Il faut dire que Lanaudière n’a pas énormément d’atouts dans sa manche pour permettre aux entreprises d’innover. La région ne possède pas d’établissements universitaires ni de laboratoires gouvernementaux. Pas étonnant alors que très peu de diplômés sortent des écoles dans les disciplines de recherche et d’innovation. En effet, moins de 20 % des diplômés collégiaux proviennent des formations techniques physiques et biologiques. La plupart des projets de recherches et de développement se font donc selon le bon vouloir des entrepreneurs et bien sûr, ils suivent la courbe des performances économiques des entreprises.
Malheureusement, les dépenses totales consacrées à des activités d’innovation sont inférieures à la moyenne du Québec et la plupart des données statistiques qui traitent de cette question démontrent que la région se retrouve souvent en queue de peloton.
Pour faire comprendre aux entreprises la nécessité d’investir en innovation, le ministère du Développement économique, innovation et exportation (MDEIE) a pris le taureau par les cornes et a commencé lors de déjeuners-conférences à les sensibiliser. Certains gens d’affaires ont tout de suite compris et quelques-uns en avaient même déjà fait leur cheval de bataille. « L’innovation est une façon d’exister, d’être rentable. Si on n’innove pas, on n’existe pas », mentionne Pierre Perreault, président des Industries JSP, qui se spécialise dans la fabrication de mobiliers destinés aux marchés hôteliers.
Si certains entrepreneurs sont proactifs en matière d’innovation, d’autres ont fait part de leur besoin d’être appuyés par des interventions plus personnalisées, car l’innovation est un beau concept, mais par où commencer? C’est là que le projet I.nov leur vient en aide. Près d’une cinquantaine d’entreprises ont reçu ou recevront chez elle des consultants experts et des intervenants locaux du développement économique à l’occasion d’un atelier choisi parmi les huit thèmes disponibles, par exemple : le processus de développement de produits, le développement durable, l’automatisation, le design industriel, etc.
« On propose une aide concrète, on soutient les dirigeants et on les guide vers une plus grande capacité d’innovation », mentionne Jean-François Dupuis, coordonnateur de Lanaudière économique. Lorsque tous ces ateliers auront eu lieu, la prochaine étape consistera à créer des maillages d’entreprises.
Pour illustrer un propos, il n’y a souvent rien de mieux que de montrer des exemples concrets de ce que peut apporter l’innovation. C’est d’ailleurs ce que l’on retrouve sur le site Internet d’Innovation Lanaudière, notamment le cas de Louis Villeneuve du Centre orthopédique Villeneuve, qui a élaboré un logiciel informatique, la technologie Vtech. Celle-ci consiste à offrir un système interactif et entièrement automatisé permettant de produire une orthèse plantaire de qualité répondant aux besoins spécifiques de chaque client.
« Nous avons une avance technologique de quatre ans. Pour venir nous rejoindre nos compétiteurs vont devoir faire le même processus que nous puisque nous avons élaboré cette technologie de A à Z. » Un autre bel exemple est celui de la Boulangerie St-Donat. Guillaume St-Amour, raconte qu’en collaboration avec les Centres collégiaux de transfert technologique, l’entreprise s’est dotée d’une machine automatisée qui a permis de doubler la production.
Il faut dire que même si en général les statistiques ne sont pas glorieuses en matière d’innovation, le secteur agroalimentaire, lui, tire véritablement son épingle du jeu. Dans la région, ce sont près de 3 200 personnes qui travaillent dans ce domaine, ce qui en fait le secteur manufacturier le plus important. La région regroupe donc une mosaïque de produits les plus différents les uns des autres et c’est d’ailleurs ce qui fait sa force.
« Il y a environ 120 entreprises agroalimentaires dans la région. De ce nombre, 80 % sont des petites entreprises qui mettent sur le marché des produits de niche. Elles n’ont pas le choix, car dans le domaine de l’alimentation la concurrence est féroce et les entreprises doivent se démarquer », explique Benoit Rivest, directeur général du Conseil de développement bio alimentaire de Lanaudière (CDBL).
Une bonne façon pour mieux se positionner sur le marché est l’entraide entre les entreprises. C’est ce que prônent depuis deux ans le projet ACCORD Agroalimentaire et le CDBL. D’ailleurs, des alliances se sont déjà créées et de cela, de nouveaux produits ont vu le jour.
« La fromagerie Champêtre est un bon exemple. En collaboration avec le Centre d’innovation en transformation des aliments de Lanaudière (CITAL), qui permet d’avoir accès à du matériel de laboratoire et à des équipements de pointe pour améliorer de nouveaux produits, elle a développé deux nouveaux fromages en intégrant les produits du Domaine de l’île Ronde et de la micro-brasserie l’Alchimiste », mentionne Gabrielle Duval du CDBL. Ce cas de collaboration n’est pas unique, d’autres projets sont sur la table et vont de la valorisation de carcasses, en passant par la valorisation des rejets et évidemment, le développement de nouveaux produits.