À la suite d’une tournée de consultations réalisée auprès d’entreprises manufacturières de 10 régions à l’échelle de la province et d’un sondage effectué entre le 19 mai et le 24 juin 2021 auprès de 401 entreprises manufacturières d’ici, l’association des Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) présente une conclusion explosive au sujet du manque de main-d’œuvre qui traine depuis plus de 3 ans de ce secteur : des pertes de plus de 18 milliards de dollars pour l’économie québécoise, et ce, pour le secteur manufacturier seulement!
Voilà le montant estimé que le Québec a laissé sur la table dans les deux dernières années en raison de la pénurie de main-d’œuvre, alors que la majorité des entreprises ont dû refuser des contrats, payer des pénalités de retard ou même réduire leurs activités à cause du manque criant de travailleurs.
« La pénurie de main-d’œuvre est un frein à la relance économique. Combien d’argent le gouvernement est prêt à perdre dans les prochaines années? Combien d’entreprises devront refuser des contrats, délocaliser une partie de leurs activités à l’étranger ou réduire leur croissance ou fermer avant que l’on s’attaque à la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur manufacturier avec des mesures qui ont de l’impact? », mentionne Mme Véronique Proulx, présidente-directrice générale de MEQ.
Des pertes préoccupantes, des besoins criants sur le terrain
Le constat est d’autant plus préoccupant du fait que la situation est généralisée à l’ensemble de l’industrie. En effet, 98,5 % des entreprises sondées affirment avoir besoin de main-d’œuvre et 70 % d’entre-elles disent refuser des contrats ou payer des pénalités de retards de production. Plusieurs doivent d’ailleurs ralentir leurs activités et certaines songent même à déménager leur entreprise.
Près d’une entreprise sur 4 a besoin de combler 20% ou plus de sa main-d’œuvre. Dans les faits, ce sont les postes aux salaires entre 20 à 29 $ de l’heure qui sont le plus en demande dans le secteur manufacturier (49%). Parmi les postes les plus difficiles à combler se trouvent les postes de journaliers, d’opérateurs, de soudeurs, de machinistes, de manœuvres, d’assembleurs, de techniciens, de mécaniciens et d’ingénieurs.
Rappelons que le secteur de la fabrication au Canada, au deuxième trimestre de 2021, a 65 905 postes vacants, dont 25 330 seulement au Québec, un record. Il y a ainsi 5 935 postes vacants de plus dans le secteur de la fabrication qu’au deuxième trimestre de 2019.
« Le bassin actuel de travailleurs actuel ne suffit tout simplement pas. Le gouvernement doit proposer des mesures spécifiques pour pallier la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur manufacturier et aligner ses programmes au manufacturier pour avoir une vision d’ensemble concertée et cohérente qui aura un réel impact. C’est le temps d’agir! », explique M. Proulx.
D’ailleurs, dans le sondage de MEQ, 2 entreprises sur 3 croient que le gouvernement du Québec pourrait en faire beaucoup plus pour aider à régler le problème de pénurie de main-d’œuvre.
Un objectif clair pour le gouvernement
Ainsi, MEQ demande au gouvernement du Québec de revenir au même nombre de postes vacants dans le secteur manufacturier qu’avant la pandémie. Il faut ainsi passer de 25 330 postes vacants (2e trimestre de 2021) à 16 425 (4e trimestre de 2019) et donc de diminuer d’au moins 8 905 le nombre de postes vacants dans le manufacturier québécois, d’ici un an.
D’ailleurs, MEQ effectuera une mise à jour de son sondage chaque année afin de mesurer l’évolution des impacts économiques et faire le point sur les différents critères évalués.
Des actions spécifiques au manufacturier doivent être mises en place
Pour ce faire, MEQ demande au gouvernement du Québec de mettre en place un plan d’action, le Grand Blitz pour le manufacturier, avec des mesures spécifiques pour le secteur. L’Association propose ainsi 13 mesures pour pallier la pénurie de main-d’œuvre dont :
« Le premier ministre Legault nous dit qu’il veut augmenter le volume de produits fabriqués au Québec. Pour ce faire, nous demandons au gouvernement de prendre des actions concrètes, spécifiques au secteur manufacturier, et ce, dès maintenant. Il faut aligner les programmes gouvernementaux sur les besoins des manufacturiers si nous voulons augmenter notre empreinte manufacturière », conclut Mme Proulx.