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L’Estrie bascule vers l’industrie du savoir

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En raison de sa nouvelle orientation vers l’industrie du savoir, de son initiative à l’endroit du développement économique des PME et de la reprise des activités chez nos voisins du Sud.

L’industrie du savoir est la pierre angulaire des prochaines années. C’est du moins ce que soutient Marie-Hélène Wolfe, directrice générale de la Conférence régionale des élus de l’Estrie (CRÉ).

« L’Estrie est en profonde mutation. L’industrie du savoir est en plein développement. La mobilisation des forces est générale. Le soutien des créneaux d’excellence ACCORD nous amène à changer complètement nos modèles d’affaires et à repositionner les entreprises pour qu’elles soient plus innovantes et moins dépendantes. »

Dans un document interne de la CRÉ, l’objectif général est clair : développer et exploiter le savoir et le savoir-faire des personnes, des entreprises, des institutions et des organisations.

« Un des moyens reconnus pour que les entreprises soient plus prospères est d’augmenter leur niveau de savoir. Le maillage avec les institutions du savoir est une des façons pour y parvenir. Grâce aux maillages, les entreprises peuvent accueillir des stagiaires amenant de nouvelles connaissances, réaliser des projets de recherche et développement, etc. », spécifie le document.

Selon un sondage American Cities of the Future, Sherbrooke est au 10e rang des villes les plus prometteuses en Amérique.

Cinq principes directeurs orientent le Plan de développement de l’Estrie 2013-2018 : le développement durable, l’équité entre les hommes et les femmes, le développement de façon fluide, intersectorielle et interterritoriale, la modulation des programmes dans tous les secteurs pour qu’ils soient adaptés et pertinents aux besoins et enjeux de l’Estrie et l’ouverture à la réalité.

Selon Emploi-Québec, 28 900 postes seront à combler en Estrie d’ici 2015. C’est la raison pour laquelle l’accès au savoir est primordial. « Les mesures favorisant l’éducation, l’accès à l’information et la recherche doivent être encouragées de manière à stimuler l’innovation, ainsi qu’à améliorer la sensibilisation et la participation effective du public à la mise en œuvre du développement durable », précise le document de la CRÉ de l’Estrie.

Sherbrooke : centre névralgique

À Sherbrooke, la reprise commence à s’amorcer. Bien qu’en début d’année les activités furent lentes à démarrer, Sherbrooke Innopole enregistre à présent un regain. Depuis ces derniers mois, 23 nouvelles entreprises ont vu le jour et créé 881 emplois. Dans cette agglomération urbaine de 158 000 habitants, l’industrie du savoir représente également un enjeu de taille pour les prochaines années.

« Autrefois, nous misions trop sur l’industrie manufacturière qui était en déclin. Notre défi à présent est d’évoluer vers une économie du savoir et jusqu’à maintenant, je crois que nous réussissons très bien. Nous travaillons étroitement avec nos deux universités et l’ensemble des établissements scolaires. Les conditions d’environnements catalyseurs de croissance sont réunies », explique Pierre Bélanger, directeur général de Sherbrooke Innopole.

Pour relever le défi, Sherbrooke Innopole a créé des fonds d’investissement en partenariat avec Desjardins Capital de risque permettant, d’investir dans le démarrage d’entreprises jusqu’à concurrence de 1 M$. « Notre objectif est d’aider les entreprises à devenir innovantes, à améliorer leur productivité et à trouver de nouvelles niches de marché d’exportation », indique Pierre Bélanger.

La croissance du PIB de Sherbrooke pour 2013 est de 1,8 %, tout juste derrière la ville de Québec et au 19e rang de toutes les villes canadiennes.

L’œil de Memphré

Dans la région de Magog, les pertes d’emplois chez Québecor, Olymel de même qu’au sein des entreprises liées au textile et aux pièces automobiles ont fait très mal à la région jusqu’à 2011. « Depuis, nous avons consacré beaucoup d’efforts à diversifier les activités de nos PME.

Bien que nous soyons présents dans les industries du métal, de l’agroalimentaire, des composantes automobiles, du caoutchouc, du plastique et dans les centres de recherche, des projets en haute technologie sont à l’étude. Le créneau du savoir est important pour le développement futur de notre économie.

