Partager :
Auteur:  

Mais en presque une décennie au pouvoir, les conservateurs ont légué un lourd bilan environnemental, d’autant plus que la crise climatique, elle, ne s’essouffle pas. Les libéraux sauront-ils être à la hauteur de nos attentes ?

Un lourd bilan

L’empreinte historique de la gouvernance conservatrice n’a pas seulement freiné le progrès en matière d’environnement, mais bien marqué un recul significatif.

Retrait du protocole de Kyoto, mépris des groupes environnementalistes, soutien à l’industrie pétrolière, révisions de certaines lois environnementales favorisant les entreprises polluantes, déni du consensus scientifique par rapport à la responsabilité humaine dans les changements climatiques, coupes importantes dans les recherches scientifiques, engagement trop faible de réduction de GES au sommet de Paris, bref, la liste est longue.

Si le gouvernement conservateur a surtout été apprécié pour sa gestion de l’économie canadienne, celle-ci n’aura cependant pas été menée dans une perspective de développement durable.

Développement durable

Ce recul n’est évidemment pas que factuel, il est essentiellement idéologique. Mettre autant l’accent sur une économie solide faisant fi du développement durable est en fait une illusion, puisque celle-ci se fera rattraper à moyen ou long terme par les coûts relatifs aux changements climatiques. S’engager à une réduction de 30 % des émissions de GES pour 2050, ne s’inscrit pas magiquement dans une approche de développement durable si ce plan n’est pas accompagné d’une perspective essentiellement plus humanitaire.

En effet, comme le dit si bien l’environnementaliste David Suzuki, l’idée du développement durable n’est pas seulement d’adopter une manière d’exploiter les ressources naturelles ne causant pas de dommage à l’environnement, mais bien de trouver une manière par laquelle cette économie verte soit assez en harmonie avec la nature pour que les êtres humains partout sur la terre et sur la ligne du temps aient accès aux mêmes biens vitaux que la terre a à nous offrir . L’économie verte est une économie équitable. La vision des conservateurs ne pourrait être plus éloignée de cette approche.

Du pain sur la planche

Est-ce que la nouvelle ère Trudeau a vraiment de quoi nous rendre optimistes ? Il est certain que les libéraux partent avec une longueur d’avance sur les conservateurs en matière d’approche environnementale. Mais il en va de même pour pratiquement tous les autres partis politiques canadiens.

La plateforme électorale du PLC annonce en effet plusieurs mesures encourageantes, dont la réforme de l’Office national de l’énergie, une réinjection de fonds à plusieurs groupes de recherches scientifiques dont 40 millions $ à Pêches et Océans Canada, des investissements majeurs dans la création de technologies vertes.

Toutes ces promesses électorales font mine de bonne foi, soit. Par ailleurs, les enjeux les plus critiques demeurent incertains.

Le PLC a été très ambigu par rapport à ses positions face au projet d’exportation de pipelines. N’ayant pas annoncé fermement une déviation du projet, tout en affirmant vouloir respecter le choix des communautés touchées, le nouveau premier ministre devra faire un choix clair sur l’exploitation des sables bitumineux. Avec le rôle qu’a joué Daniel Gagnier, un lobbyiste de TransCanada, dans la campagne de Trudeau, les craintes des militants et militantes écologistes sont justifiées. Du coup, il n’est pas étonnant que le PLC n’ait jamais annoncé de plan concret ni de chiffres ambitieux en termes d’objectifs de réductions d’émissions de GES.

C’est une chose de faire des promesses électorales. C’en est une autre de faire face à la réalité de la pression exercée par des compagnies géantes. Le fait est que l’image de « voies ensoleillées » n’est généralement pas empreinte d’un air bitumineux…

Lire notre plus récent magazine
Nos annonceurs