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Propulsion Québec appuie sur l’accélérateur

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Dossier Filière industrielle de l’électrification des transports

Si l’industrie de la fabrication d’automobiles a historiquement échappé au Québec au profit de l’Ontario, la province a tous les outils et toutes les ressources pour se positionner comme leader mondial de l’industrie des véhicules zéro émission. C’est ce qui ressort du récent plan de match déposé par Propulsion Québec, Ambition TEI 2030.

Depuis cinq ans, l’organisme qui regroupe plus de 250 entreprises et institutions travaille à fédérer les efforts pour le développement du créneau industriel des transports électriques et intelligents au Québec. Avec Ambition TEI 2030, Propulsion Québec met littéralement la pédale au fond.

La popularité des voitures électriques au Québec (et la difficulté d’en obtenir) fait régulièrement les manchettes. Avec près de la moitié des véhicules électriques au Canada immatriculés au Québec, la province se classe au premier rang au pays. Si à l’échelle mondiale on reste loin de la Norvège, leader mondial pour l’achat de véhicules électriques, le Québec demeure dans le peloton de tête en Amérique du Nord, et possède tous les atouts pour mener la charge dans l’industrie des véhicules électriques et intelligents, selon Propulsion Québec.

Ambition TEI 2030

Propulsion Québec, l’organisme à la tête de la grappe industrielle des transports électriques et intelligents créé en 2017, vient de dévoiler sa feuille de route qui vise à positionner le Québec comme leader mondial dans cette industrie.

« Les premières années étaient vraiment des années d’innovation, de développement de nouveaux produits, d’un peu de toutes sortes », souligne la présidente-directrice générale de Propulsion Québec, Sarah Houde. « Nous sommes donc rendus à l’étape de production à des cadences industrielles. Tout ça est arrimé avec la croissance de la demande. Il faut maintenant avancer sur tous les fronts, avec le pied dans le fond. Ambition TEI 2030, c’est un plan d’accélération. »

Des noms aujourd’hui bien connus, comme Lion qui fabrique des camions et autobus électriques, AddÉnergie qui est un des leaders nord-américains dans la fabrication de bornes de recharge, Taïga avec les motoneiges électriques québécoises, mènent la charge sur le plan des relations publiques et de la visibilité du créneau. Mais la grappe industrielle québécoise des véhicules électriques et intelligents est beaucoup plus vaste, avec de gros joueurs comme Novabus, des nouveaux venus comme Letenda, des fabricants d’équipements comme les bennes de collecte de matières résiduelles de Boivin Évolution, et une foule d’autres entreprises liées aux technologies nécessaires au déploiement de VÉ. Car ce qui est peut-être moins bien connu, c’est l’importante grappe industrielle de fabrication d’équipements et véhicules spécialisés au Québec.

« Dans le secteur des véhicules traditionnels, beaucoup d’entreprises sont encore actives dans les véhicules à combustion, et doivent transformer leur ligne de production, se réorienter. On voit dans ces entreprises une opportunité pour notre secteur. Ce sont des gens qui ont de l’expertise, de l’expérience en transport, qui ont déjà un réseau, qui savent faire des véhicules. On travaille à les accompagner dans cette transition. On a mis sur pied un programme qui s’appelle Transition Plus, qui vise vraiment à répondre à cet enjeu. On n’est pas obligé de partir de rien, de deux jeunes qui sortent de l’université et qui sortent un prototype et qui doivent tout faire. »

Le projet Ambition TEI 2030, c’est donc une feuille de route déclinée en huit thèmes stratégiques et 225 initiatives concrètes pour faire du Québec un chef de file mondial des transports électriques et intelligents.

Parmi les huit thèmes, Ambition TEI 2030 vise à stimuler la création d’innovations à fort potentiel. Propulsion Québec entend mettre l’emphase sur des créneaux porteurs :

  • La fabrication de véhicules et composantes spécifiques à zéro émission;
  • Une filière batteries québécoise;
  • Les infrastructures de recharge;
  • Les véhicules connectés et autonomes, leurs composantes, systèmes, logiciels et solutions;
  • Les solutions logistiques de mobilité;
  • Les simulations et essais;
  • Les infrastructures intelligentes.

Des filières importantes

Avec la concentration de l’industrie de la fabrication d’automobiles en Ontario, le Québec ne peut, et ne doit pas, selon la plupart des experts, compter sur cette filière pour développer le créneau des véhicules électriques. Mais du côté des véhicules commerciaux légers et lourds, des véhicules à basse vitesse et de véhicules-outils spécialisés, le Québec se positionne déjà comme leader.

En effet, si l’engouement des Québécois pour les voitures électriques est bien connu, le leadership d’entreprises québécoises pour l’adoption de solutions de transport électrique, notamment pour les marchandises, l’est peut-être moins. Il faut noter que les concessionnaires de camions Volvo/Mack du Québec ont été les premiers en Amérique du Nord à être certifiés pour l’entretien de camions électriques, et que ce sont des flottes québécoises, comme Transport Bourassa et le Groupe Morneau, qui ont été parmi les premières en Amérique du Nord à se lancer dans l’aventure de l’électrification. Côté transport réfrigéré, c’est aussi une entreprise québécoise, ZanottiEt c’est aussi une entreprise québécoise, Zanotti Canada, qui a livré la première fourgonnette électrique eTransit réfrigérée. Et AttriX Technologies, distributeur des solutions télématiques canadiennes Geotab, figure parmi les leaders pour les technologies de gestion de flottes nécessaires à la transition énergétique des transports.

