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« La productivité fait partie de la survie de toute entreprise. Si tu n’es pas capable d’être efficace et productif, peu importe ton domaine, c’est sûr qu’il y a quelqu’un, mondialement, qui va venir manger ton lunch en quelque part. »

Celui qui prononce ces sages paroles s’appelle Serge Leblanc, président de l’entreprise Lumen, surtout connue à titre de distributeur de fournitures électriques depuis sa fondation à Saint-Eustache, dans les Basses-Laurentides, en 1962.

Depuis 2015, l’entreprise a son siège social en bordure de l’autoroute 440 à Laval et vient d’y procéder à l’inauguration son tout nouveau centre de distribution, revu, agrandi et amélioré.

C’est justement pour répondre à des enjeux de productivité – la sienne et celle de ses clients - que Lumen a fait le choix d’agrandir son centre de distribution, au-delà de ce qui avait initialement été prévu. Un projet de 80 millions $, auquel Investissement Québec a participé.

Au final, le centre est passé de 385 000 à 565 000 pieds carrés, environ la moitié de cette superficie étant d’une hauteur de 70 pieds, la portion surélevée étant dédiée à la coupe automatisée de longs câbles électriques.

Lumen étant une entreprise de la multinationale européenne Sonepar, c’est avec ces gens que Serge Leblanc a d’abord discuté des plans du nouveau centre de distribution. C’était à peine un mois après le début de la pandémie de COVID-19 et l’économie était plus ou moins sous respirateur artificiel à l’échelle internationale.

« On s’est aperçus que la chaîne d’approvisionnement mondiale était vraiment en gros problèmes et qu’on avait de la misère à avoir du matériel. Il fallait qu’on se mette à augmenter nos inventaires pour servir les clients », témoigne M. Leblanc.

Sauf que pour ce faire, l’équipe s’est vite aperçue que cela allait requérir de l’espace supplémentaire. De là la décision d’agrandir le centre de distribution.

L’automatisation à la rescousse

« Je reçois une commande à 3h00 de l’après-midi et le client a son matériel le lendemain matin », indique M. Leblanc pour illustrer à quel point l’agrandissement, la modernisation et l’automatisation de son nouveau centre névralgique a permis d’en accélérer les opérations.

Dans un premier temps, il y a cette tour de 70 pieds, dédiée à la coupe automatisée de câbles électriques, qui fonctionne un peu comme un immense dévidoir.

« Tout ce qui est gestion des tourets de câbles est automatisé. Donc nous on met le touret sur une palette dans le système qu’on a qui s’appelle ASRS, et ce système-là prend la bobine, va sur un convoyeur, arrive à l’élévateur et l’élévateur va le prendre et va aller porter la palette avec le câble dessus », explique le président de Lumen.

« Quand on a besoin de faire une coupe, les tourets sortent de la tablette et viennent, à travers l’automatisation, à travers les convoyeurs, à la machine à coupe et là j’ai un opérateur qui va prendre le câble et alimenter la machine à coupe. Et là, la coupe va se faire de façon automatique. »

Sur les 35 000 items différents (SKU) qui composent l’inventaire du centre de distribution de Lumen à Laval, environ 70 % sont de petites pièces qu’il fallait auparavant recueillir manuellement dans les bacs où elles sont stockées.

Ces opérations ont, elles aussi, été automatisées.

« J’ai 19 étages de haut de bacs. On met 27 000 différents bacs dans notre système. Quand on reçoit le matériel, on met toutes nos petites pièces dans ces bacs-là dans un gros système automatisé et on a des stations de cueillette où les gens, au lieu de marcher autour des tablettes pour aller chercher les produits que les clients veulent, nos gens ne bougent plus. C’est les bacs qui viennent à eux », nous dit M. Leblanc.

Chacun de ces 27 000 bacs est d’une dimension de 30 pouces par 18 pouces, par 12 pouces de profondeur. Ils peuvent être subdivisés, au besoin, jusqu’en huit section différentes, question que les petits items ne s’entremêlent pas entre eux et augmentant une fois de plus la précision du processus de cueillette.

Diversification des activités

Bien sûr, le marché des 3 300 entrepreneurs électriciens desservis par Lumen demeure une part importante des activités de l’entreprise.

Mais au fil des ans, elle a diversifié ses activités pour desservir le secteur manufacturier dans une palette de services toujours plus large.

« On très forts dans l’automatisation et les contrôles. On a des solutions pour la santé et sécurité, on a la solution pour l’outillage. J’ai une équipe de 65 conseillers techniques juste pour soutenir nos représentants, nos succursales, nos clients qui auraient des demandes techniques », indique le grand patron de Lumen.

L’entreprise ne fait pas d’ingénierie de systèmes d’automatisation clé en main, mais se spécialise plutôt dans l’accompagnement technique afin d’en optimiser le fonctionnement.

