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Son avenir est en jeu, et les entreprises doivent agir maintenant avant qu’il ne soit trop tard, soutiennent les milieux économiques de la région.

Les PME manufacturières appartiennent encore, pour la plupart, aux propriétaires fondateurs. Bien qu’elles aient été très concurrentielles pendant des années, ce n’est plus autant le cas aujourd’hui. Dans les trois MRC de Beauce-Sartigan, 400 emplois ont été perdus dans les 500 entreprises manufacturières, au cours des deux dernières années. La moitié d’entre elles jouaient un rôle dans l’exportation.

Chaudière-Appalaches a une population de 405 000 habitants et est composée de dix MRC

« Malheureusement, ce nombre est appelé à diminuer en raison des nouvelles technologies qui requièrent moins d’employés. Les entrepreneurs voudraient bien vendre, mais ils espèrent obtenir le prix du marché de 2008. Le problème est qu’ils n’ont pas investi pour augmenter la productivité et les acheteurs se posent la question : “Va-t-on être capable de générer suffisamment de revenus pour rentabiliser les opérations ?” Tout cela crée une dynamique où la vente devient difficile », explique Claude Morin, directeur général et commissaire industriel au CLD de Beauce-Sartigan.

La région de la Chaudière-Appalaches aune population de 405 000 habitants et est composée de dix MRC. La ville de Lévis joue un rôle important dans la région, puisqu’elle représente le tiers de la population. En octobre dernier, le taux de chômage de Lévis s’établissait à 4,2 %.

Il s’agit d’une excellente performance par rapport à la moyenne provinciale. Toutefois, il faut préciser que ce résultat est attribuable à la région de Lévis et à son moteur économique, alors que dans le reste de la Chaudière-Appalaches, le portrait est tout autre.

« Le taux de chômage de 4,2 % est une complète illusion. La région se vide de ses habitants, surtout chez les jeunes. Nous manquons de main-d’œuvre dans tous les secteurs, principalement en gestion. Nous éprouvons beaucoup de difficulté à attirer des gestionnaires de talent », affirme Michel Gilbert, directeur général de Développement PME Chaudière-Appalaches.

Un chantier qui redémarre

L’annonce du nouveau propriétaire du chantier maritime Davie à Lévis, Zafiro Marine, ne pouvait survenir à un meilleur moment. Depuis janvier, l’entreprise procède à l’embauche de travailleurs – 700 au total d’ici les quatre prochaines années – pour compléter la construction de trois navires et en bâtir quatre autres.

La faillite a été évitée de justesse. C’est ce qu’a indiqué la ministre déléguée à la Politique industrielle du Québec, Élaine Zakaïb. À son avis, des centaines de millions de dollars de fonds publics déjà engagés par l’ancien gouvernement ont ainsi pu être conservés.

La plasturgie, les textiles techniques et la transformation du bois sont les trois créneaux d’excellence.

Pour sa part, le directeur du développement de la Ville de Lévis, Philippe Meurant, se réjouit de l’excellente nouvelle. «La Ville a toujours appuyé les projets de relance. Rien de tel que d’avoir des intervenants privés avec, autant que possible, des gens de l’industrie. Un chantier naval a besoin de contrats. Celui de Lévis est le plus gros en opération au pays. L’industrie navale est un facteur clé pour l’économie de demain», souligne-t-il.

Lévis : métropole de la Chaudière-Appalaches

Un emploi sur trois dépend de Lévis. Le tissu industriel est relativement étoffé. « Dans le secteur manufacturier, la progression du taux de l’emploi fut de 14,5 % de nos effectifs totaux depuis ces dernières années, ce qui représente 65 000 emplois. Nous sommes très diversifiés et présents dans plusieurs secteurs, tels l’agroalimentaire, la transformation des métaux, le bois, le pétrole, le plastique, le pharmaceutique et les composites. Nous disposons de 15 parcs industriels », poursuit M. Meurant.

La région de Thetford a également investi 650 millions de dollars en 2012 dans divers projets de parcs éoliens, de gaz naturel et d’implantation d’entreprises, ce qui représente une autre bonne nouvelle. « On bat des records depuis trois ans en termes d’investissements. En 2012, cela signifie qu’une vingtaine de projets ont vu le jour », ajoute Michel Gilbert.

Recul du secteur industriel

En excluant Lévis, le reste de la région, qui constitue 60 % de la population, connaît une diminution relative de la richesse collective par rapport à la moyenne québécoise. Selon Michel Gilbert, «la part du PIB manufacturier de la Chaudière-Appalaches, même en incluant Lévis, est passée de 23,6 % en 2000 à 14,5 % en 2010, soit une baisse de 9 points».

