C’est du moins ce que nous avons appris auprès du directeur général de la Direction de la réglementation des substances nucléaires de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN), monsieur André Régimbald.
«Au niveau international, le Canada a été le premier pays à mettre en place un système de suivi des sources radioactives parmi ceux du G8 en 2007. Le Canada est un participant majeur auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique, basée à Vienne, qui établit les normes internationales pour le contrôle des sources. L’organisme a élaboré le code de conduite en matière de suivi des sources radioactives que les pays membres suivent et dont ils endossent les pratiques au niveau national. La norme RS-G-1.7 établit donc les seuils de rejet acceptables dans l’environnement.
Ces seuils sont extrêmement bas, inférieurs à un bruit de fond, afin de s’assurer qu’on ne surpasse pas le rayonnement naturel. Les centrales nucléaires, les mines, les usines de fabrication d’appareils radioactifs, tous les usagers de substances nucléaires et les hôpitaux suivent ces mêmes règles. Le seuil de rejet dans l’environnement est clairement indiqué pour chaque radionucléide», nous explique-t-il.
La CCSN existe depuis 1946. Elle dispose donc d’une vaste expérience en matière d’énergie nucléaire, de matières radioactives, de transport et d’équipement. Au fil des ans, l’organisme a mis en place un système complexe de permis et d’inspection de conformité. La loi qui régit la sûreté nucléaire interdit à quiconque de posséder ou d’utiliser des substances nucléaires à moins de disposer d’un permis émis par la CCSN.
Il existe environ 60 000 sources radioactives au Canada, domestiques ou étrangères, qui sont toutes répertoriées dans le registre national.
Chaque titulaire de permis doit respecter les conditions associées à son permis. Ceux qui utilisent des sources radioactives doivent tenir l’inventaire complet de celles-ci et rapporter, dans un court délai, les transferts qu’ils effectuent entre eux ou vers les manufacturiers qui utilisent certaines matières potentiellement radioactives.
«Il existe environ 60 000 sources radioactives au Canada, domestiques ou étrangères, qui sont toutes répertoriées dans le registre national.Nous connaissons l’emplacement de ces sources qui s’échelonnent de sources très faibles à très puissantes : par exemple, les sources utilisées dans les appareils de téléthérapie pour traiter le cancer ou les irradiateurs industriels, notamment utilisés pour stériliser les produits pharmaceutiques. Le tout est fortement contrôlé et opéré dans des locaux blindés. Il n’y a donc aucun danger pour les travailleurs et la population», explique M. Régimbald.
Fait étonnant, beaucoup de produits naturels comportent des traces de radioactivité. Les bananes, par exemple, comporte une infime teneur radioactive.
«En moyenne, l’être humain reçoit 2 millisieverts de radiation par année, provenant du sol, de l’air, du soleil. Mais il s’est adapté au rayonnement naturel. À titre comparatif, lors d’une radiographie, la dose reçue par le patient est de 1 millisievert. À de tels seuils, les risques sont inexistants. C’est donc dire que l’organisme travaille avec acharnement pour détecter toute source potentielle, qu’elle soit domestique ou étrangère», ajoute M. Régimbald.
Des mesures d’interventions d’urgence très efficaces existent en cas de vol de pièces ou d’équipements radioactifs de faible teneur, tels certains appareils portatifs comme des jauges pour analyser les sols, utilisées dans le domaine de la construction, entre autres.
Les autorités locales sont immédiatement averties, et des procédures de recherche sont mises en place par le titulaire. Dans tous les cas, l’appareil est retrouvé dans les jours suivants, comme l’indique le tableau ci-dessous.
Les principales sources de radioactivité introduites dans la chaîne de recyclage sont pour la plupart des sources scellées. « On pense ici aux nombreux équipements potentiellement contaminés au cobalt 60, aux équipements issus du démantèlement de centrales nucléaires, comme ce sera le cas pour Gentilly 2. Certains pourront être réintroduits dans la chaîne alors que d’autres seront mis à l’écart et gérés à long terme », expose M. Régimbald.
La CCSN organise régulièrement des activités promotionnelles auprès des diverses industries potentiellement concernées, cela pour mettre à jour les consignes ou promouvoir l’utilisation des portiques de détection. Avec tous les mécanismes mis en place par la CCSN, on peut d’ores et déjà affirmer que les chances qu’un produit contenant des traces radioactives poursuive sa route en sol canadien sont minimes et que la population est somme toute à l’abri.