1
Oct

L’industrie du meuble à Québec: un marché très conservateur

Partager :
Auteur:  

C’est un marché très conservateur occupé par des fabricants et détaillants établis depuis des générations qui laissent peu de marge de manœuvre aux nouveaux joueurs.

À moins que ces derniers n’arrivent avec une formule totalement révolutionnaire! Les quelques chaînes qui ont tenté de s’y implanter dernièrement n’ont pas fait long feu. Ce fut le cas des magasins de meubles Fly America qui ont fait faillite en 2006.

«Nous avons à Québec un marché de fidélité occupé par des entreprises familiales. Il faut être capable de proposer un nouveau produit qui corresponde véritablement à la demande» estime Martin St-Gelais, propriétaire de Meubles Design Yvon St-Gelais. Son entreprise, fondée par son père, fabrique et vend des meubles design sur mesure depuis plus de 40 ans. Un créneau porteur dans lequel il s’est engouffré très tôt pour se distinguer des importateurs de masse tout en répondant aux nouvelles attentes des consommateurs.

«À Québec par rapport aux grosses villes, les gens recherchent une qualité. Notre clientèle est très à l’aise financièrement et mature, composée souvent de gens à la retraite qui savent ce qu’ils veulent et disposent d’un budget» déclare Martin St-Gelais.

Une production diversifiée

Outre les meubles, l’entreprise fabrique et commercialise des produits pour le corporatif comme les murs d’eau et les aquariums, offre des concepts de décoration clés en main et un site Internet interactif correspondant aux exigences des acheteurs modernes. Une stratégie de diversification et de fabrication personnalisée qui lui permet, depuis cinq ans environ, d’augmenter sa part de marché de 20 à 25% par année, tout en conservant une longueur d’avance. «Notre objectif n’est pas de vendre en quantité, mais de conserver notre clientèle en offrant un service de proximité à des coûts compétitifs» indique l’entrepreneur.

Les Industries de la Rive Sud Ltée tiennent plus ou moins le même discours. Ce manufacturier fabrique des meubles assemblés et prêt-à-assembler, de bas et moyenne gamme depuis 1940. Ses produits sont commercialisés chez les détaillants aux États-Unis, au Canada et, dans une moindre mesure, au Mexique. Pour Gilles Pelletier, vice-président vente et marketing, le marché du meuble à Québec est très conservateur et dominé par de grosses entreprises familiales qui laisse peu de place à ce qu’il appelle «les petits joueurs».

Des meubles plus créatifs

Selon lui, les difficultés du marché sont connues. «Au niveau des détaillants indépendants, la relève n’est pas assurée. Ces gens-là sont en compétition avec les grandes surfaces. Les goûts du public évoluent également et nos compétiteurs se situent désormais dans le domaine électronique qui attire les jeunes consommateurs. Ceux-là privilégient, par exemple, le cinéma-maison. Au niveau des meubles, l’acheteur a tendance à mettre son argent dans l’électroménager en priorité» constate ce professionnel qui assure que l’entreprise subit moins la pression chinoise, du fait qu’elle a su être proactive.

«Ce sont les fabricants de bois solides qui sont en compétition directe avec la Chine» précise Gilles Pelletier, «nous avons changé notre créneau en développant notre site Internet pour élargir notre clientèle. Nous avons également revu nos processus de fabrication pour avoir plus de flexibilité manufacturière et, un effort a été réalisé pour proposer des produits plus créatifs, un choix vaste de coloris, une nouvelle identité visuelle et des prix très compétitifs».

Aussi, même si les Américains demeurent des concurrents féroces, il estime que ces «mastodontes» ont aussi leurs faiblesses et que la force de l’industrie québécoise réside dans l’innovation et la fonctionnalité des meubles, créneau délaissé par les Américains axés sur les gros volumes.

Ameublement Tanguay, chef de file parmi les détaillants considère, pour sa part, que le marché se porte bien sans pour autant vivre la période faste de l’avant 2001. Il a fallu tout de même s’ajuster sur la compétition.

«Le client veut bien payer un peu plus cher pour de la qualité mais pas le double de ce que coûte un meuble chinois. Il faut donc trouver un juste milieu. Nous allons toujours avantager la fabrication québécoise, mais si le client veut du meuble asiatique, nous devons suivre» déclare André Jolicœur, vice-président aux finances et aux opérations marketing qui ne cache pas qu’en ce moment, l’entreprise importe environ 10% à 15% d’Asie pour répondre à la demande. Et il est loin d’être le seul.

Lire notre plus récent magazine
Nos annonceurs