Notre préoccupation vise l’écologie et le développement durable. Il s’agit d’emplois bien rémunérés, qui attirent de jeunes familles, et porteurs pour un meilleur avenir », raconte Yvan Lanthier, directeur général du CLD de la MRC de Memphrémagog.

Mégantic : diversifier les activités

Dans la grande région de Mégantic, l’industrie du bois occupe une place prépondérante dans l’économie. Un emploi manufacturier sur deux relève du secteur du bois dans les entreprises de 1e, 2e et 3e transformations.

La région se distingue dans la transformation du bois d’apparence et composite (armoires de cuisine, meubles, portes et fenêtres, composantes) et dans le domaine des structures préfabriquées (maisons modulaires, panneaux, bâtiments usinés).

« La 2e et la 3e transformations sont importantes sur notre territoire. Et puisque nos entreprises exportent sur le marché américain, la reprise actuelle aux États-Unis ne peut qu’être bénéfique pour notre région. Nous avons une bonne situation géographique, étant donné que nous sommes situés à proximité de la frontière américaine », affirme Ginette Isabelle, directrice générale de la Société d’aide au développement de la collectivité (SADC) de la région de Mégantic.

Créneaux d’excellence

L’Estrie mise sur cinq créneaux d’excellence ACCORD pour assurer son développement économique : les sciences de la vie, les technologies propres, les industries manufacturières et de fabrication de pointe, les technologies de l’information et des communications et les micronanotechnologies.

Cette année, Québec a versé une aide financière de 300 000 $ pour soutenir la croissance du créneau d’excellence ACCORD Sciences de la vie.

« Ce créneau de l’économie grise, propre à la région, possède une grande capacité d’innovation et d’évaluation des technologies grâce à la présence de nombreux chercheurs, de cliniciens-chercheurs et de praticiens, de centres de soins spécialisés reconnus internationalement ainsi que d’infrastructures technologiques de pointe », précise la ministre déléguée à la Politique industrielle et à la Banque de développement économique du Québec, Élaine Zakaïb.

Ce créneau regroupe les activités et les industries relatives à la biotechnologie, à la pharmaceutique, aux technologies médicales, aux services de recherche et d’évaluation clinique de même qu’aux services de soins.

Une relève à gérer

Bien que le passage de l’industrie manufacturière vers l’industrie du savoir se fasse lentement mais sûrement, encore faut-il assurer et gérer la relève des hauts dirigeants. Et c’est ici qu’intervient le Centre de transfert d’entreprises (CTE) de l’Estrie. En 2012, un entrepreneur sur cinq manifestait son intention de prendre sa retraite. Mais le problème résidait sur les façons de faire et les coûts demandés à la vente de l’entreprise.

« Les gens ne savent pas comment transférer le savoir et le pouvoir. En Estrie, la valorisation de l’entreprise est un enjeu de taille. Les propriétaires établissent à tort une valeur émotive à leur entreprise du fait qu’ils ont consacré beaucoup d’efforts au fil des ans. Souvent, il y a un écart sur la valeur de l’entreprise et leur désir », raconte Céline des Ligneris, coordonnatrice des centres de transfert d’entreprises.

À son avis, plusieurs facteurs sont à considérer dans le secteur manufacturier. La gestion appartient-elle à une seule personne ? Le savoir est-il concentré sur un seul individu? Dans un tel cas, il est permis de croire que l’entreprise soit appelée à mourir au moment du départ du propriétaire si celui-ci n’a pas transféré ses connaissances.

PIB en hausse

Selon le ministère des Finances et de l’Économie (MFEQ) du Québec, la situation de l’emploi s’améliore en Estrie. Au cours du premier trimestre de 2013, le taux de chômage était de 7,1 %, soit une première baisse en plus d’un an dans la région.

Autrefois fortement axé sur la fabrication de produits de consommation (meubles, textiles, vêtements), le secteur manufacturier de l’Estrie est aujourd’hui plus équilibré entre ses activités traditionnelles et la transformation complexe.

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