augmentation globale de leurs coûts en matériaux. Pour 22 % d’entre eux, la hausse est de l’ordre de 10 à 20 %, alors que pour 42 % d’entre eux, l’augmentation estimée est supérieure à 20 %. « La hausse du coût des matériaux est donc très significative et cela va inévitablement se refléter de plus en plus dans le prix des propriétés et des contrats publics », mentionne M. Guillaume Houle, responsable des affaires publiques de l’ACQ.

Conséquence de la pénurie de matériaux, 80 % des entrepreneurs ont mentionné avoir subi des délais supplémentaires dans la livraison de leurs chantiers. Plusieurs d’entre eux ont pris certaines actions en vue de tenter de pallier la pénurie de matériaux, notamment en changeant de fournisseurs, en substituant des matériaux lorsque cela était possible ou en renégociant leurs contrats d’approvisionnement. « En plus des hausses de coûts, les consommateurs et les donneurs d’ouvrage doivent néanmoins s’attendre inévitablement à des impacts lors de la livraison de leurs chantiers en raison de la pénurie de matériaux. Les clients et donneurs d’ouvrage doivent réaliser que la situation est rendue hors de notre contrôle », remarque M. Éric Côté, président-directeur général de la CEGQ.

Exploitation du potentiel québécois

S’étant ouvertement prononcée sur la situation, la Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ) a apporté un bon point par leur compréhension de l’inquiétude des quincaillers, entrepreneurs en construction et rénovateurs qui constatent avec stupéfaction que le prix des matériaux en bois s’envole. À cet effet, certains acteurs voient d’un bon œil l’idée d’accroître la récolte forestière privée du Québec afin d’éviter une pénurie. Les producteurs forestiers œuvrant en forêt privée peuvent certainement combler en partie ce besoin, eux qui disposent toujours de plus de 2 millions de mètres cubes de bois rond à vendre. Toutefois, un fait demeure; la récolte de bois doit présenter une opportunité financière suffisamment lucrative pour rémunérer le travail du producteur et de ses sous-traitants.

Selon le président de la FPFQ, M. Pierre-Maurice Gagnon, « le prix offert pour le bois rond des producteurs n’a pas augmenté du tout dans la majorité des régions du Québec malgré la hausse fulgurante du prix des produits de construction en bois. Cela crée de l’insatisfaction chez plusieurs producteurs forestiers qui voient en contrepartie leurs coûts d’exploitation augmenter. »

Recommandations au gouvernement

Dans le cadre des consultations prébudgétaires du ministre des Finances, M. Éric Girard, l’ACQ a invité le gouvernement à déployer une stratégie pour limiter la hausse des coûts de construction. Ce mémoire propose au gouvernement de déployer une série d’actions qui permettront à la chaîne de production de mieux répondre à la demande et au gouvernement d’être plus attrayant pour les entrepreneurs en construction pour ainsi favoriser la concurrence.

En premier lieu, l’ACQ rappelle au gouvernement que la solution la plus efficace pour à la fois relancer l’économie et rendre les donneurs d’ouvrage publics plus attrayants est d’instaurer un calendrier de paiement obligatoire et un mode de règlement des différends. Cela permettrait au gouvernement de libérer, à coût nul, 1,2 milliard de dollars dans l’économie du Québec. De la sorte, les entreprises de construction disposeraient davantage de liquidités pour faire face aux pressions de l’économie et améliorer leur productivité via des investissements dans les nouvelles technologies.

À court terme, l’ACQ propose au gouvernement de soutenir l’industrie manufacturière afin que la chaîne d’approvisionnement de l’industrie de la construction soit plus productive et qu’elle suffise à la demande. L’ACQ propose d’aider particulièrement les entreprises du secteur du bois, puisque les prix de ces composantes ont augmenté de façon particulièrement significative au cours des derniers mois.

L’Association de la construction du Québec (ACQ) accompagne les entreprises de construction dans la gestion quotidienne de leurs activités afin de les soutenir dans leur développement et leur croissance. Dans son mémoire, elle a également interpellé le gouvernement au sujet de la pénurie de main-d’œuvre.

Par Jeff Maheux

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