31
Mar

Les producteurs forestiers heureux malgré tout

Partager :
Auteur:  

Alors que l’industrie s’inquiète, tout comme les quincailliers, entrepreneurs en construction et rénovateurs, de la fulgurante augmentation des prix des matériaux en bois, la Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ) se dit satisfaite de l’annonce de la simplification de la mesure de remboursement de taxes foncières accordé aux producteurs forestiers dans le budget provincial 2021-2022.

En fait, depuis 1986, le gouvernement du Québec offre un remboursement des taxes foncières aux petits et grands producteurs forestiers qui réalisent des travaux d’aménagement forestier dans leurs boisés. Dans l’objectif de simplifier l’environnement d’affaires des producteurs forestiers, le gouvernement prévoit dorénavant de permettre l’obtention d’un remboursement de taxes foncières même si la valeur des travaux d’aménagement forestier de l’année est inférieure au montant des taxes foncières. Le montant du remboursement correspondra alors à 85 % de la valeur des travaux admissibles, jusqu’à concurrence de celle des taxes foncières.

Selon M. Pierre-Maurice Gagnon, président de la FPFQ, « il s’agit d’une amélioration significative puisqu’auparavant, le producteur forestier devait cumuler les dépenses admissibles équivalentes au niveau des taxes foncières avant que cette mesure ne se déclenche, occasionnant un fardeau administratif pour les producteurs forestiers ainsi qu’une utilisation sous-optimale de la mesure ».

Par ailleurs, la simplification éliminera également des formalités administratives pour les producteurs forestiers détenant plusieurs unités d’évaluation en leur permettant de faire une réclamation calculée sur l’ensemble de leurs unités au lieu du calcul actuel se faisant une unité à la fois.

Une compensation malgré que…

Maintenant, il reste à savoir si les producteurs forestiers œuvrant en forêt privée pourront aider à combler la rareté des matériaux tout en obtenant une situation lucrative. Car en cette période pandémique où les rénovations ont augmenté, créant ainsi un manque de matériaux, le prix des matériaux en bois s’est envolé, souvent même triplé!

Dans un communiqué du mois dernier, la FPFQ mentionnait que les producteurs forestiers œuvrant en forêt privée peuvent certainement combler en partie ce besoin, eux qui disposent toujours de plus de 2 millions de mètres cubes de bois rond à vendre. Toutefois, un fait demeure; la récolte de bois doit présenter une opportunité financière suffisamment lucrative pour rémunérer le travail du producteur et de ses sous-traitants.

M. Gagnon déclarait alors que « le prix offert pour le bois rond des producteurs n’a pas augmenté du tout dans la majorité des régions du Québec malgré la hausse fulgurante du prix des produits de construction en bois. Cela crée de l’insatisfaction chez plusieurs producteurs forestiers qui voient en contrepartie leurs coûts d’exploitation augmenter. »

La FPFQ avait souscrit à l’idée d’accroître la récolte de bois dans les forêts québécoises pourvu que les conditions de mise en marché des producteurs forestiers soient améliorées. À ce titre, il faut d’abord commencer par exploiter le potentiel des forêts privées du Québec et demeurer prudent avec la gestion des récoltes dans les forêts publiques afin de ne pas effriter les parts de marché des producteurs forestiers. Rappelons que le principe de résidualité, enchâssé dans la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier, accorde au bois des forêts privées un statut prioritaire sur celui des forêts publiques qualifié de résiduel.

« Il faut trouver des solutions pour rémunérer équitablement l’ensemble des acteurs de la filière si on désire exploiter tout le potentiel des forêts privées. Cela permettra d’accroître les volumes de bois produits puis transformés au Québec et ainsi pallier en partie à la pénurie de matériaux en bois qui se dessine », avait ajouté M. Gagnon.

Recherche de solution

Afin de trouver une solution, le Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ) a fait savoir au gouvernement la semaine dernière de pouvoir couper plus d’arbres afin de rééquilibrer la demande en détournant la loi actuelle qui impose un maximum de volume de bois que peut récolter l’industrie annuellement sur un territoire donné; ce à quoi le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, M. Pierre Dufour, s’est dit étonné, mais restait ouvert à l’idée, tout en continuant de surveiller la situation de très près.

Cependant, le gouvernement est clair en ce qui concerne d’interdire les exportations de bois à l’extérieur du pays pour desservir les Québécois, ce qui représente près de la moitié du marché. Tout comme il n’interviendra pas dans l’importation du bois de l’internationale.

En ce qui concerne une régularisation des prix du bois provenant des marchés étrangers avec le bois québécois, le ministre de l’Économie et de l’Innovation du Québec, M. Pierre Fitzgibbon, interrogé à ce propos lors d’une rencontre avec le Conseil du Patronat du Québec le 30 mars, était d’avis qu’une opération de ce genre serait beaucoup trop complexe et l’innovation risque de trouver des solutions à ce problème bien avant qu’une telle action gouvernementale. Peut-être y aura-t-il une annonce à cet effet bientôt?

Comme le dit le dicton, il est grand temps de toucher du bois afin de trouver une solution à ce problème de levée des prix et de rareté.

Source Source(2)

D’autres articles de la catégorie Bois et transformation pourraient vous intéresser

Lire notre plus récent magazine
Nos annonceurs