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Nov

Main-d’œuvre – des actions gouvernementales très attendues

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En prévision de la mise à jour économique et financière du gouvernement du Québec le 25 novembre prochain, les porte-paroles de six organisations nationales, le Conseil du patronat du Québec (CPQ), le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) et l’Union des municipalités du Québec (UMQ) ont présenté leurs priorités communes en matière de main-d’œuvre.

Prenant chacun le micro lors d’une conférence de presse, le groupe de porte-paroles a rapidement mis en relief le caractère unique du Québec dans la situation de la pénurie de main-d’œuvre mondiale, où le vieillissement de la population s’ajoute à la gravité du manque de travailleurs; avec un bassin de travailleurs partant à la retraite beaucoup plus élevé que celui des nouveaux arrivants sur le marché du travail.

Est-ce que cette pénurie de main-d’œuvre est maintenant devenue l’obstacle numéro 1 du développement de notre économie, surpassant les effets de la pandémie? Il semble maintenant que oui, et pour quelques années. Pour illustrer l’urgence de la situation, la FCEI mentionnait des résultats de sondage indiquant qu’en janvier 2021, 26 % des entreprises et PME refusaient des ventes, devenant 36 % en mai 2021, et maintenant 45 % en novembre 2021. De plus, la MEQ faisait connaitre dernièrement que pour le secteur des manufacturiers seulement, les milliers de postes vacants coutaient plus de 18 milliards de dollars par année.

Conditions de réussite

Les regroupements ont donc profité de cet événement pour interpeler le gouvernement et présenter cinq conditions de réussite pour que la crise de la main-d’œuvre s’affaiblisse dans les plus brefs délais :

  • S’assurer que les gouvernements du Québec et du Canada s’entendent rapidement pour ramener les délais de traitement des demandes de résidence permanente à un niveau raisonnable au bénéfice des régions et des entrepreneurs du Québec;
  • Miser sur une stratégie de régionalisation de l’immigration, en collaboration avec les employeurs en région et les municipalités, pour répondre le plus rapidement possible aux besoins à l’échelle du Québec et bien accompagner les entreprises dans le recrutement et l’intégration des travailleuses et travailleurs étrangers temporaires;
  • Encourager et accélérer par un ensemble de mesures ciblées, le rapprochement des personnes éloignées du marché de l’emploi, c’est-à-dire les femmes, les travailleuses et travailleurs expérimentés, les personnes issues de la communauté LGBTQ+, les Premières Nations, les personnes en situation de handicap, les personnes judiciarisées, etc.;
  • Accentuer le soutien à la formation au sein de petites et moyennes entreprises en offrant un meilleur accompagnement et une aide financière adéquate, tout en bonifiant l’offre de formation existante dans le but d’accélérer la requalification et le rehaussement des compétences des travailleuses et travailleurs dans toutes les régions et dans tous les secteurs d’activités;
  • Miser sur les nouvelles technologies en facilitant l’accompagnement technique et les investissements dans les équipements de robotisation et d’automatisation pour les entreprises de toutes tailles.

Les mots d’ordre

« Avec des milliers d’emplois non comblés, les défis de main-d’œuvre ralentissent la croissance des détaillants québécois et retardent leurs projets. Cette pénurie met en péril une reprise économique dans un secteur qui demeure fragile. », selon M. Jean-Guy Côté, directeur général du Conseil québécois du commerce de détail.

« Malheureusement, la plus importante étape à franchir pour le gouvernement est de reconnaître la crise de la main-d’œuvre elle-même, ce qui n’est pas chose faite. Avec près de 220 000 postes vacants, les entrepreneuses, les entrepreneurs et les régions sont au pied du mur et le statu quo n’est plus une solution. Si le gouvernement considère les ruptures de services comme un grand danger pour les services publics, il doit montrer la même sensibilité face aux employeurs et aux employés du secteur privé. Souhaitons que des mesures soient prévues dans le minibudget et qu’elles soient à la hauteur du défi qui pèse sur l’économie québécoise. », selon M. Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec.

