Pourtant, ces deux métiers comme bien d’autres dans le secteur de la métallurgie offrent de bonnes conditions de travail et de bonnes perspectives d’embauche, surtout avec les départs à la retraite prévus.
D’ici quelques années, ce sont en effet des milliers d’emplois qui seront disponibles. « Les jeunes ne sont pas intéressés par l’industrie métallurgique. Qui voudrait travailler dans un domaine qui a la réputation d’être sale et d’exiger de la force physique? », commente Julie Caron, coordonnatrice à la formation au Comité sectoriel de main-d’œuvre de la métallurgie du Québec (CSMO).
Le commentaire de Mme Caron illustre bien le problème d’image avec lequel doit composer l’industrie. Pour attirer les jeunes et valoriser la profession, rien de mieux que de déconstruire justement ces mythes tenaces encore véhiculés dans la population.
Pour y arriver, le Comité sectoriel de la métallurgie a, entre autres, choisi de présenter quatre capsules qui abordent la place des femmes dans l’industrie, la perception de l’empreinte écologique laissée par la métallurgie, l’ouverture sur le monde et les conditions de travail qui y prévalent. Pour cette tâche, le comité a jeté son dévolu sur nul autre que Réal Béland. « Réal n’a aucun lien avec cette industrie, mais je crois qu’il a beaucoup d’amis manuels et qu’il se sentait concerné. Il faut dire aussi qu’il est très populaire auprès des jeunes ».
L’association avec Réal Béland est sans aucun doute un atout indéniable pour l’industrie. Toutefois, pour Michel Rousseau, directeur des ressources humaines chez ArcelorMittal, l’industrie doit aussi être présente d’où l’importance de la Semaine de la métallurgie. Cet événement, qui en sera à septième édition, se déroulera dans huit régions de la province du 22 au 29 novembre prochains. Il aura pour objectif de faire connaître la métallurgie tant à la relève, qu’aux femmes et aux immigrants.
« Ce sont des travailleurs sur lesquels il faut tabler. L’industrie est composée d’environ 95 % d’hommes, il y a de la place pour les femmes. Pour les immigrants, ceux-ci ne connaissent pas les régions où se trouvent les industries et c’est ce que l’on veut changer », souligne Mme Proulx.
Cette année, c’est au tour d’ArcelorMittal d’en être le porte-parole. « C’est la première fois que nous tiendrons ce rôle. C’est important que des industriels parlent au nom des industriels, qu’ils fassent connaître leur secteur, les critères d’embauche, etc. L’an passé c’était Rio Tinto, cette fois, c’est notre tour », commente M. Rousseau.
Après six éditions, difficile de mesurer l’impact d’une semaine comme celle-ci. Mme Proulx souligne toutefois que l’intérêt augmente :
« Nous avons eu 1 400 participants l’an passé, c’est 400 de plus que l’édition précédente. On remarque aussi que certains jeunes reviennent. »
Pour M. Rousseau, il est certain que cet évènement a du succès, mais il ne se leurre pas, il est conscient que l’industrie devra être créative et inventer des choses qu’on ne connaît pas encore pour attirer les travailleurs. « Ce n’est pas une seule campagne qui va faire changer les perceptions des gens. C’est un secteur méconnu. Encore aujourd’hui, peu de personnes savent qu’on y recycle plus que n’importe où ailleurs et que c’est très High Tech ».
Mythes
Réalité
C’est un travail routinier, loin des nouvelles technologies et pas très payant. Isabelle Petit, ingénieur de procédé, électrodes : « On utilise justement la nouvelle technologie pour améliorer notre production au quotidien d’aluminium. C’est très informatisé. Ce n’est pas payant, c’est très payant et à Montréal et il y a des gens qui gagnent beaucoup moins que moi. » Une industrie très polluante qui utilise beaucoup d’eau et d’électricité. Jacques Paquin, chef de section électrolyse : « Quand on regarde les nouvelles usines construites, on parle de rejet zéro pour l’eau et on récupère les résidus. » Geoffrey Paquet, technicien en environnement chez Alcoa : « 100 % des pluies qui tombent sur le site de l’usine vont dans des bassins et c’est cette eau qu’on utilise pour la fonderie. Si tu regardes l’usine, il n’y a aucune fumée, aucun rejet. Nos épurateurs épurent les rejets à 99.5 %. On veut avoir zéro impact. »
La métallurgie n’est pas un endroit pour une femme. Il faut être fait fort.
Claudette Renaud, opérateur, électrodes : « Il y a 25 ou 30 ans, dans les anciennes usines, c’est vrai qu’il fallait plus de force physique, une fille n’aurait pas eu sa place. C’est différent aujourd’hui. Ce n’est pas nous qui levons et qui forçons, on a des équipements pour ça, même si on n’a pas la force physique, nous sommes capables de faire le travail. »
Source : Comité sectoriel de métallurgie