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On a même, à certaines occasions, tenté de nous faire reculer dans le temps, en prétendant que nous étions retournés au temps de la Grande Dépression des années 20.

Pour plusieurs d’entre nous, à force d’entendre et de voir ce genre de message défaitiste, nous en venons parfois à croire que c’est la fin du monde financier tel que nous le connaissons (phrase que j’ai déjà entendue quelques fois au cours de ma courte carrière).

Perspective

Sans vouloir diminuer le sérieux de la situation actuelle, comparons un peu les «nouvelles» avec ce que j’appelle «la vraie vie». Le seul point commun que nous pouvons identifier entre la situation actuelle et la Grande Dépression se retrouve dans la cause des deux problèmes: l’excès… l’excès de levier financier.

Dans les années 20, les banques prêtaient à outrance pour acheter des actions surévaluées à la bourse (non réglementée), car les prix des actions ne cesseraient jamais de monter. Dans les années 2000, les banques ont prêté à outrance pour acheter des maisons surévaluées (déréglementation en 2000) car les prix des maisons ne cesseraient jamais d’augmenter (U.S.A.). Là s’arrête la comparaison.

Pour le reste, je n’ai pas vu de «bogey» tiré par un cheval passer dans ma rue dernièrement; je n’ai pas vu de «ligne à soupe» même à la télé; je n’ai pas entendu parler de chômage à 15% ou plus. Et les gouvernements prennent des mesures drastiques pour éviter l’assèchement du crédit, contrairement à ce qui a été fait au début des années 30.

Ferions-nous face, d’un autre côté, à une récession identique à celle de 1981?

Eh bien, si le chômage était à 12.9%, les taux d’intérêts hypothécaires à 20.5% et l’inflation à 12.5%, je dirais que oui, mais ce n’est pas le cas. Personnellement et malgré ce que certains médias tentent de nous faire croire, je pense que nous sommes en 2008, avec les défis de 2008.

Patience

En rétrospective, nous pouvons en effet constater qu’il y a déjà eu plusieurs occasions où les marchés ont reculé autant sinon plus que dans la situation actuelle et souvent dans des conditions économiques moins bonnes que maintenant.

Pour nous, en tant qu’investisseur, il est certain que de voir son portefeuille diminuer de valeur de 15%, 25% ou plus, on ne peut que créer des inquiétudes importantes quant à notre sécurité financière. Surtout si ces inquiétudes sont alimentées quotidiennement par un battage médiatique catastrophique. Or les résultats passés nous prouvent que parfois ne rien faire s’avère être la meilleure avenue.

Discipline

Lorsque nous voyageons par avion et que nous rencontrons une zone de turbulences intense, nous avons en fait deux options qui s’offrent à nous. La première pourrait consister à ouvrir la porte et sauter dans le vide de façon à mettre fin immédiatement à l’inconfort qui nous préoccupe. Cette option est l’option «panique» et le résultat peut facilement être imaginé.

La deuxième option consiste à attacher sa ceinture un peu plus serrée et attendre le retour à la normale; c’est l’option discipline. En investissement, l’option panique ne fait que matérialiser instantanément des pertes qui, selon les données historiques, disparaissent avec le temps. Et à la descente de l’avion, de quoi allons-nous parler? Du 8 minutes de turbulences que nous avons traversées alors que nous avons passé quatre autres heures à voyager très confortablement.

Ce parallèle n’est pas complètement faux: en effet, nous savons qu’en placement, les périodes positives dépassent largement les périodes de turbulences.

Nous savons aussi que le retour à la normale se fait souvent beaucoup plus rapidement que prévu.

Nous savons qu’au cours des huit cents dernières années**, les crises financières se sont succédées les unes après les autres et que le soleil financier a toujours fini par percer les nuages après un certain temps. La crise actuelle, accompagnée d’un recul important des marchés, est donc loin d’être la première du genre et d’être très différente des épisodes antérieurs.

Au pire de la tempête, il est souvent difficile de croire que le calme va revenir; mais en prenant un peu de recul, en évaluant de façon rationnelle la situation et en gardant le cap sur les objectifs que nous avons planifiés, nous augmentons de manière très importante nos possibilités d’atteindre les objectifs fixés au départ sans encourir de pertes irrécupérables.

La réussite de l’investisseur à long terme comporte un mélange de perspective historique, de patience et de discipline.

** This time is different; a panoramic view of eight centuries of financial crisis. Carmen N. Reinhar, Kenneth S. Rogoff

Vous pouvez joindre M. Michel Roy du Groupe Action Financière au (418) 624-0850 ou par courriel au mroy@gaf.qc.ca

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