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Jul

Perspectives manufacturières RCGT – Un optimisme prudent se dégage

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L’échantillonnage des sociétés sélectionnées représentait assez fidèlement les proportions nationales des entreprises en termes de taille. Ainsi, 69 % des entreprises répondantes comptaient moins de 100 salariés, 24 %, entre 100 et 499 salariés, et 7 %, plus de 500 employés. De façon générale, 56 % des dirigeants sondés prévoient une hausse des commandes et des ventes d’ici janvier 2017, alors que 53 % anticipent une stabilisation des prix (29 % s’attendent à une augmentation) et 40 % prévoient une hausse des bénéfices.

Proximité des marchée

Malgré la mondialisation des marchés, il est étonnant de constater que près de 9 manufacturiers canadiens sur 10 (89 %) tirent leurs revenus de l’Amérique du Nord, dont 64 % du Canada. Les récents accords de libre-échange avec l’Europe, la Corée du Sud et les pays participant au Partenariat transpacifique sauront certainement ouvrir de nouvelles portes à l’extérieur du continent nord-américain.

Il est aussi curieux de voir que seulement 45 % des répondants estiment que ces accords représentent un certain potentiel de croissance. Cette perception s’explique notamment par des problèmes de transport et de logistique pour 34 % des répondants et par les fluctuations monétaires pour 33 % d’entre eux. En fait, 36 % des entreprises en quête de nouveaux marchés affirment qu’elles lorgneront d’abord vers le Canada, 37 % se dirigeront vers les États-Unis, 13 % au Mexique, 17 % en Amérique centrale et du Sud et 10 % plus spécifiquement vers le Brésil.

Obstacles à la croissance

Bien qu’un peu plus de la moitié des répondants anticipent une hausse des ventes d’ici la fin de l’année, bon nombre d’entre eux identifient plusieurs obstacles à surmonter afin d’assurer cette croissance. Ainsi, 58 % des dirigeants identifient les préoccupations économiques générales comme principal obstacle, 43 % font face à la difficulté d’embaucher une main-d’œuvre qualifié, 27 % se tournent vers la capacité de production, tandis que 24 % perçoivent des lacunes dans les compétences en gestion et au niveau du développement de nouveaux produits.

Pour contrer ces obstacles, 70 % des entreprises misent sur la qualité de leurs produits, 64 % sur le service offert, 53 % sur la flexibilité et 50 % sur la capacité d’ingénierie et de personnalisation du produit, entre autres.

Au-delà des obstacles qu’ils ont à affronter, les manufacturiers canadiens identifient plus d’une vingtaine de défis qu’ils auront à relever. Parmi ceux-ci, figurent en tête de liste la pression sur les prix (53 %), l’augmentation des ventes ou commandes (50 %), le contrôle et la réduction des coûts (47 %), la formation et la recherche de travailleurs qualifiés (42 %) ainsi que l’amélioration de la productivité (37 %).

Tyrannie de l’immédiat

Selon Jim Menzies, leader national du secteur manufacturier chez Grant Thornton Canada, les manufacturiers ne voient pas assez loin.

« Les manufacturiers dépendent de modèles stratégiques à court terme qui risquent de les priver de perspectives à l’échelle nationale et internationale. Nous constatons toujours cette même approche utilisée lors de la récession. La planification à long terme, effectuée de façon stratégique et sophistiquée, n’est pas légion. »

Jim Menzies ajoute : « Qui plus est, les habitudes stratégiques à court terme nuisent à la possibilité de réaliser une croissance réelle puisque dans la plupart des cas, les entreprises ne souhaitent pas faire le grand saut et en faire l’expérience. Elles sont plutôt asservies par la tyrannie de l’immédiat. »

Planifier la croissance…

Nulle entreprise ne peut s’attendre à ce que la croissance ne survienne en une nuit. Ses hauts dirigeants doivent donc la planifier soigneusement en fixant des objectifs réalistes à moyen et long termes. Les stratégies de croissance identifiées et ciblées doivent aussi prévoir des modes de financement susceptibles de permettre leur atteinte.

Dans cette optique, les répondants misent sur le développement de nouveaux produits, à 56 %, comme axe de croissance, alors que 55 % d’entre eux souhaitent mettre l’accent sur les occasions de marché en Amérique du Nord et que 52 % feront de l’expansion des ventes et des chaînes de distributions leur principale priorité.

Pour ce faire, près d’un répondant sur deux utilisera les flux de trésorerie générés à l’interne (48 %) et 41% se tourneront vers les institutions financières pour financer leur stratégie de croissance. L’investissement privé (27 %), les programmes gouvernementaux (16 %), la BDC (9 %), le crédit-bail (8 %) et l’appel public à l’épargne (3 %) sont également considérés comme mode de financement.

…et investir!

Comme nous le démontrent les deux tableaux précèdent, pour des dépenses prévues en machinerie, équipement et technologie, de 100 000$ et plus, les manufacturiers estiment qu’ils investiront davantage cette année qu’au cours des deux derniers exercices. Le même constat s’applique au niveau d’agrandissements, de rénovations ou de constructions de nouvelles installations.

C’est plutôt à moyen terme qu’une majorité de manufacturiers canadiens (69 %) estiment que des investissements en équipements, machinerie et technologie seront requis. De même, 34 % d’entre eux entrevoient des investissements au niveau de leurs installations. Autre signe de la prudence qu’ils démontrent face aux perspectives économiques de 2016.

« 89 % des manufacturiers canadiens tirent leurs revenus des marchés nord-américain, dont 64 % du Canada »

Diriger avec audace

L’étude menée par la firme Raymond Chabot Grant Thornton, présentée sur une trentaine de pages, démontre qu’un succès stable à long terme exige des leaders du secteur manufacturiers canadiens des stratégies de croissance audacieuses et novatrices.

Dans ce sens, Davis Jirku, architecte de solutions techniques chez Cisco Systems, va plus loin : « Adopter certains des changements que nous préconisons en tant que société technologique requiert un coût initial et une vraie vision à long terme. »

Les manufacturiers doivent donc avant tout apprendre à gérer le risque et toutes les composantes qui s’y rattachent. Il s’agit sans doute là du plus grand défi qu’ils auront à relever au cours des prochaines années.

Richard Marcil Journaliste

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