Les ressources et les expertises pour aider les entreprises à tirer le meilleur parti des technologies manufacturières sont en place. Il faut en accélérer l’intégration pour démocratiser l’innovation.
La compétitivité de l’industrie québécoise repose sur sa capacité à croître à long terme et cela passe par une maîtrise claire des processus d’innovation, de la création de nouvelles idées jusqu’à leur commercialisation.
En théorie, la recette est connue : la croissance de demain relève des potentialités de différenciation et de la réduction des coûts. Mais sur le terrain, le défi est plus lourd: dans le contexte technologique d’aujourd’hui, il s’agit de transformer les processus de production mur à mur avec un traitement sophistiqué des données opérationnelles, en adoptant non seulement les technologies 4.0, mais se faisant, en permettant aux PME de trouver leur place dans une chaîne de valeur 4.0.
Cette chaîne évolue elle-même dans une nouvelle segmentation des activités et les dirigeants ont donc tout intérêt à penser leur plan d’investissement en ayant une vision globale des transformations sectorielles.
Ainsi, la coopération économique et l’innovation collaborative ne relèvent pas d’un nouveau jargon à la mode. Leur sens se trouve dans la nécessité de mobiliser les acteurs économiques pour trouver les nouveaux ancrages territoriaux de la création de valeur. Les marchés changent et c’est précisément dans la qualité des interactions entre les grandes et les petites entreprises, entre le milieu institutionnel et le milieu commercial, entre les acteurs publics et privés, entre les employeurs et les employés, entre les centres économiques et les régions éloignées, etc. que se renforcent les systèmes d’innovation.
Le monde manufacturier a toujours évolué au fil des nouvelles technologies. L’automatisation et la robotisation restent la base, mais le progrès doit devenir une culture, car l’intelligence manufacturière continue sa marche. Avec l’évolution récente des technologies, les promesses deviennent gigantesques, car la chaîne de production devient apprenante et permet ainsi une amélioration continue des processus et de la productivité. Pour les grandes comme pour les petites entreprises, ces promesses sont en fait devenues une norme: la production manufacturière s’inscrit dans des systèmes hyper connectés et décentralisés. Le schéma industriel ne sera plus jamais le même.
Dans un récent rapport du STIQ1, on apprenait que 48 % des PME manufacturières sondées n’avaient intégré aucune ou un maximum d’une technologie numérique parmi les dix principales proposées2. Cette part baisse avec la taille de l’entreprise, mais elle reste néanmoins perchée à 30 % pour les PME de 100 à 500 employés. Le rapport souligne que ce n’est pas nécessairement le manque de financement (cité dans 28 % des cas) qui freine l’implantation des nouvelles technologies manufacturières, mais plutôt le manque de temps (68 %) et le manque de personnel qualifié (66 %).
La pandémie de COVID-19 a clairement mis en évidence que les entreprises qui ont trouvé dans cette crise des opportunités sont celles qui ont renforcé leurs capacités d’innovation en élevant le degré technologique de leurs opérations. Elles ont percé de nouveaux marchés, tout en misant sur l’économie verte et en encourageant les approvisionnements locaux. Elles perçoivent de nouvelles possibilités pour l’augmentation du capital humain et elles trouvent des solutions au manque de main-d’œuvre qualifiée. Certaines ont innové en combinant les meilleures technologies, parfois en se limitant à une approche simplifiée, mais si elles sont passées au travers de la crise, c’est parce qu’elles sont passées à l’action.
Devant la complexité des technologies et les multiples conséquences organisationnelles de leur implantation, les PME ont besoin d’une vision globale, transcrite dans un plan numérique, afin de mettre en œuvre progressivement les investissements nécessaires à leur réussite. Pour définir leur plan, elles peuvent notamment faire appel aux quatre centres d’expertise industrielle (CEI)3 mis en place par le ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec. Celui de Montréal, associé à Développement économique Saint-Laurent, met à la disposition des manufacturiers de la région un groupe tactique d’innovation de six ingénieurs qui réalisent des audits 4.0 et facilitent la définition d’une suite ordonnée de projets numériques. C’est une étape gagnante pour la rentabilité des investissements.
1) Baromètre industriel québécois, 12e édition, STIQ, sondage réalisé entre le 19 janvier et le 26 février 2021 auprès de 2 820 PME manufacturières.
(2) Interconnexion des équipements, surveillance et contrôle en temps réel, maintenance prédictive, utilisation des plateformes mobiles connectées, interconnexions avec les clients et les fournisseurs, robotique, cellules de production autonomes, impression 3D, configurateur de produits en ligne, prise de décision autonome par les systèmes TI.
(3) Le Centre national intégré du manufacturier intelligent, le Digifab, CEI MTL, le CEI de Québec International.
Par : Développement économique Saint-Laurent