Le professeur Bélanger et son équipe, ainsi que les représentants de l’entreprise partenaire de la nouvelle chaire, ont profité de l’occasion pour évoquer les défis qu’ils entendent relever au cours des cinq prochaines années.
La raison d’être de cette chaire – le contrôle non destructif – concerne un nombre considérable de secteurs, de l’industrie navale au secteur pétrolier, en passant par le nucléaire, l’aéronautique, l’aérospatiale et tant d’autres. Il s’agit d’un ensemble de techniques permettant d’analyser l’état d’une structure ou d’un matériau sans l’endommager. On y recourt pour savoir si la coque d’un navire, un oléoduc, un réservoir, une aile d’avion, un bloc moteur sont en bon état sans être obligé de les démonter.
Le titulaire de la chaire, Pierre Bélanger, s’est joint à l’ÉTS en 2013, après avoir passé trois ans dans l’industrie. Avant de devenir professeur, il a notamment travaillé comme ingénieur de développement et d’essai sur simulateur pour l’écurie de Formule 1 Vodafone McLaren Mercedes. Il a acquis à cette occasion une expertise en développement d’instrumentation. À ses débuts à l’ÉTS, il a eu l’idée de combiner cette expertise et les connaissances qu’il avait amassées sur la propagation des ondes ultrasonores durant ses études.
Il a été approché pour la première fois par un représentant d’Olympus en 2014, durant une conférence. « J’y présentais une technique novatrice pour mesurer l’épaisseur résiduelle des pipelines ayant des supports », se rappelle-t-il.
La multinationale japonaise Olympus est le plus important fabricant et distributeur au monde d’équipements de contrôle non destructif. Ses appareils sont utilisés pour des applications industrielles et à des fins de recherche dans de nombreux secteurs. Afin de rester à la fine pointe de l’innovation, Olympus a entamé en 2016 une collaboration avec le professeur Bélanger dans le cadre de divers projets.
Fabrice Cancre, président d’Olympus Scientific Solutions Americas (OSSA), l’une des trois branches d’Olympus, insiste sur le caractère essentiel de ce qu’il appelle « le contact avec la recherche ». Ayant lui-même une formation de physicien, il estime que la chaire assumera une fonction de premier plan en « alimentant Olympus avec des idées nouvelles, des technologies nouvelles ». L’innovation est ici cruciale, car les méthodes actuelles de contrôle non destructif, quoiqu’efficaces, comportent certaines limitations.
Les inspections de structures et de matériaux demeurent en effet complexes. « Elles dépendent beaucoup de l’utilisateur », explique M. Bélanger. La lecture des résultats est à ce point ardue qu’elle peut varier considérablement d’un inspecteur à l’autre. Un des objectifs de la chaire sera donc de simplifier l’interprétation des données liées au contrôle par ultrasons.
Un autre des défis sera de concevoir de nouveaux transducteurs à ultrasons pour les environnements difficiles. Ces appareils permettront, entre autres, de réduire la manipulation des structures. M. Bélanger explique que, pour inspecter un support d’oléoduc, il est aujourd’hui nécessaire de soulever le pipeline pour en mesurer l’épaisseur résiduelle. « Nous élaborons donc une technique qui permettrait de mesurer cette épaisseur alors que le tuyau demeure en service. » À cela, monsieur Cancre ajoute : « Le but serait de lancer d’ici cinq ans un produit fondamentalement innovant issu de la recherche et développé en collaboration avec l’ÉTS. »
Photo de couverture: De gauche à droite : Ahmad Chahbaz (Olympus), Ricardo Zednik (ÉTS), Alain Le Duff (Olympus), Guillaume Painchaud-April (Olympus), Fabrice Cancre (Olympus), Éric David (ÉTS), Pierre Bélanger (ÉTS), François Blanchard (ÉTS), Charles Despins (ÉTS), Jack-Éric Vandenbroucke (ÉTS), Claire Samson (ÉTS)