« Une majorité de PME ne recommande pas de se lancer en affaires actuellement principalement en raison de la pénurie de la main-d’œuvre qui atteint des niveaux sans précédent. Qu’une entreprise ait 2 ou 50 employés, cet enjeu freine leur croissance. Le gouvernement du Québec peut agir dès maintenant en corrigeant d’entrée de jeu les barrières qui empêchent les plus petites entreprises des secteurs de la construction et des services d’avoir accès au crédit d’impôt favorisant le maintien en emploi des travailleurs d’expérience, ou des personnes ayant des contraintes sévères à l’emploi. Pour une économie forte, il faut que les PME puissent combler les postes nécessaires à leur fonctionnement, et ce, sans égard à leur taille ou au secteur économique. », M. François Vincent, vice-président Québec à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante.

« La pénurie de main-d’œuvre est l’obstacle numéro un à la croissance de l’économie québécoise et menace la productivité de nos entreprises à travers le Québec. Le bien-être des gestionnaires et employés qui font des pieds et des mains pour pallier cette pénurie, parfois jusqu’à l’épuisement, s’en trouve aussi affecté. Nous sommes présents et nous parlons d’une même voix pour soutenir les entreprises québécoises. La réunion de nos organisations aujourd’hui envoie le message au gouvernement que l’heure est à l’action. Parmi les cinq conditions que nous présentons pour nous attaquer à ce défi, soulignons l’importance de la régionalisation de l’immigration, un enjeu sur lequel la FCCQ insiste depuis des années. », selon M. Charles Milliard, président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec.

« Le Québec a laissé sur la table 18 milliards de dollars dans les deux dernières années, seulement dans le manufacturier, en raison de la pénurie de main-d’œuvre. Les entreprises refusent des contrats, payent des pénalités de retard ou réduisent leurs activités en raison du manque criant de travailleuses et travailleurs. Cela a un impact direct sur le développement économique de nos régions et sur notre empreinte manufacturière. Le gouvernement doit agir dès maintenant en mettant en place des mesures qui auront un impact réel sur le terrain. », selon Mme Véronique Proulx, présidente-directrice générale de Manufacturiers et Exportateurs du Québec.

« On doit collectivement cibler et mettre en œuvre des solutions. On ne peut plus faire face à des portes closes, ni tomber en rupture de services publics faute de main-d’œuvre ou retarder des projets d’investissements dans nos milieux parce que les effectifs ne sont pas au rendez-vous. C’est une question de survie pour nos régions. Le mini-budget présenté le 25 novembre prochain est l’occasion de donner un coup de barre et de proposer des solutions novatrices en matière notamment de régionalisation de l’immigration, de formation professionnelle et de productivité. On ne peut se permettre d’écarter aucune avenue. Les municipalités du Québec offrent leur collaboration au gouvernement du Québec pour relever ce défi. », conclut M. Daniel Côté, président de l’UMQ et maire de Gaspé.

Au tour du gouvernement

Pour répondre aux conversations de salon au sujet de la pénurie de travailleurs au Québec, et non, il n’y a pas trop d’entreprises dans la province pour le ratio de travailleurs disponibles. En fait, il en manque si l’on considère tout le potentiel que notre province a à offrir et le développement de la technologie qui pourrait augmenter la production de nos entreprises en général, lorsqu’elle est utilisée. C’est pourquoi la formation des travailleurs est si importante et que le gouvernement devra faire plus de ce qu’il offre maintenant aux entreprises. En fait, ce n’est pas une surprise, puisque cette situation ne date pas d’hier. Les actions gouvernementales, qui auraient dû être prises il y a quelques années, sont maintenant urgentes.

Car en plus du manque de main-d’œuvre et de la difficulté d’embauche pour répondre à leurs actions quotidiennes, le développement et l’instauration de la nouvelle technologie dans leur entreprise et la formation de cette main-d’œuvre pour utiliser la nouvelle technologie, les dirigeants doivent faire face également aux défis environnementaux, aux responsabilités sociales, à l’utilisation d’énergie renouvelable, la décarbonisation de la machinerie, l’électrification de leur transport, et tous les autres enjeux importants pour les prochaines années. On comprend maintenant pourquoi la majorité des entrepreneurs ne recommandent pas de se lancer en affaires présentement.

Est-ce que l’annonce du nouveau seuil d’immigration de 70 000 nouveaux arrivants sera suffisante? Est-ce que l’aide financière aux entreprises pourra s’étendre à toutes les entreprises, PME et start-ups, et non à seulement pour certaines entreprises selon le nombre d’employés, leur domaine et leur secteur d’activité? Est-ce que la mise à jour du budget financier du gouvernement le 25 novembre répondra aux attentes des regroupements des travailleurs québécois? À suivre…

Par Jeff Maheux

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