Et parmi les créneaux les plus porteurs pour le Québec, on se doit de souligner celui de la recharge et des batteries. Et avec Ambition TEI 2030, Propulsion Québec vise donc ces secteurs spécifiques.

« Il y a beaucoup d’innovation à venir dans le secteur de la recharge et de la gestion d’énergie », explique Sarah Houde. « Évidemment, on va vouloir recharger toujours plus vite, pour éviter la congestion aux bornes de recharge. On sait qu’on va devoir gérer notre énergie intelligemment dans l’avenir au Québec si on veut avoir assez d’électricité pour répondre à toute cette demande. Donc, oui, on a besoin de soutenir encore ces innovations. »

De gros joueurs internationaux se positionnent présentement dans la fabrication de batteries pour les véhicules électriques. Dans un tel contexte, est-il réaliste de penser que le Québec pourra tirer son épingle du jeu dans ce créneau? Sarah Houde nous explique que dans le contexte de l’importance stratégique que représente l’approvisionnement des batteries, l’Asie et l’Europe ont déjà assuré une production continentale pour combler leurs besoins actuels et à venir. Selon elle, l’Amérique du Nord doit inévitablement faire de même, pour éviter de se placer dans une situation de dépendance, surtout dans le contexte politique et économique mondial actuel.

« On a une production manufacturière de voitures importante aux États-Unis et en Ontario. Il n’y a pas de raison pourquoi on ne pourrait pas avoir une autonomie continentale pour la production de batteries. Si on veut atteindre la carboneutralité, il faut rapatrier des productions stratégiques, et les batteries c’est une des productions qu’on devrait viser. Je suis contente qu’on ait pris un leadership au Québec sur cette question, on l’a pris tôt, celui-là. Il n’y a vraiment pas de raison de ne pas y croire, surtout qu’on est déjà bien parti. »

Mais Sarah Houde souligne que si ces créneaux sont importants, c’est sur l’ensemble de la filière que Propulsion Québec travaille, du financement aux subventions, en passant la chaîne d’approvisionnement et l’innovation technologique.

Le défi main-d’œuvre : appel aux fournisseurs

La demande pour les solutions de transport électrifié est forte, à tous les niveaux. Et les entreprises liées à cette filière n’échappent problématiques de main-d’œuvre. Le développement et la recherche de talents figurent donc aussi au menu du projet Ambition TEI 2030 de Propulsion Québec. Et avec un focus sur l’innovation, l’organisation vise aussi un rapprochement entre les entreprises et les maisons d’enseignement.

« Cette année, on a décidé de faire plusieurs actions en matière d’innovation. En mars prochain, on tiendra une semaine des transports électriques intelligents au Palais des Congrès de Montréal, avec un focus tout particulier sur l’innovation. Il va y avoir du maillage entre les chaires de recherche, les étudiants en 2e et 3e cycle, et nos entreprises. »

Propulsion Québec pilote aussi le projet En route, la destination carrières en transports électriques et intelligents. Ce portail de carrière affiche les nombreux postes offerts chez différents joueurs clés de l’industrie. Le projet organise aussi des journées carrière et formation, la deuxième édition de RDV En route s’étant tenue au Centre des sciences de Montréal le 26 octobre.

La recherche de nouveaux fournisseurs est aussi constante. Propulsion Québec sert donc aussi de pont pour le maillage entre les grands donneurs d’ordres et les sous-traitants, souligne Sarah Houde.

« Plusieurs de nos membres ont encore du mal à s’approvisionner de certaines pièces, qui pourraient être produites localement. On a de bons fournisseurs de pièces et composantes, mais il y a des opportunités pour des entreprises qui veulent faire de l’assemblage de sous-ensembles, dans notre secteur. C’est très présent en aéronautique, ces assembleurs de grandes composantes. Mais nous, c’est beaucoup plus fragmenté. »

Chez AddÉnergie, le fabricant des bornes de recharge FLO qui a le vent dans les voiles tant ici qu’aux États-Unis, on souligne que les fournisseurs locaux ont joué un rôle crucial dans le développement de ses solutions. L’entreprise s’attend à produire autant dans les prochains 18 mois que dans les 13 dernières années. Face à cette croissance fulgurante, AddÉnergie est notamment à la recherche de fournisseurs pour les composantes électroniques et les pièces d’aluminium pliées et moulées.

Sarah Houde de Propulsion Québec invite les fournisseurs à lever la main pour appuyer le développement de l’industrie québécoise des véhicules électriques et intelligents.

« On a des évènements auxquels ils peuvent participer. Il y a des journées Donneurs d’ordres, pour mieux connaitre le marché. Pour percer dans notre marché, il faut se faire connaitre. Il faut venir dans les évènements, il faut être à l’affut, il faut s’insérer dans l’écosystème. »

Pour en savoir plus sur Propulsion Québec ou sur le projet Ambition TEI 2030, consultez le site web de l’organisme, au www.propulsionquebec.com.

Par Claude Boucher

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