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Probablement en raison de ce traumatisme récent, le projet de TransCanada, visant à construire un large oléoduc traversant le territoire québécois d’ouest en est, reçoit peut-être moins de réticence de la part des Québécois et Québécoises qu’il le mériterait.

En effet, car avec le transport de ses 1,1 million de barils de pétrole par jour partant de l’Alberta, il s’agirait dès lors d’une avenue qui permettrait à nos concitoyens de l’Ouest de profiter d’un plus grand marché pour augmenter ses prix, tout en diminuant un tant soit peu le transport ferroviaire de pétrole et, par extension, de minimiser les chances qu’un autre désastre de cette ampleur ne survienne.

Prendre en compte tous les aspects de la question

Ce projet d’oléoduc pose au moins deux problèmes inquiétants sur le plan environnemental : celui du risque, en cas de déversement ou de fuite, et celui de l’extraction, que l’agrandissement du marché rendra beaucoup plus important. Sans doute en vertu des plaies encore ouvertes par l’incident méganticois, l’aspect de risque semble être au centre des inquiétudes et des discussions sur le sujet.

Pourtant, à mon sens, l’aspect le plus problématique est bel et bien le fait que, en acceptant de faire passer les pipelines en sol québécois, nous contribuons à creuser la tombe des générations futures.

Au moment d’écrire ces lignes, non seulement les deux partis de l’opposition se disaient « favorables avec réserves » au projet, c’est-à-dire dépendamment de ce que les études environnementales en diront, mais la première ministre Pauline Marois continuait aussi de réitérer son appui au projet de TransCanada, en prétextant qu’il « n’est pas incompatible avec la volonté de réduire les émissions de gaz à effet de serre du Québec ainsi que notre dépendance aux hydrocarbures »[1].

Il est plutôt inquiétant d’entendre ce type de discours de la part d’hommes et de femmes ayant le pouvoir de changer les choses pour le mieux. En réduisant le problème au niveau de l’État québécois, Marois démontre qu’elle n’a saisi ni la gravité de l’enjeu, ni le caractère de la crise à laquelle nous faisons face.

En traitant le problème de manière locale, en ne se préoccupant que des objectifs québécois en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la chef du Parti Québécois, à l’instar de la plupart de ses collègues politiciens, démontre une préoccupation pour les enjeux environnementaux qui est en quelque sorte individualiste, c’est-à-dire circonscrite à l’intérieur des intérêts québécois.

Or, la crise environnementale que nous traversons est planétaire et, de ce fait, requiert une prise de responsabilité collective, suivie d’une action collective se traduisant par une transition écologique immédiate.

Cul-de-sac

Il est bien évident qu’une situation dans laquelle le pétrole devient excessivement cher n’est ni souhaitable pour les contribuables, ni confortable pour un politicien.

Pourtant, être ainsi acculés au pied du mur n’est-elle pas la meilleure manière pour que les esprits les plus brillants et les investisseurs les plus généreux travaillent de concert, et ce, rapidement pour trouver une solution de remplacement durable au pétrole ?

N’est-ce pas, au final, une situation moins extrême que celle dans laquelle les coûts humains et monétaires, liés aux déversements de pétrole ainsi qu’aux changements climatiques, sont socialisés et toujours croissants ?

En définitive, ce n’est pas tant en changeant de mode de transport que nous allons prévenir une autre catastrophe alla Mégantic, car le problème n’est pas technique, mais bien de fond.

En étant la source d’énergie primaire dans le monde, en étant non renouvelables et en étant responsables d’une grande partie des dommages irréparables causés à l’environnement, les énergies fossiles doivent être remplacées par des solutions d’énergie propre, cela le plus rapidement possible.

Emmanuelle Gauthier-Lamer Étudiante professeur en philosophie Cégep de Valleyfield

[1] Shields, Alexandre. 2013. « Énergie Est – TransCanada va de l’avant ». Le Devoir (Montréal), 2 août. http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/384170/transcanada-veut-batir-un-pipeline-qui-traversera-le-quebec, consulté le 24 août 2013.

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