Quand nous parlons des 3R, nous nous référons au recyclage, à la réutilisation et à la revalorisation. Pour certaines industries, comme celle des métaux par exemple, les résidus ont une valeur intrinsèque, généralement au poids, et leur vente aux recycleurs vient directement réduire les coûts de fabrication des producteurs. Pour d’autres secteurs, comme le plastique notamment, la réutilisation et la revalorisation sont pratiquement inévitables à la contribution de la rentabilité des entreprises. Les idées germent aux quatre coins de la province et les maillages requis pour réaliser les projets s’amorcent de plus en plus.
Depuis 2008, le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI), affilié au Cégep de Sorel-Tracy. A pour mission première de trouver des débouchés pour détourner les résidus industriels des sites d’enfouissement. Leur approche se veut personnalisée à chaque entreprise, à chaque projet.
« Nous avons constaté, ailleurs dans le monde, que certains projets de valorisation permettaient de créer des réseaux sur un territoire plus circonscrit, tel un parc industriel, voire une municipalité. En étudiant les matières disponibles et les besoins, nous pouvions en arriver à mettre en place des réseaux de proximité pour valoriser ces différentes matières. C’est ainsi que nous avons développé les projets de symbiose au Québec et créé une communauté dans ce sens. Cette année seulement, le Centre accompagne déjà dix-neuf projets », nous explique Claude Maheux-Picard, directrice par intérim du CTTÉI.
L’exercice peut sembler simple à prime abord, mais le maillage et la symbiose ne s’effectuent pas toujours aisément. Selon Claude Maheux-Picard, les distinctions régionales sont à considérer.
« Chaque région se distingue généralement par une secteur d’activités fort. C’est pourquoi nous amorçons notre approche en identifiant les industries prépondérantes, les leaders dans chaque région. À chaque fois, c’est un défi de partir du tissu industriel, du portrait qui caractérise une région, d’identifier ses forces, ses principaux secteurs d’activités, pour venir y greffer des activités connexes. Plus une région compte de secteurs d’activités, plus les chances de maillage sont bonnes. En face d’une région mono-industrielle, l’exercice est beaucoup plus complexe. »
Plusieurs des projets structurants qu’accompagne le CTTÉI bénéficient d’une aide financière importante, émanant d’un programme de RECYC-QUÉBEC, mis en place il y a deux ans. Dans certains cas, cette aide vient consolider les activités d’une entreprise, lui permettant aussi de préserver de nombreux emplois et, dans certains cas, d’en créer.
Couplées aux différents projets de revalorisation qui voient le jour, les nouvelles réglementations en matière environnementale créent des pressions positives et constructives sur le marché de l’emploi, tout autant que sur l’offre de produits et services. C’est entre autres ce que nous a confié Dominique Dodier, directrice générale d’EnvirCompétences, le comité sectoriel de la main-d’œuvre en environnement.
« Le secteur de l’environnement est très vaste. Au sens pur, c’est un secteur vertical, mais au sens large, on doit le qualifier de transversal, c’est-à-dire qu’il comporte certains métiers qui ne touchent pas directement la revalorisation, comme les conseillers en environnement par exemple, que la plupart des industries embauche. Beaucoup d’entreprises discutent d’économie verte et tentent de créer de nouveaux produits à partir des résidus d’un autre. La revalorisation constitue vraiment une nouvelle donne dans le secteur. »
Statistiquement, l’industrie de l’environnement emploie quelque 65 000 travailleurs en général au Québec. Elle compte plus de 5 000 entreprises dont l’activité principale touche une question environnementale.
« Le secteur est nettement en croissance. Il est caractérisé par de nombreuses innovations et le développement de nouvelles compétences. Que nous parlions de transition ou d’efficacité énergétique, ou encore d’économie circulaire, l’environnement est appelé à devenir un secteur économique dynamique et fort, affichant une croissance soutenue », a tenu à préciser Dominique Dodier.
Mais pour passer d’un projet à la concrétisation d’un produit, les entreprises doivent souvent se tourner vers des compétences techniques extérieures. Parmi les ressources disponibles, les entreprises en phase d’innovation peuvent compter sur les experts du CRIQ.
Par Richard Marcil