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Oct

Les succès discrets du moyen nord

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C’est particulièrement le cas chez la Nation Crie du Québec. Si plusieurs de leurs entreprises situées en Abitibi-Témiscamingue et dans le Nord-du-Québec fournissent depuis longtemps du travail à plusieurs centaines de personnes, certaines sont maintenant devenues des partenaires économiques incontournables.

Bâtir le nord

Qui parle de développement de la Baie-James ne peut passer sous silence le rôle majeur joué par la Compagnie de construction et de développement crie (CCDC). Fondée en 1976, elle est devenue l’une des plus importantes compagnies de construction au Québec. CCDC peut aussi se vanter d’être la première entité autochtone à avoir obtenu la certification ISO au Canada.

CCDC vise d’abord à favoriser le développement des communautés cries, autant par la construction d’infrastructures que par l’emploi. À cet égard, l’ambitieux projet hydroélectrique de l’Eastmain lui a donné un sérieux coup de pouce. De 2004 à 2009, le nombre de Cris à l’emploi de CCDC est ainsi passé de 155 à 709. La main-d’œuvre non-autochtone est quant à elle passée de 156 à 834 travailleurs.

À l’heure actuelle, CCDC procure pas moins de 96 % des heures travaillées par les salariés autochtones des différents chantiers de l’Eastmain. Bon an mal an, elle emploie en moyenne quelque 850 employés en période de pointe, dont 300 à 350 autochtones, en majorité des Cris. Depuis 2003, ces derniers ont reçu pas moins de 100 M $ en salaires.

Mais CCDC ne dépend pas que du projet de l’Eastmain. Depuis 2003, la compagnie a réalisé pour plus de 500 M $ de travaux sur quelque 200 projets sur le territoire de la Baie-James ainsi que dans le nord de l’Ontario et du Manitoba. Uniquement pour 2010, CCDC a reçu pour plus de 30 M $ en contrats, dont la construction d’une école à Chisasibi, des travaux de génie civil aux aéroports de Waskaganish et Wemindji, la construction de cinq maisons à Waskaganish et l’érection d’un centre de télécommunications à Chisasibi. Autant de projets qui amélioreront la qualité de vie de ces communautés tout en donnant du travail à leurs membres.

Dévorer les routes

Si, au Québec, on voit rarement CCDC en-dehors du territoire de la Baie-James, il en va tout autrement de Kepa Transport. Chaque jour depuis 1987, ses nombreux camions répartis sillonnent les routes du Québec et de l’Ontario pour acheminer vivres et autres marchandises.

«Nous possédons 54 camions et une centaine de remorques de divers types. La division Kepa dessert quotidiennement les communautés cries du Québec et tous les chantiers qu’on retrouve sur le territoire de la Baie-James. Nos deux autres divisions, Transport Jacques Legault et Eeyou Transport, offrent un service quotidien à travers le Québec et l’Ontario. La première en remorque réfrigérée, multi-température ou température contrôlée, la seconde en remorque ouverte ou B-train», explique Marie Bogelic, directrice générale de l’entreprise.

Kepa Transport appartient aux communautés cries de Chisasibi et Wemindji. Son centre de distribution et son bâtiment d’entretien mécanique sont toutefois situés à Val-d’Or. De plus, la majorité de ses employés ne sont pas autochtones. «Les Cris en tirent cependant des avantages indéniables grâce aux profits qui sont versés aux propriétaires chaque année. C’est de l’argent qui est réinvesti dans leurs communautés», fait valoir Mme Bogelic.

Sky is the limit

Difficile aussi d’évoquer le nord québécois sans parler d’Air Creebec. Fondée en 1979 avec l’objectif de favoriser le développement et l’autosuffisance des communautés cries, cette société aérienne basée à Val-d’Or avec un bureau secondaire à Timmins en Ontario offre des vols réguliers et nolisés, principalement entre l’Abitibi-Témiscamingue et les communautés cries de la Baie-James et de la baie d’Hudson, autant au Québec que du côté ontarien.

Au départ, Air Creebec était détenue à 51 % par les Cris et à 49 % par Austin Airways. En 1988, les Cris ont cependant racheté la participation de leur partenaire, réalisant du même coup la plus importante transaction commerciale jamais réalisée par une Première Nation au Canada. La compagnie est depuis passée de 30 employés à près de 300. La compagnie possède à présent 12 appareils dont la capacité varie de 8 à 46 passagers ainsi que deux avions cargo. Elle a aussi développé une expertise dans les urgences telles que les feux de forêt et les inondations.

Ces trois entreprises illustrent bien la volonté qu’ont les communautés cries de prendre en main leur développement.

Et avec les nombreux projets miniers qui pointent dans le secteur des monts Otish, il y a fort à parier qu’on entendra parler encore plus souvent d’elles dans les années à venir.

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