Michel Gilbert croit que la taille des entreprises manufacturières est trop petite et que ces dernières sont trop dépendantes du bois. « Des entreprises spécialisées dans les produits innovants, il n’y en a pas beaucoup. Souvent, elles n’ont pas les moyens d’exporter. Il y a de grosses faiblesses structurelles de côté-là. Il faut renforcer les équipes de gestion, penser à des acquisitions pour hausser la production et la variété de produits », affirme-t-il.

Dans la région de la MRC des Appalaches, la décision du gouvernement péquiste de cesser toutes les activités d’exploitation de l’amiante a porté un dur coup. La fermeture des installations de LAB Chrysotile a entraîné la suppression de 300 emplois.

La Société de développement économique de la région de Thetford (SDE) estime qu’il faut maintenant replacer les mineurs dans d’autres mines ou bien leur assurer une nouvelle formation académique.

Selon la Conférence régionale des élu(e)s de la Chaudière-Appalaches (CRÉ), le secteur industriel est nettement en déclin depuis dix ans. La raison ? La pénurie de main-d’œuvre. « Je dis “en déclin” en termes de diminution de main-d’œuvre et non pas en matière de valeurs d’expédition.

Les carnets sont bien remplis, nous embauchons, mais nous devons refuser des contrats du fait qu’il y a pénurie de travailleurs dans les secteurs de la seconde et troisième transformations du bois, de la plasturgie et de l’alimentation », soutient Laurent Lampron, directeur général de la CRÉ.

Créneaux d’excellence

La région de la Chaudière-Appalaches possède trois créneaux d’excellence. Il s’agit de la plasturgie, des textiles techniques et de la transformation du bois.

Dans le secteur de la plasturgie, 65 entreprises sont à l’œuvre dans la transformation des plastiques et la mise en forme des matériaux composites. Les produits d’emballage et les produits destinés au matériel de transport et à la construction procurent de l’emploi à 5000 travailleurs.

Le secteur des textiles techniques, pour sa part, se compose d’un noyau de six entreprises innovantes centré sur le développement de matériaux textiles intelligents et à valeur ajoutée. Il s’agit de Texel, Victor Innovatex, Régitex, Filature Lemieux, Tapis Venture et JB Martin.

Les diverses applications se trouvent dans les procédés industriels, le matériel de transport, les articles de sport et de loisir, la construction, les soins de santé et d’hygiène et la protection des individus.

« Ce créneau fonctionne très bien du fait qu’il y a très peu d’entreprises et qu’elles sont supérieures à la moyenne en termes de taille. Les entreprises dans le secteur du textile technique sont dynamiques et en relation étroite entre elles », précise Michel Gilbert.

Finalement, le troisième et dernier créneau d’excellence est la valorisation du bois dans l’habitation. Il englobe l’ensemble des activités de conception, de fabrication et de commercialisation liées au bois dans le secteur résidentiel. Plus de 300 entreprises, qui embauchent au-delà de 11 000 travailleurs, sont actives dans la Chaudière-Appalaches.

« Les trois créneaux sont prometteurs. Et je dois dire que j’ai un penchant pour celui de la plasturgie. La région s’y distingue très bien. De plus, j’ajouterai que les transports occupent une partie importante des activités de la région. C’est le cas du transport maritime avec le chantier Davie à Lévis et du transport par autobus avec le constructeur Prévost Car à Sainte-Claire-de-Bellechasse », précise Laurent Lampron.

À Lévis, un important virage s’effectue présentement vers le secteur tertiaire moteur. Les autorités municipales mettent sur pied un parc industriel technologique qui ouvre la porte à de nouveaux secteurs, comme ceux de l’alimentation à forte valeur ajoutée, de la recherche et du développement, des emplois scientifiques.

« Je dirais que la Ville de Lévis est réellement sur la bonne voie pour le développement à l’échelle internationale », conclut Philippe Meurant.

Les travaux de la première de trois phases ont démarré en septembre dernier. Le parc dispose d’une superficie totale de 6 millions de pieds carrés. On prévoit des investissements de 100 millions de dollars pour la première phase et la création de 1200 nouveaux emplois. Entre 2005 et 2012, 850 millions de dollars ont été investis dans le secteur manufacturier par le secteur privé à Lévis.

SAVIEZ-VOUS QUE ?

  • Entre 2005 et 2012, 850M$ ont été investis dans le secteur manufacturier à Lévis?
  • Un emploi sur trois dépend de Lévis?
  • En octobre dernier, le taux de chômage était de 4,2%?

LIENS INTERNET:

  1. MDEIE Gouvernement du Québec
  2. CRÉ de Chaudière-Appalaches
  3. Développement PME Chaudière-Appalaches
  4. Ville de Lévis
  5. CLD de Beauce-Sartigan
  6. SDE de la région de Thetford

LIENS YOUTUBE:

  1. Entretien avec Michel Gilbert, directeur général de Développement PME Chaudière-Appalaches
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