7
Aug

Portrait industriel de l’Estrie – Des infrastructures uniques et diversifiées pour attirer et retenir les cerveaux

Partager :
Auteur:  

Après plusieurs années difficiles, la tendance positive de l’économie régionale semble se poursuivre depuis deux ans. Située le long de la frontière nord de trois États américains (Maine, Vermont et New-Hampshire), l’Estrie bénéficie de la proximité de l’Oncle Sam pour ses marchés. À moins de deux heures de Montréal, la région est attractive en raison de ses différents créneaux d’excellence mais également son cadre de vie harmonieux.

La structure industrielle régionale reflète la vocation traditionnelle davantage orientée vers le secteur de la fabrication que l’ensemble du Québec. La production de biens de consommation (meubles, textiles, vêtements, etc.) et la transformation complexe (impression, produits de plastique et caoutchouc, etc.) y font bonne figure.

Se retrousser les manches

Si ces entreprises sont encore en vie aujourd’hui, c’est qu’elles ont su s’adapter et faire contrepoids aux asiatiques par le biais notamment de la « réindustrialisation ». Cette approche vise à moderniser les industries vieillissantes et encourager la croissance de nouvelles.

« À la suite du Sommet économique de 2007, on s’est questionné sur nos façons de faire, dont en particulier la problématique de la délocalisation de la production vers la Chine et le Mexique. Il a fallu se prendre en main», nous dit Josée Fortin, directrice générale de Sherbrooke Innopole.

La modernisation des usines a permis de faire face à de nouveaux défis avec plus d’assurance. L’automatisation et les technologies de l’information viennent en aide aux PME, dont une majorité est orientée vers la sous-traitance, afin de passer à travers la tempête et franchir un nouveau cap.

« L’entrepreneur sous-traitant ne veut plus être perçu comme un simple fournisseur de pièces», constate Josée Fortin. « Il veut être considéré comme un partenaire d’affaires à qui vous confiez une tâche et qui est en mesure de concevoir et produire une pièce de manière plus durable, moins coûteuse et allégée, tout en lui conférant des propriétés particulières répondant à ses exigences. Ainsi, les entreprises deviennent plus ingénieuses et proactives dans leurs façons de faire.»

Filières-clefs

Par ailleurs, cinq secteurs ont été ciblés par l’organisme économique, selon la masse critique en recherche et le nombre d’industries et d’emplois qu’on y retrouve.

« Elles procurent plus de 18 000 emplois répartis au sein de quelque 600 entreprises du secteur industriel, tertiaire-moteur et d’organisations privées, institutionnelles ou publiques liées à la chaîne de valeur », ajoute la directrice de Sherbrooke Innopole. « Elles forment ainsi des écosystèmes dynamiques d’innovation et de croissance. »

Le premier concerne les industries manufacturières et la fabrication de pointe, et touche des secteurs comme la métallurgie, les produits en caoutchouc et plastique, la fabrication de machines, de meubles et produits en bois et le matériel de transport.

« La filière manufacturière regorge d’exemples d’entreprises qui se sont adaptées avec succès à cette transformation industrielle, de la fabrication en série et/ou à forte intensité de main-d’œuvre au développement de produits et services à forte valeur ajoutée, visant des marchés de niche,» précise Josée Fortin.

Parmi les 375 entreprises que compte ce groupe et les quelque 10 000 emplois, on peut mentionner Dalkotech qui œuvre dans la fabrication de pièces mécano-soudées, Les Engrenages Sherbrooke, un fabricant d’engrenages, ISE Métal, spécialisé dans l’estampage de métal, Métosak, un atelier d’usinage sur CNC ou encore Supermétal Sherbrooke, manufacturier de structures d’acier. Les entreprises de fabrication peuvent bénéficier de l’aide de plus d’une vingtaine d’organismes du Pôle universitaire.

Plus d’une centaine d’entreprises composent le deuxième groupe, les technologies propres, liées aux énergies renouvelables, aux bio-industries, à la valorisation des matières résiduelles et au traitement de l’eau et des sols. Depuis plus de 20 ans, la ville est reconnue pour son leadership environnemental avec des pionniers comme Enerkem, qui produit des biocarburants à partir des déchets, Surplec, un récupérateur d’équipements de transport et de distribution d’électricité, Sherbrooke OEM, un fabricant de centres de tri multi-matières ou encore Animat qui fabrique des tapis de caoutchouc à partir de pneus récupérés.

On ne peut passer à côté des TIC. La filière des technologies de l’information et des communications se développe à un rythme effréné. Les jeux vidéo, le développement de logiciels et l’infonuagique (« cloud computing ») figurent au premier rang. Environ une centaine de PME regroupant plus de 16 000 emplois composent ce secteur des plus dynamiques à Sherbrooke. On pense entre autres à Technologie CDWare, ZAP Sherbrooke, Institut Desgraff, Dunin Technologie, Hypershell ou encore à SherWeb.

Par ailleurs, composées de plusieurs secteurs de spécialisation, la grappe Science de la vie compte près de cinquante entreprises, des effectifs de plus de 16 000 personnes et jouit de la présence du Centre hospitalier universitaire ainsi que de la Faculté de médecine. La masse critique de centres de recherche, de plateformes technologiques et d’entreprises complémentaires permet de mener à bien un projet de recherche complet pouvant aboutir à la commercialisation d’un produit, un avantage indéniable de la région.

Enfin, une dizaine d’entreprises, dont C-MAC, Decade et Tekna Systèmes Plasma, comptant près de 400 emplois, font partie de la filière micro-nanotechnologies, un groupe qui s’impose dans les secteurs les plus variés. On cherche à percer les marchés internationaux de la microélectronique et des nanomatériaux, comme l’aérospatiale, le biomédical, l’électronique de pointe et l’automobile.

Rétention des étudiants

« Nous croyons beaucoup au pouvoir des stages pour retenir les bons employés, indique Madame Fortin. Notre expérience nous démontre qu’une personne qui effectue un stage dans une entreprise a de 50 à 65 % de chance d’occuper un emploi dans cette organisation plus tard. »

On encourage même les entreprises à retenir les services du stagiaire quelques heures par semaine par la suite pour différentes tâches liées à un emploi futur. « Il y a une continuité, poursuit Josée Fortin ; c’est une occasion de faire avancer leurs projets. Il faut trouver des solutions pour les retenir au lieu d’attendre qu’ils quittent la région. »

Même son de cloche du côté de la MRC de Coaticook. « Le besoin de main-d’œuvre est un enjeu majeur chez nous », enchaîne Johanne Beaudin, directrice générale de la SADC, « à tel point que certaines entreprises se voient dans l’obligation de refuser des commandes. »

Tous les intervenants s’affairent à la tâche pour trouver de nouvelles ressources. Visites industrielles, journées carrières, stages et autres activités promotionnelles font partie de la stratégie pour attirer une main-d’œuvre formée aux besoins des entreprises de la région.

Par Roger Riendeau

Lisez l’article complet

Voir toutes les nouvelles industrielles et manufacturières

Lire notre plus récent magazine
Nos annonceurs