C’est du moins ce que soutient le président-directeur général de l’Association des fabricants de meubles du Québec (AFMQ), Jean-François Michaud doivent orienter leurs exportations vers l’Europe.
Dans la grande région de Montréal, les deux principaux manufacturiers Artopex et EL RAN éprouvent des problèmes depuis la hausse du dollar canadien face à la devise américaine, la concurrence asiatique et le ralentissement économique chez nos voisins du Sud.
Selon M. Michaud, un quatrième phénomène risque également de leur porter ombrage: celui d’un éventuel ralentissement au pays. «Depuis ces derniers mois, on sent un certain essoufflement, mais les économistes s’entendent pour dire que l’atterrissage sera moins abrupt que celui des États-Unis».
Montréal regroupe quelque 5 000 emplois de l’industrie du meuble au Québec, c’est-à-dire de 20% à 25%. Dernièrement, le président d’Artopex déclarait que le volume des ventes avait baissé de 20% au cours des derniers mois depuis le ralentissement du marché américain.
Spécialisé dans la fabrication de mobilier de bureau, Artopex veut personnaliser davantage ses produits pour se démarquer des Chinois. Dernièrement, l’entreprise a conçu un classeur avec une serrure électronique pour remplacer le modèle traditionnel à clé.
De plus, Artopex a investi 30M $ au cours des cinq dernières années pour moderniser ses usines à Granby et Montréal. L’objectif était d’acheter des équipements à la fine pointe de la technologie pour réduire les coûts de main-d’oeuvre et rentabiliser les opérations. Pour le président d’Artopex, Daniel Pelletier, cette décision fut la meilleure puisque ce virage crée des emplois du fait que la production va en augmentant.
Daniel Pelletier explique que les récents investissements de 2M $ seront très utiles à l’atelier de finition situé à Laval. La nouvelle technologie employée sera à base d’eau et remplacera les solvants. Elle servira à l’application de la peinture et des protecteurs sur les meubles de bureau haut de gamme.
En Amérique du Nord, Artopex est l’un des plus importants manufacturiers dans son secteur. L’entreprise est certifiée ISO 9002, ISO 9001-2000 et bientôt accréditée ISO 14001. À l’heure actuelle, Artopex travaille à rendre conforme ses installations en vue de s’intégrer au programme Customs-Trade Partnership Against Terrorism (C-TPAT). Ce programme améliore la sécurité et le passage à la frontière lors des échanges commerciaux entre les deux pays.
De son côté, EL RAN est le plus gros employeur sur l’Île de Montréal dans l’industrie du meuble. Située dans l’arrondissement Pointe-Claire, l’entreprise emploie 700 travailleurs et se spécialise dans la fabrication de mobilier inclinable. La superficie de son usine est de 235 000 pieds carrés et la direction a investi dans l’automatisation de ses équipements grâce à un système de fabrication cellulaire.
EL RAN conçoit, exécute des tests sur des prototypes et procède à l’assemblage final de ses fauteuils, causeuses et canapés inclinables. Ses marchés d’exportation sont le Canada, les États-Unis, l’Europe et le Japon.
Pour sortir de la concurrence asiatique et du ralentissement économique, l’AFMQ propose rien de moins que de développer le marché européen.
«Il faut que les manufacturiers diversifient leurs marchés. Dans la plupart des cas, nos fabricants exportent près de 50% de leurs produits aux États-Unis. Or, compte tenu du taux de change avec l’euro et d’une meilleure santé économique en Europe, nous disposons des atouts nécessaires pour trouver preneurs. Ceux qui peuvent se permettre d’investir là-bas devraient s’orienter en ce sens. Notre production s’est spécialisée depuis les dix dernières années, notre qualité s’est améliorée et notre capacité d’offrir un produit personnalisé et dans un délai très court sont des éléments qui jouent en notre faveur».
Toujours selon Jean-François Michaud, la production a baissé dans tous les sous-secteurs, exception faite des meubles de bureau.
«Plusieurs de nos 125 membres ont connu des baisses de leurs revenus de 25% et les efforts des derniers mois pour tenter de retrouver un point d’équilibre ont été d’effectuer des mises à pied. De plus, les détaillants nord-américains commencent à calculer leurs coûts d’importations et réalisent qu’il devient plus avantageux de faire affaires avec leurs fournisseurs locaux».
Dans la seule région de Montréal-Laval, l’industrie du meuble génère un chiffre d’affaires annuel d’environ ½ milliard de dollars.