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Mécanicien industriel : la médecine de brousse au secours des machines

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Cet exemple traduit une des situations avec lesquelles doivent composer les 20 225 mécaniciens industriels qui œuvrent au Québec. Véritables médecins de brousse pour machines, ils sont dans tous les secteurs de production et même en construction.

Les conditions dans lesquelles ils exercent leur métier sont loin d’être toujours évidentes. « C’est un travail qui se déroule à 90 % dans des usines à l’intérieur. On se salit les mains, il fait souvent humide, tout ça dans des endroits souvent exigus », mentionne Victor Jomphe, enseignant et responsable de stage à l’École des métiers du Sud-Ouest-de-Montréal.

En contrepartie, les avantages sociaux et les salaires sont intéressants. De plus, la routine n’est pas au rendez-vous; c’est un domaine qui évolue très rapidement, surtout avec l’apport de l’informatique et de l’automatisation. « Aujourd’hui, le parc numérique compte pour près de 60 % des machines. Cela change continuellement », soutient Claude Dupuis, directeur général du Comité sectoriel de la main-d’œuvre dans la fabrication métallique industrielle.

Il n’y a pas que les machines qui évoluent, les outils aussi. Caméra thermique, thermomètre au laser, outils d’extraction, électrode, etc. aident les mécaniciens à réparer, mais aussi à prévenir les bris. « On devient un peu comme des médecins. On diagnostique des problèmes éventuels. On planifie avant que ça brise.S’il y a un trouble, on tente de le trouver sans ouvrir la machine afin d’éviter de l’arrêter », commente François Morin, enseignant au Centre intégré de mécanique industrielle de la Chaudière.

Une bonne base à peaufiner

Les industriels n’ont plus le choix d’agir ainsi; la concurrence chinoise, dont le coût de la main-d’œuvre est moins dispendieux, amène les entrepreneurs d’ici à mettre en place des solutions rapides, efficaces et moins onéreuses.Ils investissent dans des machines, sans quoi la fermeture de leur entreprise les attend.

« On devient un peut comme des médecins. On disgnostique des problèmes éventuels. On planifie avant que ça brise. S’il y a un trouble, on tente de le trouver sans ouvrir la machine afin d’éviter de l’arrêter » – François Morin, enseignant au Centre intégré de mécanique industrielle de la Chaudière.

Résultat : ils exigent des employés performants, de qualité et formés pour installer les machines, les modifier, les réparer et les entretenir. « La mécanique reste la mécanique. Il y aura toujours des vis et des écrous, mais les travailleurs ont besoin de formation et de pratique pour comprendre la logique de la machine. On ne fonce pas comme ça, tête baissée, sur une machine. Il faut planifier avant d’agir.Nous offrons un DEP de 1 800 heures qui comporte 29 modules comprenant un stage », souligne Genek Bednarek, enseignant et gérant de projet à l’École polymécanique de Laval.

À la fin de cette formation, les étudiants ont toujours la possibilité de se perfectionner en allant chercher une spécialisation de 450 à 500 heures supplémentaires en électromécanique. « Les employeurs veulent des mécaniciens et des électromécaniciens dans la même personne. C’est pour cela qu’un pourcentage assez important d’étudiants poursuivent au-delà de la formation initiale », mentionne M. Dupuis.

Si les étudiants, à la fin de leur parcours, ont une très bonne formation de base, leurs enseignants tiennent toutefois à mettre en garde leurs futurs employeurs.

« Oui, on les forme, mais ils demeurent des apprentis qui ont encore des choses à apprendre. Certains vont frapper un mur devant les exigences des usines, et c’est bien ainsi. Ils ont besoin de formation en entreprise, c’est certain. C’est pourquoi j’invite les employeurs potentiels à les prendre en stage et à ne pas avoir peur de les embaucher, car un jour ou l’autre ils auront besoin d’eux », souligne M. Jomphe.

Alain Langlois, actionnaire de RMH industries (une entreprise qui fabrique et répare des grosses pièces pour divers clients, comme les papeteries, les carrières, les entreprises de machineries lourdes, etc.), a compris. Il sait qu’avec les opportunités qu’offre le Plan Nord, les retraites qui approchent et les demandes des mines, les besoins en main-d’œuvre risquent d’être de plus en plus criants.

RMH n’hésite donc pas à aller chercher les étudiants sur les bancs d’école en leur offrant la possibilité d’intégrer l’alternance travail-étude. Sa seule doléance est qu’il a de la difficulté à recruter de la bonne main-d’œuvre en mesure de travailler avec des machines conventionnelles. « Oui, il y a beaucoup d’électronique dans les industries, et c’est ce qu’on montre aux jeunes. Mais chez nous, c’est quasiment un travail d’artisanat ! On demeure dans la mécanique pure et dure, et c’est une lacune des jeunes », observe M. Langlois.

SAVIEZ-VOUS QUE ?

  • Pour être mécanicien industriel, aucune formation n’est obligatoire, mais elle est fortement recommandée par les entreprises.
  • ll s’agit d’une profession où l’âge est assez élevé, soit 44 ans.
  • Avec près de 11 % des mécaniciens industriels, le secteur de la transformation des métaux est celui qui compte le plus de gens exerçant ce métier suivi des pâtes et papiers avec 9.7 % et 8.6 % pour la foresterie.
  • Les secteurs d’emploi sont : la transformation du bois, la pétrochimie, l’alimentaire, le transport, les manufacturier, le secteur minier, l’énergie, etc.
  • Selon les enseignants qui forment les étudiants en mécanique industrielle, le taux de placement serait de 80 %.
  • Un mécanicien industriel doit être capable de travailler en équipe, être sérieux, ponctuel, autonome, débrouillard, logique, être capable de s’adapter aux changements, responsable, persévérant, être réfléchit et surtout passionné.

LIENS INTERNET:

  1. Portrait statistique du secteur de la fabrication métallique industrielle au Québec
  2. Le Centre Intégré de Mécanique Industrielle de la Chaudière
  3. École Polymécanique de Laval
  4. Commission de la construction du Québec
  5. Repères

LIENS YOUTUBE:

  1. DEP en mécanique industrielle au CIMIC
  2. Mécanicien industriel
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