Ses clients peuvent par ailleurs faire appel à ses services pour des formations en entreprise, par exemple sur la façon d’utiliser adéquatement et de façon sécuritaire l’outillage spécialisé qu’elle distribue via ses 40 succursales partout au Québec.

Par exemple comment utiliser un système de découpe de béton spécial, tout en assurant l’ergonomie de l’opérateur. Ou encore, du côté des solutions de santé et sécurité, comment porter adéquatement un harnais de protection.

« Souvent c’est des petits ou moyens clients, qui n’ont peut-être pas leur propre personnel de santé et sécurité », constate M. Leblanc.

Politique d’achat local

Lorsqu’un produit qui répond aux normes de qualité de Lumen est disponible auprès d’un fournisseur québécois, c’est là que l’entreprise s’approvisionnera. Sinon, ce sera au Canada ou encore aux États-Unis. Mais toujours en Amérique du Nord.

Échaudés par la crise des conteneurs mise en lumière par la pandémie, les gens de Lumen ne font plus d’importations outre-mer.

« On a récupéré beaucoup plus vite que beaucoup d’autres. », dit M. Leblanc au sujet de la chaîne d’approvisionnement continentale de son entreprise.

Commerce bidirectionnel et gestion de l’énergie

Un autre aspect qui distingue Lumen, c’est que ses clients sont aussi souvent ses fournisseurs. C’est le cas par exemple de partenaires tels que Stelpro ou ABB, où les échanges commerciaux se font dans les deux directions.

« On est gâtés d’avoir des industries manufacturières au Québec qui font beaucoup de choses pour nous », résume le président de Lumen.

Être un spécialiste des solutions électriques, c’est un atout majeur alors que le Québec, après avoir nagé dans les surplus, se retrouve maintenant en situation de rareté de cette énergie propre et où les industries manufacturières se battent pour obtenir les blocs d’énergie disponibles chez Hydro-Québec.

Pour Serge Leblanc, la consommation d’électricité, ça se gère. Et il est possible de faire plus avec moins de courant.

« Souvent on a des usines au Québec qui ont vraiment une très vieille technologie pour s’approvisionner [en courant]. Des usines qui sont bâties depuis 50, 60 ans. On va être capables d’aider le client à améliorer son côté énergétique avec toute la gamme de fournisseurs avec qui on fait affaire et nos aviseurs techniques », déclare M. Leblanc.

L’équipe de Lumen va les accompagner pour apporter des correctifs, par exemple si l’usine veut ajouter de la machinerie et doit s’assurer qu’il a la puissance électrique pour alimenter tout ça.

« On est capables de recommander des produits qui vont être moins énergivores, donc qui permettent de faire plus avec moins », indique le président de Lumen, donnant l’exemple de l’éclairage DEL qui consomme de 8 à 10 fois moins que les ampoules incandescentes pour la même performance.

« Définitivement, c’est là que ça s’en va : l’efficacité énergétique », statue M. Leblanc.

Électrification des transports

La bonne gestion de l’électricité dont disposent nos usines sera d’autant plus importante qu’elles seront de plus en plus appelées à fournir des bornes de recharge pour les voitures électriques de leurs employés, ou encore pour leurs propres camions de livraison électriques.

Cette infrastructure de recharge se doit d’être modulaire, de manière à ce qu’elle puisse évoluer au fil des besoins et des améliorations technologiques, sans que l’entreprise doive chaque fois faire venir la machinerie lourde pour détruire ce qui est en place et reconstruire du neuf.

« Quelqu’un qui investit aujourd’hui dans des bornes de 100 kW, dans 10 ans il va mettre du 250 kW probablement », analyse M. Leblanc.

Des caniveaux de câbles sont souvent la solution dans ces cas. Ces conduits sont placés sous terre, mais leur dessus affleure au même niveau que le sol. Si on doit revoir l’installation électrique, on n’a qu’à retirer des sections de couvercle sur la longueur qui nous convient, apporter les correctifs et refermer le tout.

Et c’est du robuste. Des camions de 80 000 livres et plus peuvent passer sur ces conduits à travers des stationnements sans les endommager.

« L’électrification des transports, c’est tout un défi pour les prochains 10 ans, partout. Autant Hydro-Québec que la structure énergétique au Québec que les installations de tout ce qui s’en vient. Ça va être un méchant défi », prédit notre invité.

Grandir avec ses clients

Serge Leblanc a été témoin de l’évolution de l’industrie au fil des ans. D’abord inscrit à un cours d’électrotechnique, il a bifurqué vers les ventes et le marketing dont il a fait sa spécialité.

Lumen a d’ailleurs été l’un de ses clients avant qu’il joigne les rangs de l’entreprise à titre de conseiller industriel et en devienne éventuellement président.

« Ce que j’aime, c’est voir un client satisfait et bien servi. Et en même temps voir mes gens grandir », témoigne-t-il.

« Le but ultime, c’est que l’industrie manufacturière grandisse au Québec. »

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