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Feb

L’industrie du bois d’œuvre… impasse ou mutation ?

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Celui qui a principalement pour mandat de déterminer ce qui peut être récolté en forêt publique en tenant compte des objectifs d’aménagement durable des forêts et de la réglementation en vigueur doit également produire un bilan de l’état des forêts. Le prochain, qui couvrira la période 2008-2013, devrait être rendu public d’ici la fin de 2014.

Or, l’industrie forestière connaîtra un regain d’énergie en 2014, confirme M. Christian Messier, professeur et directeur de l’Institut des sciences de la forêt tempérée (ISFORT), Chaire CRSNG / Hydro-Québec sur la croissance des arbres – UQO, UQAM, notamment en raison de la capacité de production qui a été réduite, et qui a impliqué une hausse des prix du bois et du papier, avec la diminution de la valeur de notre dollar par rapport au dollar américain et avec la recrudescence de la construction de maisons aux États-Unis.

«La construction immobilière augmentera de 23% aux États-Unis, et on entre dans un cycle de deux à trois ans pour le bois d’œuvre, exprime à son tour le président-directeur général du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ), M. André Tremblay. La demande est là, alors cette augmentation influe positivement sur le volume et le prix.» Du côté des pâtes et papiers, c’est un peu plus difficile, mais les usines roulent «relativement bien», admet M. Tremblay.

Au Québec, l’enjeu fondamental serait le coût d’approvisionnement – le coût de la matière première, la fibre – des usines, qui est le plus élevé en Amérique du Nord. «Pour cela, il faut rester compétitifs. Sinon, d’autres vont nous remplacer», précise M. Tremblay en rappelant l’importance pour l’industrie d’innover en travaillant de concert avec nos gouvernements.

«Le Québec (et le Canada) investit beaucoup en recherche actuellement pour développer de nouveaux produits, comme la nanocellulose, les maisons préfabriquées, les granules pour l’énergie et les poutres de bois laminées, pour essayer de diminuer notre dépendance à la production de planche et de papier», complète M. Messier.

«La forêt devra être perçue différemment. Je crois que de plus petites industries de niche produisant des produits à hautes valeurs ajoutées constituent la voie de l’avenir pour l’industrie» - Christian Messier, professeur et directeur de l’Institut des Sciences de la Forêt Tempérée (ISFORT), Chaire CRSNG/Hydro-Québec sur la croissance des arbres – UQO, UQAM.

Tous deux saluent d’ailleurs des exemples concrets de transformation dans l’industrie, telle la création d’une usine-pilote de filaments de cellulose chez Kruger, à Trois-Rivières, destinée à réduire les coûts de l’entreprise et à permettre l’exploration de nouveaux marchés, annonce faite en décembre dernier.

Toujours du côté des pâtes et papiers, M. Tremblay souligne que même si l’industrie n’en est pas à ses débuts dans certains secteurs, le papier hygiénique et essuie-tout par exemple, il existe d’autres segments où l’on fait usage du bois de manière non traditionnelle et où l’avenir promet.

Son exemple préféré : les gobelets de café fabriqués avec de la fibre de bois à l’usine Cascades de Kingsey Falls et distribués dans les Tim Hortons de l’Amérique du Nord. La même usine fabrique également les supports en carton qui facilitent le transport des boissons gazeuses dans les restaurants McDonald’s. D’ailleurs, la construction d’amphithéâtres et de terrains de soccer fait aussi la renommée du Québec en matière de travail du bois de structure…

André Tremblay et Christian Messier sont optimistes : l’avenir de l’industrie forestière au Québec réside dans la fabrication de produits de niche et de produits dérivés.

«La forêt devra être perçue différemment, c’est-à-dire pas seulement comme une production de bois et de fibre, mais comme un écosystème produisant plusieurs services écologiques, comme la filtration de l’eau, la fixation de carbone, la production de champignons, de petits fruits et autres activités traditionnelles de chasse et de pêche. Je crois que de plus petites industries de niche produisant des produits à haute valeur ajoutée constituent la voie de l’avenir pour l’industrie.»

Cela est d’autant plus vrai qu’il faudra planifier dans un contexte d’incertitude environnementale, sociale et politique beaucoup plus grand et donc développer des industries et produits pouvant s’adapter rapidement aux changements qui, eux, se produiront encore plus rapidement.

SAVIEZ-VOUS QUE?

  • La télédétection aérienne est une nouvelle technologie à la veille d’intégrer la boîte à outils des instruments de mesure de l’état des forêts au Québec? Selon la définition retenue par les spécialistes du département de géomatique appliquée de l’Université de Sherbrooke, il s’agit de la discipline scientifique qui regroupe l’ensemble des connaissances et des techniques utilisées pour l’observation, l’analyse, l’interprétation et la gestion de l’environnement à partir de mesures et d’images obtenues à l’aide de plates-formes aéroportées, spatiales, terrestres ou maritimes? Comme son nom l’indique, elle suppose l’acquisition d’information à distances, sans contact direct avec l’objet détecté. Source : www.usherbrooke.ca/geomatique.
  • «La télédétection aérienne est une technologie qui va permettre d’améliorer la qualité de nos inventaires et raffiner nos interventions en forêt», André Tremblay.

LIENS INTERNET:

  1. Le Forestier en Chef
  2. Bilan d’aménagement forestier durable 2000-2008 (version complète)
  3. Communiqué de presse – résumé du bilan 2000-2008
  4. Les constats du Forestier en chef de l’époque lors de la publication du Bilan, en 2010
  5. Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ)
  6. L’Institut des Sciences de la Forêt Tempérée (ISFORT)
  7. Chaire CRSNG/Hydro-Québec sur la croissance des arbres

LIENS VIDÉOS:

  1. Reportage Radio-Canada à la sortie du documentaire « L’état de la foret au Québec »
  2. L’Erreur Boréale, le fameux documentaire de Richard Desjardins, 1999.

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