La crise financière européenne, la reprise anémique chez nos voisins du Sud ainsi que l’envolée du huard, voici les trois principaux protagonistes qui se retrouvent au banc des accusés. Malgré tout, pour l’horizon 2011-2012, les instances gouvernementales canadiennes anticipent une hausse de l’emploi de 1,1 % en Estrie. De plus, le Conference Board prévoit une augmentation du produit intérieur brut québécois de l’ordre de 2,3 %. Ce n’est pas le Pérou, mais c’est tout de même un pas dans la bonne direction.
La communauté des gens d’affaires estriens, bien qu’elle soit des plus dynamiques, n’est cependant pas à l’abri de nouveaux soubresauts. Les dirigeants du secteur manufacturier misent donc sur la réorientation du tissu industriel et le développement de créneaux novateurs pour se maintenir dans le peloton de tête. La mutation qui s’opère leur permettra d’acquérir une certaine notoriété dans l’économie du savoir et la transformation de biens à valeur ajoutée.
Depuis le début du nouveau millénaire, l’industrie des technologies propres connaît un essor fulgurant à l’échelle mondiale. Les entrepreneurs de la région se sont démarqués en investissant massivement dans le domaine des bio-industries environnementales. En adoptant une attitude proactive, l’Estrie se dresse comme un des chefs de file de ce marché porteur de l’économie québécoise.
C’est la région métropolitaine de Sherbrooke qui tire le mieux son épingle du jeu au sein de se secteur d’activité en émergence. À vrai dire, c’est la ville où l’on dénombre le plus d’entreprises spécialisées dans cette sphère. C’est aussi le territoire qui forme, avec ceux de Montréal et de Québec, le triangle industriel le plus important de la province.
Les bio-industries de la région sherbrookoise se consacrent notamment au développement puis à la commercialisation de technologies de pointe. Nad Klima, qui se spécialise dans les produits de ventilation avant-gardistes, Enviro-accès, un des trois centres canadiens pour l’avancement des technologies environnementales et Enerkem, ne sont que quelques exemples.
Cette dernière œuvre dans le secteur de la bioénergie et transforme les déchets en éthanol. En 2010, la firme née du travail d’Esteban Chornet, professeur-chercheur à l’Université de Sherbrooke, s’est implantée chez l’Oncle Sam en construisant une bioraffinerie au Mississippi. De plus, selon les données de Cleantech Group, Enerkhem est « une des cent meilleures entreprises du secteur des technologies propres. »
L’Estrie, outre les dizaines de compagnies innovantes issues de la filière du développement durable, peut également s’appuyer sur un bassin de chercheurs et d’environnementalistes qui la font rayonner sur les échelons national et international.
L’Université de Sherbrooke, voilà le principal fer de lance qui propulse les Cantons-de-l’Est à l’avant-plan. Cette alma mater agit donc en tant que catalyseur de tout un pan de l’économie régionale. À elle seule, la maîtrise en environnement offerte sur le complexe universitaire sherbrookois totalise près de 70 % de tous les étudiants du deuxième cycle en environnement de la province.
Même les chimistes de l’Université de Sherbrooke voient vert. C’est notamment le cas de Carmel Jolicoeur, un professeur-chercheur chevronné qui a mis au point une technique pour valoriser les résidus de cendres provenant de la combustion du charbon en les incorporant au béton. L’utilisation d’un tel procédé représente une diminution de la pollution engendrée par rien de moins que 700 000 voitures annuellement. Voilà entre autres comment la chimie verte, nouvelle tendance chez les scientifiques estriens, fera partie de notre quotidien dans les années à venir.
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